Les événements de Siliana ont touché le fond du paradoxe de la Tunisie postrévolutionnaire. Certes ce mouvement protestataire contre la pauvreté et la quasi absence d’une claire politique du développement régionale ne peut être qualifié de spontané car il n’est pas né de rien, subitement, sans que personne n’ait pu s’y attendre. Siliana est sorti de sa léthargie, après des décennies de Statu quo, de résignation apparente et de silence. Quelques milliers de femmes et d’hommes sont descendus dans la rue, à l’appel de leurs consciences, pour exprimer leurs colères contre le rythme de la réhabilitation économique de leur région.
En effet, dans les pays du « printemps arabes » et notamment dans la Tunisie postrévolutionnaire, les formes juridico-institutionnels de l’État sont appelés à procéder à des adaptations périodiques et à mettre à jour ses priorités en matières de promotion économiques dans les régions. Dès lors, la mise en place des procédures de régulation, afin de créer les conditions permissives de développement sont devenues la priorité des priorités. L’importance de l’adaptation d’une nouvelle dynamique du développement socio-économique semble nécessaire selon notre contexte. Dans cette optique, le rééquilibrage de l’architecture économique et ses modalités implique une révision de la démarche analytique mise en place à travers une approche pluridisciplinaire. Les immenses progrès accomplis en matière de recherches scientifiques, les percées inouïes et les trésors de connaissance accumulés sur la Tunisie du fond intérieur pouvaient aider pour un meilleur diagnostic de la situation. À ce niveau, l’action de repérer et d’expliquer est importante mais l’État doit parachever la constitution de son appareil économique. Il s’agit de faire en sorte, que le développement recherché profite à toutes les régions de la Tunisie et à toutes les couches sociales. Ainsi la société prônée par cette nouvelle stratégie socio-économique permet de garantir une forte « median society » qui aidera à accélérer le dynamisme économique et de conjuguer une nouvelle conception de la décentralisation des décisions politiques et une planification du relance de l’investissement.
Assurément, l’omission du facteur de l’espace dans l’analyse du développement semble capitale pour mieux appréhender les besoins de chaque région. La connaissance des problèmes et la rectification des interventions spacio-économique rend le travail sur le terrain plus opérant. Suivant cette logique, il est nécessaire de définir, au préalable et pour chaque région, une stratégie propre. Cet effort ne peut aboutir sans mettre en relief les grandes thématiques comme la nature du principe de l’action économique au niveau des différentes régions, la coordination des plans du développement régionaux avec le plan national et surtout à travers l’identification des spécificités de chaque région à part suivant une étude des structures naturelles, humaines et patrimoniales. Les données géographiques des différentes régions, leurs positions par rapport au marché national et international, leurs ressources agricoles et leurs héritages historiques, toutes ses informations sont nécessaires pour une meilleure gestion. Toutes ces données définies les conditions de l’évolution de l’ensemble de l’espace et aide à faire apparaître certaines lacunes, parfois structurelles, visibles ou non visibles.
Les plans de développements qui procéderaient de haut vers le bas risque d’être inappropriés, peu efficaces et difficilement applicables. Face aux grandes mutations des réalités régionales et à l’exigence d’actions spécifiques, la mise à jour des plans de développement est devenue une condition sine qua non du réalisme de toute politique de promotion économique. C’est pourquoi la collecte des données et des informations sont nécessaires pour une bonne conduite d’une politique économique postrévolutionnaire. Le degré de précision des calculs des taux de croissance économique de chaque région est très important pour faire réussir le processus de la replanification. À ce niveau, les structures locales peuvent jouer un rôle décisif dans ce type d’opération, mais cela ne peut se faire sans l’intégration de la politique de l’open gouvernement et sans l’aide de la société civile.
Les événements de Siliana ont montré que la méthodologie suivit dans la politique du développement régionale apparait en définitive comme archaïque, et c’est pourquoi il faudrait changer la formule dans le but de réagir plus méthodiquement on ouvrant un débat national sur ces problématiques afin de réaliser les objectifs de la révolution.
Les évènements de Siliana sont en effet un reflet de l’archaisme comparé aux progrés de la révolution. J’espère que vos mots seront entendus par la plupart des tunisiens pour le débat national que vous appelez de vos voeux