Ali Laarayadh, actuel ministre de l'Intérieur en Tunisie et candidat d'Ennahdha pour la présidence du gouvernement.

Le juge d’instruction chargé de l’assassinat de Chokri Belaïd a démenti les déclarations du ministre de l’Intérieur Ali Larayadh et son porte-parole Khaled Tarrouche sur une quelconque coordination lors de la conférence de presse du Ministère qui a eu lieu le 26 février.

Le ministère de l’Intérieur affirme avoir respecté la loi

En effet, lors de la conférence de presse, le ministre de l’Intérieur Ali Larrayadh a déclaré que :

« Nous sommes tenus de respecter le secret de l’instruction, tel que le prévoit la loi …et nous avons coordonné avec le juge d’instruction dans cette conférence de presse pour ne pas transgresser la loi et respecter les droits de l’Etat. »

En outre le porte-parole du ministère de l’Intérieur Khaled Tarrouche a affirmé le lendemain, 27 février sur Radio Mosaique FM, que «

la conférence de presse a été organisée avec une complète coordination avec le juge d’instruction chargé de l’affaire, chose qui a permis au ministère de l’Intérieur d’apporter [publiquement] de nouvelles données. »

Le juge d’instruction dément les déclarations du ministère de l’Intérieur

Suite à cela, l’Observatoire tunisien pour l’indépendance de la Justice a contacté le juge d’instruction (bureau 13 Tribunal de première Instance à Tunis) chargé de l’assassinat de Chokri Belaïd. Il s’est avéré que, contrairement à ce qu’a avancé M. Larayadh et M. Tarrouche, le juge d’instruction en question a infirmé ces déclarations à l’Observatoire et a nié le fait qu’il y ait eu une quelconque coordination ou même avoir permis la divulgation des détails de l’affaire Belaïd.

Le ministère de l’Intérieur a-t-il vraiment respecté la loi ?

Selon le juriste Rached Mabrouk, le juge d’instruction a permis à une commission rogatoire de travailler en collaboration avec la police judiciaire. En ce qui concerne la divulgation des détails de l’instruction, M. Mabrouk explique que :

Dans une démocratie, c’est plutôt le juge d’instruction ou le Procureur de la République qui fait ce genre de conférence de presse pour informer l’opinion publique du suivi d’une affaire telle que celle de Chokri Belaïd. Cependant, on ne peut parler de transgression de la loi mais plutôt d’une erreur politique.

Par ailleurs, d’après la vice-Présidente de l’Association des Magistrats Tunisiens, la juge Raoudha Karafi, le ministre de l’Intérieur lui-même afirme avoir coordonné avec le juge d’instruction, ce qui s’est avéré faux puisque ce dernier l’a nié à l’Observatoire tunisien pour l’Indépendance de la Justice. Selon elle,

Le juge d’instruction a effectué une procuration judiciaire à la commission rogatoire pour travailler avec la police judiciaire. Néanmoins, cette commission est chargée uniquement de mener les enquêtes. Elle ne peut donc avoir la prérogative de divulguer les détails de l’instruction.

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