Par Mohamed Madhkour.

Le fait de voter nécessairement. Un droit confisqué depuis une cinquantaine d’années et même plus, toute réflexion faite. Mais est-ce suffisant ?

Le désir de voter qui fait fantasmer, aujourd’hui, la majorité des Tunisiens, qui fait leur fierté, est-il suffisant ? Mais encore plus, le désir de voter pour une constituante, qui n’est pas plus claire dans ses mécanismes à l’heure actuelle, ne suffit pas pour motiver au moins 60% des Tunisiens, si nous supposons un taux de participation à l’occidentale ou à la démocrate.

A moins que le vote se résume à un référendum : Pour ou Contre la Démocratie, là la motivation des Tunisiens serait claire, il n’en reste pas moins, que je serais curieux du résultat obtenu par la démocratie. Mais les choses ne sont pas aussi facile, et il n’y aura pas de vote par étape, du genre : Pour ou Contre la Démocratie, puis Pour ou Contre la Démocratie participative, Démocratie parlementaire ou présidentialiste, Pour ou Contre la religion. Le vote sera nécessairement un mix de tout ça et encore plus.

Si le 24 Juillet, l’élection aura pour enjeu la constituante, est-ce que la motivation des électeurs sera le projet de constitution prôné par chaque parti démocrate ou par chaque représentant citoyen, si nous supposons une élection d’une assemblée constituante populaire ? Est-ce que cette question intéresse réellement des Tunisiens ou des membres de la majorité silencieuse ( J ) ?

En discutant de ce point avec des amis et proches, un nombre important d’entre eux se dit que c’est un débat qui intéresse peut être 5% des Tunisiens voir un tout petit peu plus, en tout cas la majorité convient que chaque personne ou parti qui se présentera pour représenter le peuple dans l’assemblée constituante devra nécessairement présenter son projet pour la Tunisie, son ambition qui inclût nécessairement ses politiques pour le chômage, l’économie, le social, la jeunesse et un peu de constituante.

Là est la véritable question, si le Tunisien a raté le vote pendant le pic de la période des idéologies, le pic de la question de l’islam et Etat, le pic du nationalisme, que reste-t-il à motiver le choix d’une couleur plutôt qu’une autre ?

Un grand ami qui se trouve être Un grand avocat me dit que les juristes et autres avocats sont tous à peu près d’accord sur la constituante, les partis eux-mêmes sont tous à peu près d’accord, sauf un, sur le type de régime à mettre en place (bon je ne compte par le parti Tahrir, qui n’est pas encore légalisé comme parti et qui prônerait éventuellement un état islamique et qui soit donc le seul à vouloir la fin de la république, à moins qu’il y ait un parti de royaliste ! Qui sait), que reste-t-il donc à partager les Tunisiens Silencieux ?

Je déteste le qualificatif d’Apolitique, car tout Tunisien qui se respecte a son mot à dire et je ne crois pas qu’un Tunisien ne voudrait pas dire son mot, mais je ne suis pas pour autant sûr que tous les Tunisiens iront voter, dans 5 mois.

Ceci rajoute une autre problématique, le projet qui sera prôné dans 5 mois, doit-il être bâti sur les appréhensions actuelles ou sur le projet futur. Quelles questions ! Doivent se dire quelques uns : Mais bien sûr que les gens voteront pour le futur, rappelez-vous les élections après Mai 68 !

En posant la question à des amis et proches, aujourd’hui, ou hier, sur les priorités, je suis désolé d’en décevoir quelques uns, la majorité priorise : la sécurité, la stabilité, l’Etat régalien, هيبة الدولة, n’est-ce pas des thématiques partisanes ? N’est-ce pas des thématiques réactionnaires ?

Le débat gauche, droite ennuie la majorité : c’est un débat importé, ça ne concerne pas la Tunisie, c’est un débat révolu ! C’est vrai que nous ne sommes plus dans le temps des dogmes et des idéologies mais il reste tout de même des thématiques de base : Révolutionnaire ou Conservateur, démocrate progressiste ou libéral orthodoxe, pour les libertés ou pour la primauté de l’État, Maghreb des peuples ou Maghreb des nations…. La vérité est nécessairement entre les deux, et je ne dis pas dans le milieu, ça ne veut absolument rien dire, le centre est nécessairement une conception relative !

Nous voyons bien comment quelque uns vont utiliser la peur pour gagner, c’est plus facile, comme nous voyons bien comment quelques uns utilisent des thématiques post-guerres qui rassurent : La Nation !
Choisir la facilité comme thématique est tellement tentant pour une majeure partie d’organisations qui se disent : ils ont accepté, avec un peu de déception, le premier gouvernement, ils ont accepté dans une relative majeure partie le deuxième gouvernement, ils ont accepté dans une nette majeure partie le troisième gouvernement avec à leur tête, une sorte de réincarnation du Bourguibisme éclairé (désolé c’est plus fort que moi) des premiers temps mettant la parole dans la rupture et l’action dans la modération du bon grain de l’ivraie : Que demande encore le peuple ! Doivent se dire quelques uns, Y-a-t-il à aller de l’avant encore plus en proposant plus de progrès social, économique, environnemental, religieux ? Seul le temps nous le dira.