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Scène de vie quotidienne dans la Tunisie révolutionnaire.

Selon Shems FM :

le jeune homme s’est d’abord calmement adressé à l’agent d’accueil du poste de police, les vêtements tâchés de sang, son sexe tranché dans sa poche, expliquant sa lassitude face à la vie.
Puis il a sorti son organe de sa poche et entrant dans une crise d’hystérie, il a exprimé sa volonté de contribuer à la croissance économique, par le fait de s’être coupé le sexe!
Les policiers ont immédiatement appelé la protection civile pour le transporter à l’hôpital de Bizerte.

Shems FM

Cela s’est déroulé ce vendredi 31 mai 2013 et l’information est tombée dans l’oubli, noyée par un déferlement d’autres infos telles la relaxe après condamnation d’Amina, des « Femens », au versement de 300 dinars pour dégradation de lieux de culte, la sortie de cet hurluberlu de milliardaire (président de club de foot) qui durant la campagne électorale des élections à la Constituante n’avait trouvé qu’un doigt en forme de programme et le terme « Taoua » pour en signaler l’urgence (quel symbole phallique !) qui s’est dit choqué de la publicité faite à l’octroi de la Palme d’or au film d’Abdeltif Kéchiche : « La vie d’Adèle ». Et voici un morceau d’anthologie du crétinisme des nouveaux riches : « Je le dis, clairement, que ce prix n’honore que celui qui a fait le film et non la Tunisie. Ce Tunisien, qui a rendu hommage à la jeunesse tunisienne, aurait mieux fait de parler d’autre chose que de traiter le phénomène de l’homosexualité très loin de notre réalité ». Le même qui adore les effets d’annonces a promis la création de plusieurs centaines d’emplois dans une société spécialisée dans les produits d’hygiène et d’entretiens en collaboration avec l’industriel serbe Biokimia au kef. Il a aussi sa décision de créer, en partenariat avec des Américains, une université privée de renom dans la région de Zaghouan.

Il semble que l’enseignement supérieur privé soit devenu un créneau porteur pour les investisseurs locaux. En plus des universités qui sont opérationnelles telles la dénommée «Esprit» -cofinancée entre autres par la Proparco (France). Il existe d’autres projets parmi lesquels figurent une université allemande à vocation technique qui vient de faire l’objet d’un accord de principe entre les gouvernements allemand et tunisien, et celui du College Town programmé dans le cadre du « mégaprojet » Jinene Medjerda à Oued Zraga (nord-ouest).

La veille de l’acte d’émasculation du jeune homme de 20 ans, les pieds nickelés, ex-Monsieur gendre, et frère de l’ex- « châtelaine de Carthage », le trio Chiboub, Matéri et Belhassen se sont vu « blanchi » de tout soupçon de « détournement de biens immobiliers et mobiliers, ouverture de comptes bancaires et détention d’avoir financiers dans plusieurs pays dans le cadre d’opération de blanchiment d’argent », par la Cours Constitutionnelle de l’Europe qui siège à Luxembourg (grande démocratie et paradis fiscal devant l’éternel). Les attendus du tribunal se terminent comme de bien entendu par la condamnation du Conseil de l’Union européenne qui est condamnée à supporter « outre ses propres dépens ceux exposés par M Chiboub (et c’est les mêmes conclusions pour les deux autres lascars). La Commission européenne et la République tunisienne supporteront leurs propres dépens. »

Autrement dit non seulement on « blanchi » les voleurs mais on fait payé de surcroit le pays qui a eu l’outrecuidance de porter plainte contre eux. Drôle de justice européenne.

Toujours la même semaine ou se déroule cet acte insensé qui dit le désespoir d’une jeunesse coincée entre le risque d’une noyade en tentant la « Harga » (l’immolation par l’eau !), le recrutement dans les rangs « jihadistes » qui en font de la chair à canon, ou simplement bombes humaines, l’immolation tout court (mais qui ne fait même plus les gros titres des journaux, ces derniers leur préférant : « Du sexe, des scandales, des agressions : il faut leur donner. Etre dans les journaux, c’est existé » des « femens »), ou cet acte horrible de se trancher le seul membre indiquant dans une société machiste un quelconque pouvoir : le « zib », dont on vous mitraille, verbalement seulement, à tout bout de champs. Même cet organe que d’aucun porte symboliquement en bandoulière, ce jeune homme de 20 ans n’en veut plus. Il ne lui trouve aucune utilité, ni sexuelle ; dans un pays ou la misère sexuelle est généralisée, ni symbolique ; les policiers sont passés maîtres dans le traitement spécial réservé à cet organe dans les séances de torture des commissariats et des lieux de réclusion dans lesquels s’entassent une grande partie de la jeunesse qui pour une cigarette de « Zatla », qui pour un larcin, qui pour s’être trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment.