Par Jalila Klout.
Le marketing politique des écoles états-uniennes de la « démocratie », Anonymous, NED et Freedom House, et autres officines-paravents de l’administration fédérale, propose au peuple tunisien et à sa jeunesse une centaine de partis dont la moitié provient du RCD.
Avant et après le 14 Janvier, les partis de la dictature sont allés mendier leur acceptation et faire leur allégeance à Washington, Londres et Paris et auprès de l’internationale socialiste, déconsidérés par des dizaines d’années de complicités avec Bourguiba, Ben Ali et des groupes d’influence étrangers.
Pour ces trois capitales, il faut comprendre ici le système politico-militaire de l’Otan allié aux monarchies arabes, le peuple n’a d’autre choix qu’accepter de se soumettre aux bienfaits du libéralisme sauvage et à la politique de normalisation avec l’entité sioniste.
Depuis déjà plusieurs années, l’on assiste à cette alliance stratégique et effective entre les évangélistes fondamentalistes américains et leurs disciples européens, les élites dominantes dans le monde arabe et musulman et le mouvement sioniste international, pour la sauvegarde de leurs intérêts économiques communs, leurs pouvoirs et la mise en place de leur projet de la gouvernance du monde par la terreur militaire, économique et idéologique.
La classe politique tunisienne actuelle n’a pas de projet de société que celui de persister dans les schémas de développement importés alors que la Tunisie a connu depuis 1956 deux « modèles de développement », une collectivisation dictatoriale et un capitalisme sauvage, qui ont mené le pays à l’Intifada populaire du 17 décembre 2010.
La plus part des partis, anciens et quelques nouveaux, ne s’agitent que pour être « accepter par l’Occident ». Les priorités et les revendications à court, moyen et long terme ont été écartées pour ne se préoccuper que de la place de l’islam dans la société, de la laïcité, de l’identité nationale, répondant ainsi aux forces idéologiques étrangères qui les portent et qui poussent à la division et la mise à la marge de la très grande majorité du peuple.
L’élection de représentants à l’Assemblée Constituante le 23 Octobre 2011 pourrait alors clôturer l’entreprise de vol et d’avortement de la volonté du peuple pour son auto-détermination et sa souveraineté. Cette opération se réalise par un personnel politique, économique et intellectuel profondément impliqué avec le régime de Ben Ali et les partenaires tunisiens des lobbies étrangers.
C’est grâce à ces démocrates, modernistes, progressistes et droits-de-l’hommistes, que le RCD va se trouver enfin légitimer par cette élection et remporter, peut être, la majorité des sièges à l’Assemblée. Leur haine du courant islamiste les pousse ainsi à trahir les aspirations du peuple. L’ennemi d’hier est devenu l’allié et l’ami d’aujourd’hui, contre le peuple.
Aux yeux des jeunes, et c’est tout à fait naturel, ce personnel politique n’a que des solutions opposées à leurs besoins sociaux et culturels d’aujourd’hui et de demain, il a fait son temps et il est caduque.
Aux tunisiens immigrés, dont la plupart sont de condition économique et sociale modeste, plusieurs listes de partis politiques, et d’associations prétendument de « l’immigration » financées par les Etats et les fonds européens, comportent des candidats connus pour leurs nombreuses compromissions et d’autres pour être des fonctionnaires en exercice. Les immigrés doutent que ces candidats puissent sérieusement défendre les intérêts du peuple tunisien avant ceux de leur seconde patrie, notamment la France coloniale.
Quelle confiance peuvent-ils avoir envers ceux qui appuient la politique d’ingérence étrangère dans les affaires du peuple tunisien et d’autres peuples arabes et quand ils se proclament « arabes en France et français en Tunisie » et qu’ils promeuvent le libéralisme économique à la DSK et BHL contre lequel la jeunesse tunisienne s’est révoltée.
Aucune de ces listes n’est dirigée par un ouvrier immigré, un chômeur ou un retraité, comme si en France il n’y a que des intellectuels, des cadres, des universitaires et des professions libérales. Cela s’appelle du racisme économique, social et culturel. Le même racisme que la société française applique aux arabes, aux africains et aux musulmans des quartiers populaires.
Les candidats et candidates de ces listes ne se placent nullement dans le sens de la volonté du peuple qui continue sa lutte pour la justice, la liberté, la dignité nationale et l’indépendance, contre les mensonges, les supercheries, les falsifications et les fausses solutions. Le peuple sait qu’il est méprisé par cette classe d’arrivistes et de compromis avec les destouriens et les officines étrangères.
