Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

D’abord, il y a eu la déconstruction du symbole Bouazizi…Toutes sortes de manœuvres tendant à discréditer la personne post mortem. Pendant des semaines, on nous a seriné toutes sortes d’hypothèses, plus ou moins vérifiables, mais toutes destinées à ‘démystifier’ l’acte fondateur de la Révolution. Il n’était qu’un simple voyou qui passait son temps à se saouler, Fadia ne l’a jamais giflé, il l’aurait même insultée, voire agressée physiquement, il n’a jamais eu de diplôme universitaire et j’en passe. Mon propos ici n’est pas de discuter ou non la véracité ou non de ces supputations, cela me paraît être une tâche impossible vu que le principal concerné n’est plus de ce monde. Je constate simplement qu’il y a eu une certaine dose d’acharnement pour vider le ‘mythe fondateur’ de la Révolution de sa substance. J’utilise le mot ‘mythe fondateur’ sans aucune connotation péjorative, mais bien au contraire dans un sens positif de ‘charge symbolique’ qui donne à un évènement historique toute sa portée. A l’instar du mythe fondateur de la Reine Didon qui fonde Carthage avec une peau de vache…

Plus récemment, avec le feuilleton à rebondissements Tarhouni (alias le Rambo des Ninjas pour les intimes) on assite à un énième épisode où certains tentent de minimiser le rôle du Peuple Tunisien dans l’élan révolutionnaire. On avait avant entendu la même rengaine auparavant mais avec d’autres variantes (Coup d’Etat, Général Ammar, USA etc…) Bref, tout le monde aurait influé sur le cours des évènements, sauf les Tunisiens eux-mêmes !

En apparence, ces deux éléments ne semblent pas être liés…Mais si on replace les choses dans leur contexte (retour en forces réactionnaires, manipulation médiatique, Justice digne d’une république bananière etc…) on en arrive à se demander si les deux ne participent pas d’une même tactique…Une guerre psychologique insidieuse pour faire croire au bon peuple qu’en fin de compte, il n’a été qu’un pion sur l’échiquier de la Révolution, que les jeux étaient faits à l’avance et que tout a été décidé ailleurs (bureau du Général Ammar, la tête de Tarhouni ou encore la Maison Blanche !) …avec pour objectif ultime celui de démobiliser l’élan populaire, faire perdre aux Tunisiens leur confiance en eux-mêmes (ce peuple qui a montré le 14 janvier et dans les semaines qui ont suivi qu’il était capable de courage et de grandeur en boutant de dictateur dehors et en défendant les quartiers contre les criminels se serait transformé soudainement en une bande de vandales opportunistes immatures pour la démocratie et qui ne cherchent qu’à défendre leurs petits intérêts mesquins et égoïstes sans égard pour la patrie !) Le fait que l’union sacrée qui a rendu possible l’épopée du 14 janvier ait cédé la place à la zizanie ambiante (on a l’accusation facile par les temps qui courent : faites un test sur facebook et regardez combien de fois vous tombez sur des adjectifs du genre ‘jusqu’au-boutiste’, ‘salafiste’, ‘intolérant’, ‘fanatique’ … Il suffit que deux personnes ne soient pas du même avis sur un sujet pour qu’ils se mettent à se traiter mutuellement de tous les noms d’oiseaux. Nul ne doute que certains facteurs ont facilité la fuite du dictateur (contexte international et autres) et ont joué un rôle de catalyseur dans le cours de évènements, mais de là à déposséder le Grand Peuple de Tunisie (sans vouloir tomber dans l’emphase, pour moi un peuple qui a déclenché un mouvement source d’inspiration pour tout le monde arabe ne peut qu’être Grand), il y a une évidente mauvaise foi qui cache des desseins inavouables…

Restons unis et solidaires, ne perdons pas le nord et n’oublions jamais le vers de notre illustre poète Chebbi sur la volonté du peuple, tout le reste n’est que littérature. S’ils veulent continuer à faire dans le sensationnel et la diversion, ils devraient garder à l’esprit qu’il y a dans ce pays un peuple qui tient à mener à bien son projet révolutionnaire et pleinement réussir sa transition vers la liberté et la dignité.

A bon entendeur salut !