Avec le problème majeur des diplômés en chômage en Tunisie, il est impératif d’entrevoir une solution innovante tout en ne se voilant pas la face devant la réalité des faits.
Quelle est d’abord cette réalité? C’est, assurément, la valeur médiocre des diplômes obtenus, la formation et le niveau que leurs titulaires sont censés avoir ne correspondant pas au minimum académique normalement requis. D’où une plus grande difficulté d’accès au marché du travail s’ajoutant à la déconnexion des formations reçues avec le monde économique.
Quelle pourrait être la solution innovante? Elle réside dans la réponse à la question de savoir comment réhabiliter les diplômes dévalorisés des chômeurs actuels et surtout futurs tout en leur garantissant un débouché; et cela ne pourra advenir que par une validation des acquis et des expériences dans le cadre d’un rapport étroit avec les acteurs économiques !
Or, une solution pourrait être d’envisager la création d’un diplôme supérieur professionnel sanctionnant une formation universitaire s’étendant sur trois ans, sanctionnée la première et la deuxième année par la délivrance d’un diplôme universitaire (DU) et la troisième et dernière année par un diplôme doctoral professionnel.
La particularité d’un tel doctorat professionnel sera son ambition de former des responsables d’études de haut niveau travaillant sur des sujets scientifiques divers et variés, mais dans le cadre de partenariats avec des entreprises nationales et surtout internationales, couplant ainsi la formation académique avec le financement privé et son prolongement nécessaire qui est la garantie d’un débouché après le diplôme au sein des entreprises avec lesquelles le doctorant aura passé trois ans entre études et formation.
Ainsi, du coup, le diplômé tunisien avec son maigre bagage initial réussira, dans le cadre de ce doctorat, à améliorer ses connaissances et sa formation tout en étant utile et en préparant un diplôme final (le doctorat professionnel) financé par le privé où il sera assuré d’un débouché final grâce à son travail aussi bien pratique et de terrain que théorique et académique avec sa thèse finale qui pourrait être constituée des mémoires des deux premières années dont les thématiques auront été élargies et affinées.
Un autre avantage non indéniable de pareil doctorat sera de prévoir tout au long de sa durée normale de trois ans la délivrance annuelle d’un diplôme universitaire pour les étudiants ne pouvant aller au bout de leur cursus, ce qui leur permettra de disposer d’un titre universitaire : le DU (Diplôme universitaire) valant quelque poids sur le marché du travail.
Ce doctorat professionnel serait à lancer notamment dans les secteurs trouvant peu de débouchés dans la vie active, comme en sciences sociales. Il s’adresserait à un public large et diversifié fait de sociologues, économistes, gestionnaires, historiens, mais aussi à des étudiants tentés de devenir des professionnels d’études ou chimistes…
Par ailleurs, et ce sera un autre avantage d’un pareil diplôme, il aboutira nécessairement à décloisonner les disciplines et à créer des échanges entre les doctorants et les acteurs socio-économiques.
Avec pareil diplôme se réalisera de façon plus harmonieuse l’insertion professionnelle des diplômés dont on aura valorisé les compétences durant les trois années d’études doctorales moyennant des missions d’enquêtes de terrain et de recherches dont ils auront eu la charge outre l’acquisition d’expérience au cours de ces missions. Et tout cela en plus du contact étroit qu’ils auront tout au long de leur cursus avec le monde économique à travers les entreprises avec lesquelles ils travaillent et qui financent leurs études et leurs travaux scientifiques dont elles profitent pour leur propre politique économique et/ou commerciale.
Autrement dit, ce diplôme sera une formation professionnelle par la recherche, celle-ci se faisant à la demande d’entreprises nationales et surtout internationales dans des secteurs divers et permettant aux étudiants la valorisation de la méthode acquise en milieu universitaire au-delà des connaissances théoriques, aboutissant à une véritable formation à la professionnalité.