Toute cette élite a bénéficié du système de corruption de ben Ali. C’est une des raisons pour laquelle il n’accepte pas une « réconciliation nationale » tant que les bourreaux et les criminels politiques et économiques sont toujours libres et détiennent encore les postes-clés dans toutes les entreprises nationales, les administrations et les ministères.
La tromperie de la « démocratie » continue par le canal des médias et des moyens financiers douteux. Des chefs d’entreprise et des hommes d’affaires qui ont soutenu et financé auparavant Ben Ali et le RCD, financent aujourd’hui les partis qui étaient supposés « d’opposition démocrate et progressiste » ou « opposants laïcs ».
Quelque soient les résultats de l’élection à l’Assemblée Constituante, la configuration politique risque de perpétuer et d’approfondir encore plus le fossé entre la « nouvelle classe politique » et le peuple. Celle-ci n’hésitera pas, de par sa « légitimité » et sa « légalité » nouvelles, à réprimer toute velléité de contestation et de révolte populaire.
La société tunisienne, comme les autres sociétés arabes, restera victime de la domination colonialiste et impérialiste aussi longtemps que ses élites n’auront pas cessé d’entretenir des rapports de dépendance idéologique, politique, culturelle, financière, etc …, avec l’Occident.
Ces élites aliénées aux cultures judéo-chrétiennes et colonialistes sont promptes à exhiber Montesquieu, Jules Ferry, Marx, Lénine, Mao, Trotsky, Althusser, Bourdieu, Keynes, Friedman, Huttington, Brezinski ou Kissinger. Mais ils ne font jamais référence à ceux que leur peuple comprend tels Ibn Khaldoun, Abdelkrim El Khattabi, Frantz Fanon, Farhat Hached, Mehdi Ben Barka, Che Guevara, Ali Shariati, Mohamed Bakr Al Sadr, Ali Abderrazek, Abdelwaheb Al Messiri, Mounir Chafik, Hassan Nasrallah, Alain Badiou ou Enrique Dussel.
La libération nationale et sociale ne pourrait être atteinte que par une renaissance civilisationnelle de la société en conciliant une interprétation de la croyance et de la foi avec une pensée socio-politique moderne, loin de l’opposition abstraite de la raison et de la foi d’une part, et d’une religiosité de renonciation qu’elle soit superficielle, exclusive ou d’importation wahabite et sudaïri d’autre part.
Comme le pouvoir politique allié à l’impérialisme et au colonialisme s’acharne à empêcher par tous les moyens cette renaissance, l’option révolutionnaire s’impose comme une nécessité politique, culturelle et économique.
Les patriotes, les progressistes, les travailleurs, les défavorisés et tous ceux et toutes celles qui ont intérêt à la transformation de la société, n’ont qu’un seul choix, celui de se rassembler et continuer la lutte pour la réalisation des objectifs de l’Intifada afin d’établir la démocratie du peuple.
Le processus révolutionnaire sera long, avec des avancées et des reculs. Le peuple tunisien a montré à maintes reprises qu’il a assimilé et intégré la culture de résistance à sa vision de son propre projet de société. Il lui reste maintenant à construire son propre front politique débarrassé des idéologies et de modèles d’importation et des hypocrites.
L’union des forces donnera les moyens d’imposer l’alternative politique véritable d’un nouveau mode de développement, d’une nouvelle constitution, d’une nouvelle république et d’une nouvelle administration épurée et assainie, en finir avec l’héritage politique colonial et avec l’Etat tunisien issu de la décolonisation de 1956 qui a reproduit jusqu’à nos jours les logiques coloniales de contrôle politique de la population, pour construire l’Etat civil et démocratique moderne.
L’Intifada a annoncé une perspective de libération, d’autodétermination du peuple et de progrès humain. Elle replace l’être humain avec sa spiritualité au fondement de l’existence sociale et politique.
Bonjour,
Je vous conseille de lire Mohamed Mouaqit « Du despotisme à la démocratie » et justement Le Livre des exemples de Ibn Khaldûn.
Salutations,
Cet article sent l’altermondialisme à plein nez mais cela n’est pas pour me déplaire, bien au contraire !
On verra bien les résultats après le 23/10/2011. Une bonne partie des tunisiens pour ne pas dire la majorité votera pour le parti de la renaissance “Enahdha” (tous ceux qui se sont penchés sur la question le disent). Si ses résultats après le scrutin sont médiocres, les tunisiens seront dans les rues, sans nuls doutes !
