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14janvier

Avant-propos: « Un mouvement est perdu s’il s’arrête à mi-chemin », Jacques Julliard, historien de la révolution française.

Chers compatriotes,

C’est avec un profond sentiment de désarroi et un certain malaise que je vous vois fêter le deuxième anniversaire de notre révolution, malencontreusement trahie. Nos réalisations depuis deux ans, si réalisations existent, méritent-elles vraiment d’être célébrées? Avons-nous réussi le processus post-révolutionnaire? Les objectifs de la révolution sont-ils dignement atteints? Malheureusement, NON.

En voyant les signes de festivités éparpillés partout et régnant dans les différentes rues de la Tunisie, je me rappelle lugubrement nos martyrs qui ont onéreusement payé les idéaux de la révolution de la liberté et de la dignité. J’ai surtout pitié de leurs familles encore humiliées et avilies.

Je me rappelle également les braves blessés qui souffrent encore, qui demeurent maltraités par les autorités, abandonnés par l’État et oubliés par le régime.

Je me rappelle aussi les jeunes activistes et vrais acteurs de la révolution qui sombrent toujours en prisons à cause de leur participation aux émeutes qui ont ravagé le pays entre le 17 décembre 2010 et le 14 janvier 2011 et qui ont abouti à la fuite de Ben Ali. La honte!

Qu’on le veuille ou non, notre pays est de plus en plus mal gouverné. Une nouvelle dictature, d’ordre divin cette fois, est naissante. Le CPR et Ettakattol n’ont presque aucun poids au sein du gouvernement. La troïka gouvernante n’est, donc, qu’un grand mensonge, qu’une illusion. C’est Ennahda qui nous gouverne, et d’un pouvoir quasi-absolu. C’est à Montplaisir, au siège du parti Ennahda, que se dessine l’avenir de notre patrie. Réveillons-nous!

La situation économique et financière de notre pays est alarmante, les indicateurs ne traduisent aucune amélioration imminente. Les problèmes de développement et d’investissement persistent, et de façon plus urgente. Sur le plan social, les difficultés ne sont pas encore résolues. Les taux de pauvreté et de chômage ne sont guère réduits. Le pouvoir d’achat du citoyen s’avère continuellement en baisse alors que les prix ne cessent d’être constamment en hausse. Ouvrons grands les yeux!

Les libertés prétendument acquises suite à la chute de Ben Ali et de son régime sont, de nos jours, gravement menacées. N’oublions surtout pas les tentatives de ré-islamisation de la société, les essais permanents d’imposer un projet-type de société menaçant notre identité, notre culture et notre style de vie. Rappelons-nous toujours les attaques menés contre la liberté d’expression et les offensives contre les journalistes, les hommes de culture et les inventeurs. Notons également la volonté de dominer les médias pour en faire des canaux d’appui des politiques gouvernementales. Soyons vigilants!

Notre révolution est en voie d’accomplissement, elle n’est pas encore achevée. Luttons pour l’accomplissement de ses objectifs! Résistons pour la concrétisation de nos rêves ! Révoltons-nous!