Une pareille formation universitaire professionnelle reste encore une originalité dans le monde. En France, par exemple, le premier doctorat de ce type n’a été créé qu’en 2007 à l’initiative d’un anthropologue autodidacte, Dominique Desjeux, actuellement professeur d’anthropologie sociale et culturelle en Sorbonne. Et cette formation doctorale professionnelle en sciences sociales dispensée à l’université Paris-Descartes reste encore unique en son genre même si elle semble rencontrer un réel succès au point qu’une seconde formation est en cours de création avec le concours du CNAM.
La formation telle qu’elle est dispensée actuellement a pour but de former non pas des sociologues purs, mais des professionnels avec une compétence en sciences humaines. Son succès vient de la valeur à l’international du diplôme délivré et de sa différenciation nette des formations classiques Bac + 5. Mais sa véritable valeur vient de l’engouement de plus en plus notable des grandes entreprises françaises qui y trouvent un vivier de compétences universitaires qu’elles rémunèrent dans le cadre de leur politique de recherche et de développement notamment pour des études à l’international.
Or, pourquoi ne pas attirer ces entreprises comme Auchan, Bouygues Telecom, L’Oréal, Leroy Merlin, Orange, Vivendi, et d’autres qui travaillent déjà dans le cadre de ce doctoral professionnel français dans les domaines de recherche suivants moyennant des interventions, enquêtes et cours en France, en Europe, aux USA, en Chine et en Afrique Noire : anthropologie de la décision dans les organisations et la vie quotidienne.
Parmi les secteurs qui pourraient sans aucun doute les attirer pour une formation de ce genre à créer en Tunisie, il est possible de dénombrer les applications suivantes : anthropologie de la consommation, ethno-marketing — anthropologie de l’interculturel — Sociologie des organisations et de l’innovation — Projets de développement ruraux et urbains — architecture et urbanisme — Évaluations (recherche scientifique, organisations).
Cher Farhat, un petit bonjour d’abord. Je t’avoue que jusqu’ici je lisais tes contributions sur nawaat avec intérêt et plaisir (ta dernière consacrée à la problématique de la Démocratie en est un bel exemple). Mais pourquoi diable tu t’es saisi ici d’un sujet que tu sembles visiblement loin de maîtriser ! Déjà que les diplômes tunisiens sont largement obsolètes (j’ai eu l’occasion d’en dire deux mots dans l’un de mes articles parus ici même); et voilà que maintenant tu veux nous rajouter un doctorat au rabais (rien que ça!) qui serait faite, je ne sais dans quelle entreprise et sous la direction de qui, en l’espace seulement de 3 ans?
Cher Farhat, je suis moi-même docteur en Microbiologie. Mon doctorat s’est faite sur dix ans après le Bac. Cinq années d’études dans ce qui est considéré comme la meilleure université française (Paris VI), poursuivie par cinq années de recherches au CNRS (Centre National de Recherche Scientifique), et sans compter les années post-doctorales passées à l’Institut Max-Planck de Munich (Allemagne). Résultat: Je suis toujours à la recherche de travail en Tunisie…
La problématique de la formation universitaire en Tunisie est autrement plus préoccupante. En est en premier responsable la politique de propagande mise en oeuvre par l’ancien régime. Cela a commencé par la dévaluation dramatique du baccalauréat, et s’est poursuivi par l’instauration à tout-va de formations universitaires plus qu’approximatives -dispensés par des professeurs dont beaucoup (je me garde de généraliser !) étaient recrutés de manière irrégulière (!), et dont la formation elle-même pouvait être mise en cause! (Fakidou Achayi La You3tih !)… Cela fait que l’on se retrouve à l’arrivée avec des diplômés d’université qui sont incapables d’écrire deux lignes d’une lettre de motivation, ou encore avec des dits ingénieurs en Electrotechniques qui ne savent toujours pas comment fonctionne un transistor (et c’est l’un de ces ingénieurs lui-même tout juste diplômé qui me l’a appris !)