Avec mes salutations.
La sémantique a ceci de magnifique que l’on peut qualifier un parti comme “Enahdha” de parti de la renaissance et ce en toute bonne foi !
On pourrait dire la même chose des autres partis “progressistes”, “modernistes” ou “démocrates”. Ils veulent une société de vices, d’exhibitionnisme (1) et d’hypocrisie.
Aucune retenue, tout dans l’excès !
(1) = 1. Fait de raconter des faits intimes, des sentiments etc… / 2. Qui recherche à tout prix, l’attention. / 3. Qui fait preuve de peu de retenue. / 4. Complaisance à montrer des comportements généralement considérés comme intimes ou secrets.
Cette contribution ne fait pas la promotion de l’altermondialisme qui est un avatar de la socia-démocratie. L’altermondialisme ne remet pas en cause le capitalisme. Avec le commerce équitable et l’économie solidaire à la José Bové, qui a appellé à voter Ségolène Royal en 2007, les petits paysans producteurs d’Amérique du Sud, d’Afrique, d’Asie ou de Tunisie peuvent toujours attendre le Grand Soir.
Même les multinationales agro-industrielles se sont mises au commerce équitable.
D’autre part, un charter entier, rempli d’amis tunisiens de José Bové, à débarqué à Tunis en Février ou en Mars 2011, pour proposer des projets et des emplois. Personne n’a été dupe à Kasserine, Sidi Bouzid, Thala.
Ces projets étaient financés par l’Europe avec achat ou location de fermes de l’Etat. C’est à dire que les tunisiens vont continuer à produire pour les besoins des européens et non pour les tunisiens. Ceci rappelle la loi 72, qu’il faudra bien abroger.
Salutations,
C’est rare qu’un contributeur participe dans les commentaires. Depuis que je suis sur Nawaat, c’est bien la première fois. Il faut avoir le courage et les idées pour défendre ses propos, c’est tout à votre honneur Jalila Klout.
Quand je parlais de l’altermondialisme, je ne faisais pas référence à la partie visible médiatiquement parlant en France notamment. Je pensais plutôt à ces hommes et ces femmes qui se battent pour la dignité humaine, ceux et celles qui quittent leur confort pour des lieux reculés, dont personne ne parle et qui manquent de tout.
Mais voilà…, que pouvais-je dire d’autre à part altermondialisme ? Y’a-t-il un nom pour désigner cet altruisme et soif d’équité ?
Pour ma part, je connais l’Islam qui répond à l’ensemble des problèmes que nous connaissons mais les Hommes font ce qu’ils veulent après, musulmans ou non. Aucune humilité, modestie, un narcissisme exacerbé qui le pousse parfois à se comparer à Dieu…
Sincères salutations.
Voici une contribution modeste en rapport à Frantz Fanon,
Merci pour votre article:
http://demizirkulu.wordpress.com/2011/08/19/64/
la constituante ne va pas avorter la volonte du peuple mais au contraire l appliquer puisqu elle est elue par le peuple comme son representant.
La these des complots universels est completement eculee,les tunisiens savent ce qu ils veulent,si ca ne marche pas ,ils descendent dans la rue.Personne ne leur imposera rien.ils sont devenus un exemple suivi par tous les indignes de la planete.L exemple tunisien n a pas fini d ebranler la planete.Apres la syrie ce sera l iran et israel,et pourquoi pas la france ou lemigration n a pas trouve de solution
@faiie
Vous êtes bien naïf(ou naïve)pour croire que l’Occident laissera tranquillement les tunisiens décider de leur destinée : les enjeux géo-politiques sont trop importants (pour lui) et ce qui se passe actuellement sur la scène politique tunisienne (les guerres intestines entre les partis qui divisent les tunisiens , l’intérêt exagéré accordé au superflu alors que l’essentiel est passé sous silence…)n’est pas du tout rassurant .
De plus , les tunisiens n’ont pas une assez grande mâturité politique (ils n’ont connu que la dictature )pour avoir du recul par rapport aux manipulations de tous bords et qui ne vont pas dans l’intérêt de la Nation .
Pour ma part j’adhère complètement à l’analyse de Jalila Klout et depuis assez longtemps j’essaie de mettre les personnes que je croise en garde : aucun des partis qui se présentent aux élections pour la constituante ne représentent la volonté réelle du peuple et pour certains on peut même entrevoir le culte de la personnalité que nous avons dû supporter pendant des décennies !
Désolée pour la faute d’orthographe sur le pseudo fabiie !
