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Lors de notre visite à Kasserine, nous avons rencontré la famille de l’adjudant-chef Mokhtar Mbarki, tué par ses subordonnés dans la nuit du 2 juin 2013. La version des faits présentée par la famille et les révélations exclusives des débuts de l’enquête du juge d’instruction du Kef révèlent beaucoup de non-dits sur cette affaire.

D’après l’enquête entamée depuis une dizaine de jours par la justice militaire au Kef, l’un des militaires, un stagiaire, avait révélé qu’avant d’être tué, M. Mbarki avait demandé à sa troupe où se trouvait l’approvisionnement en nourriture rapporté de la caserne de Kasserine, chose à laquelle il n’eut pas de réponse. Parti ensuite faire ses besoins, il revient d’un « chemin différent » et « il a été tué » nous rapporte le porte-parole du ministère de la Défense Rachid Bouhoula. Dans son communiqué, le ministère en question, ne mentionne aucune demande de « mot de passe » tel que cela a été rapporté dans certains médias. Il s’agissait plutôt d’un ordre de « halte » que l’adjudant-chef aurait ignoré, d’où le drame.

Le juge de l’instruction au tribunal militaire au Kef mène son enquête

La famille Mbarki a été contactée par le juge d’instruction au tribunal militaire au Kef. D’après M. Hechmi Rtibi, frère de la veuve du défunt adjudant-chef, les membres de la troupe militaire qui lui ont tiré dessus sont en état d’arrestation. Une enquête a été ouverte pour élucider le mystère de ce drame. Mme Najet Rtibi nous a révélé que ceux qui ont tiré sur Mokhtar Mbarki sont trois militaires de Sidi Bouzid et un autre de Sfax. Un cinquième originaire de Béja, n’a pas pu utiliser son arme qui s’est bloquée. Par contre, un soldat volontaire qui était avec eux n’a pas tiré.

Nombre de balles : sept, dix ou onze ?

Vers 23 heures du soir, le 2 juin 2013, la famille Mbarki a été contactée par les citoyens pour les prévenir de la mort de l’adjudant-chef. Vers 4 heures et demie du matin, le 3 juin, les militaires arrivent enfin à l’hôpital. Après que le médecin légiste Ezzedine Ben Abdallah ait vu le corps, il dira à Mme Rtibi que son mari a été tué par dix balles. Cependant, lorsque Hamza et Mohamed Mbarki, frères du défunt, ainsi que Hechmi Rtibi, son gendre lui a fait ses ablutions mortuaires, ils comptent onze balles, en faisant attention à l’entrée et sortie des coups.

Surprise, Mme Rtibi, qui travaille à l’hôpital régional de Kasserine comme secrétaire à la pharmacie, apprend via le rapport d’autopsie médico-légale que le nombre de balles est de sept et non dix comme le lui avait dit le médecin, sachant que c’est aussi lui qui a signé ce même rapport.

Nous ne comprenons pas pourquoi le médecin légiste nous a dit au début que c’était 10 balles, alors que mon mari et ses frères en ont compté 11 ( l’une des balles a été visé au bas-ventre) pour finir avec 7 sur le papier officiel !

Voici le rapport d’autopsie médico-légale :

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Pour la famille Mbarki et les habitants de Kasserine, cette histoire de terrorisme est une fiction

A la rencontre des habitants de Kasserine, nous avons perçu un grand scepticisme sur l’histoire de « terroristes à Jebal Chambi ». L’un des gardes forestiers qui a préféré garder l’anonymat pour ne pas être ennuyé par les autorités nous a confirmé qu’il n’y a aucune possibilités pour que ces terroristes se trouvent encore dans la montagne. Fin connaisseur de la région grâce à ses treize ans d’expérience à sillonner le massif montagneux, il nous a assurés que s’il y a « terroristes », ils seraient forcément dans la ville de Kasserine après avoir quitté la montagne depuis le début des explosions.