Cher Farhat, je ne suis aucunement spécialiste de ces questions-là; mais sans doute faudrait-il revoir tout ça en profondeur pour d’abord essayer de mieux cibler les besoins de notre cher pays, et adapter alors les formations en conséquence… Cela ne se réglera en tout cas certainement pas en rajoutant des diplômes au rabais à la longue liste déjà existante…
Ne vous inquiétez pas, Francofob que sévit régulièrement sur ce site aura la solution!
Bonjour,
Votre réponse est sans doute pertinente pour l’avenir, mais je crois que la proposition de l’auteur est avant tout une tentative de réponse immédiate à un problème de société. Moi aussi elle m’a laissé dubitatif, mais je crois que l’auteur a raison “d’essayer” de trouver des solutions.
D’autant plus que votre exemple prouve le contraire de votre démonstration, a moins que vous pensiez que si vous ne trouvez pas de travail c’est parce que votre diplôme obtenu dans “ce qui est considéré comme la meilleure université française” n’a pas de valeur.
1. Créer un nouveau diplôme ne peut être, en soi, la solution du problème du chômage des diplômés. Le problème est d’abord celui de l’activité économique, ensuite celui de l’adaptation des formations aux besoins des entreprises et enfin celui du niveau des diplômés.
2. Si l’activité économique est insuffisante, globalement ou dans un secteur précis, alors la qualité des formations et celle des diplômés ne servent à rien (ou presque) : les jeunes se retrouvent au chômage ou sont obligés de se reconvertir. A titre d’exemple, la France a toujours formé d’excellents ingénieurs chimistes mais à la fin des années 90 les secteurs pouvant embaucher ce genre de profil se portaient mal. Conséquence : les jeunes chimistes se retrouvaient au chomage puis suivaient des formations en informatique pour être embauchés par les sociétés de ce secteur qui à l’époque se portait merveilleusement bien.
3. En Tunisie, le problème est d’abord celui-là : l’activité économique n’est pas suffisante pour offrir du travail aux diplômés, qu’ils soient du niveau L (Bac+3) ou M (Bac+5). Le problème du chômage des diplômés du niveau D (les docteurs) doit-être moins difficile à résoudre : étant moins nombreux et destinés de par leur formation à la recherche et à l’enseignement, leur premier employeur se trouve être l’état puisque les établissements d’enseignement supérieur et les organismes de recherche sont en grande majorité publics, ce qui n’exclut pas la nécessité du développement de l’enseignement supérieur privé et de la recherche (surtout appliquée) au sein des entreprises.
4. Tous les gens qui suivent de près ou de loin l’enseignement supérieur en Tunisie, savent qu’il y a une baisse de niveau particulièrement inquiétante. Nous savons tous que ce problème sera long et difficile à résoudre et qu’il faudra surtout “tout revoir à la base”, c’est-à-dire au niveau de l’école primaire, du collège et du lycée.
5. Revenons à la proposition de l’auteur et reposons la question : la solution au problème des diplômés-chômeurs passe-t-elle, ne serait-ce qu’en partie, par la création de ce nouveau doctorat ? Nous ne le croyons pas, et ce pour deux raisons .
6. D’abord , parce qu’au niveau D, le doctorat actuel est suffisant. Même si en général, c’est un travail de recherche fondamentale, universitaire, qui en fait l’objet, rien n’empêche les entreprises d’accueillir des thésards pour leur faire faire un travail de recherche plus immédiatement exploitable. Voici pour l’aspect professionnalisant du doctorat.
7. Ensuite, parce que l’essentiel se joue non pas au niveau D, mais bien aux niveaux M et L. Ces deux niveaux sont susceptibles de couvrir la quasi-totalité des besoins des entreprises. Le tout est que, répétons le, ces dernières soient suffisamment en bonne santé pour pouvoir embaucher.
@ mr othman
je suis desolee je n arrive decidement pas a adheree a vos articles.
le pire, je viens de decouvrir qu apparament vous auriez ecrit
.guerrir l alzheimer . ????