RETRIEVEL says
@l’auteur
CONTINUER LA REVOLUTION
OUBIEN :
OUBLIER LES RCDst
OUBLIER LES ISLAMITES
OUBLIER L’OPPOSITION
OUBLIER TOOUSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSSS
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§ 1- NOUVEAU DEPART
§ 2- ORGANISEZ VOUS :’ECONOMIQIE MEME PAR 5 EUR FAITE VOTRE SYSTEME BANCAIRE ( SI L’ARGENT DERIGE LE MONDE ).FOND NATIONAL POUR LA LIBERTE’.
Je vous remercie Madame/Mademoiselle pour cet article eclairant, plein de sagesse. Les Tunisiens ont interet a reflechir a l’avenir de leur pays, sans calculs de “boutique”. Les Tunisiens, notamment ceux qui vibrent au diapason du modernisme ephemere, ont interet a mediter le socle de l’Histoire de la Tunisie, qui est le resultat d’un empilement de couches culturelles et civilasionnelles, dont celle qui domine a la surface est la couche Arabo-Musulmane! Les autres couches sont tres importantes, mais elles doivent etre reconciliees avec celle qui prevaut depuis 15 siecles. Sinon un mouvement tectonique risque de se produire et emporter tout le monde!
A part les prévisions apocalyptiques, je trouve très intéressant le débat sur cette page. Ce que j’apprécie en particulier c’est l’originalité des idées exposées dans l’article de Jalila Klout d’abord puis reprises dans les commentaires. Il est vrai qu’il y a actuellement une domestication de la révolution tunisienne, les principaux acteurs en sont certainement quelques ambassades occidentales.
Le problème c’est que personne ne propose d’alternative aux modèles économique, politique et culturel critiqués.
Personnellement, je ne vois pas mieux qu’une démocratie sociale où le minimum de dignité (santé, éducation, nourriture, logement, culture) serait garanti à tous les citoyens par l’Etat (un Etat qui a les moyens) et qu’ensuite la libre entreprise fleurisse si elle veut. Je pense en particulier au modèle suédois et hollandais.
Peut-être…
Pour éviter ce qui est perçu comme l’ingérence étrangère dans votre démocratie naissante essayez de l’assoir sur une réelle démocratie de proximité. Mettez en place par le le referendum populaire le contrôle des dérive des politique de leur pouvoir et des tendances a les cumules et les confisquer. Cela protégera par la même des excès du religieux.
A Mr. Abou-Hakim El Omrani
Pour un pays en voie de développement, ici il faut en finir avec les mensonges des supporters de Ben Ali qui dominent toujours la scène politique et médiatique car si Ben Ali a fui le système est resté et deviendra encore plus puissant qu’avant le 14 Janvier, la future Constitution devra instituer la démocratie sociale. Pour ce faire, ceux qui ont intérêt à la rupture, devront imposer la souveraineté économique (finance, banques et assurances), secteurs sous le contrôle du peuple, avec des vetos.
D’une manière générale, c’est la nationalisation des secteurs stratégiques (eau, médicaments, santé, éducation, sidérurgie, ciments, espace, communications, télécommunications, nucléaire, armements, transports, agriculture, distribution…).
Il est donc nécessaire de repenser le code du travail, les conventions collectives, restructurer les secteurs et les administrations et ministères de tutelle, pour que les travailleurs et les salariés à travers leurs syndicats, les associations d’usagers et de défense des consommateurs, puissent être présents dans les conseils d’administration de ces entreprises et administrations, avec voix de décision.
Il est aussi important de revoir les critères de calcul des coûts de production, des coûts industriels et des prix de vente.
Tout ce qui se produit ou se transforme en Tunisie doit d’abord bénéficier aux tunisiens, cela veut dire aussi, qu’il faut négocier les accords commerciaux avec le reste du monde.
Il faut aussi repenser le découpage administratif des régions,
oû on doit voir les conseils régionaux totalement élus, de même que le gouverneur. L’administration doit être au service de la population. Le peuple n’admet plus la dictature de l’administration.
Voici quelques idées que l’on peut affiner. On pourra aborder la souveraité diplomatique et politique, la souveraineté scientifique et technologique, la souveraineté alimentaire, la sécurité nationale, la solidarité et l’unité avec les autres peuples arabes.
A votre service
[…] BHL. His name appears frequently in independent Tunisian media, consistently associated with «extreme liberalism and the politics of normalization with the Zionist entity.» An entry for Levy on Wikipedia features an extensive section on criticisms regarding his work, […]