Safa Mtaallah, journaliste à l’hebdomadaire arabophone « Akher Khabar », a été convoquée par téléphone hier 24 avril de la part de la brigade d’investigation de la délégation Menzel Tmime (gouvernorat de Nabeul) pour “être auditionnée suite à une plainte déposée à son encontre pour diffamation”. Intriguée, la journaliste a appelé le ministère de l’Intérieur pour être certaine que le numéro de téléphone qui l’a contactée était bien celui de la brigade.
Mme Mtaallah a ensuite appelé un avocat, maître Mohamed Hmida, pour savoir si elle était obligée par la loi d’y aller. M. Hmida l’a conseillée de ne répondre à la brigade que si elle reçoit une convocation officielle.
Interview de Ferid Rahalli avec la journaliste Safa Mtaalah :
Comment expliquez-vous cette convocation ?
L’affaire remonte à un article publié le 19 février 2013 sur les pages du journal « Akher Khabar » où j’ai entamé un rapport d’investigation à Menzel Tmime sur certaines correspondances d’Al Qaïda avec des jeunes Tunisiens partis au jihad en Syrie. En effet, suite à la diffusion de l’information, un tiers a lancé une campagne contre attaquant mes propos notamment parce que l’affaire implique un parti politique appartenant à la Troïka dans le recrutement des jihadistes.
L’article date du mois de février, pourquoi la police n’a pris contact avec vous qu’après deux mois de sa publication ?
Toute à fait, l’affaire réapparaît deux mois après, bien que la chaîne de télévision « Altounissia », dans l’une des ses émissions portant sur des Tunisiens détenus auprès des autorités syriennes, a interviewé l’un des jeunes cité de ma part ». Il est clair que certains habitants ont dernièrement subi des pressions pour déposer cette plainte bien que j’aie des enregistrements documentant les déclarations diffusées. Par contre, les familles des jeunes qui ont quitté la Tunisie ont repris contact avec moi pour exprimer leur soutien et leur prédisposition à témoigner en ma faveur. Ces familles seront également prêtes à dévoiler les pressions qu’elles subissent voire à démasquer ceux l’exercent.
Comment comptez-vous réagir prochainement ?
L’affaire ne sera pas close à ce niveau et je serai à l’écoute des familles prêtes à dévoiler le réseau qui anime ce trafic. Un rendez-vous est envisagé au cours de cette semaine pour mieux cerner les péripéties de ce drame. Lors ma conversation téléphonique avec l’avocat M. Mohamed Hmida, il n’a pas exclu la possibilité d’une éventuelle manipulation politique. Le combat n’est pas uniquement le mien, mais celui de toute la presse tunisienne qui doit s’attacher à la liberté d’expression et le droit de tous à l’accès à l’information.
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