Tunis, 30 Juillet 2013 : A l’heure où le nombre de manifestations s’étend à plusieurs régions Tunisiennes, notamment après le refus du gouvernement de démissionner et les attentats terroristes au mont Chaâmbi du 29 Juillet 2013 faisant 9 morts parmi les soldats Tunisiens, ARTICLE 19 appelle les autorités Tunisiennes a respecter et protéger la liberté d’expression, la liberté d’association et la liberté de réunion, dont le droit de manifester pacifiquement et en toute sécurité.

Suite à l’assassinat de l’opposant Mohamed Brahmi, député à l’ANC et coordinateur général du courant populaire, le 25 juillet 2013, des manifestations ont eu lieu devant l’assemblée nationale constituante (ANC) à Bardo, appelant à la dissolution de la constituante et le renversement du gouvernement. Ces manifestations ont enregistré des agressions à l’encontre des manifestants et de trois députés démissionnaires de l’ANC.

ARTICLE19 dénonce la violence, les agressions nombreuses et l’utilisation massive du gaz lacrymogène de la part des forces de sûreté Tunisiennes contre les manifestants pacifistes et appelle le ministère de l’intérieur à respecter et protéger les manifestants et leur droit de manifester et de s’exprimer librement en toute sécurité. ARTICLE 19 appelle de même les forces de sécurité à l’application minutieuse de la loi de la gestion des manifestations.

Nous demandons aussi l’ouverture rapide d’une enquête indépendante et impartiale sur les allégations de violence et de recours à une force excessive par les forces de l’ordre, tel que la mort du manifestant Mohamed Moufti à Gafsa, les agressions a l’égard de trois députés de l’ANC Noomane Fehri, Mohamed Ali Nasri et Mongi Rahwi, et l’incident impliquant un véhicule des unités d’intervention au cours duquel un jeune manifestant aurait été écrasé (ce jeune manifestant risque une amputation des deux jambes). Les auteurs présumés d’infractions devront être poursuivis en justice et sanctionnés conformément à la loi.

ARTICLE19 réaffirme que la liberté d’expression, liberté d’association et la liberté de réunion constituent des droits fondamentaux, qui s’expriment entre autre sous la forme de manifestations pacifistes. Les autorités Tunisiennes se doivent de veiller à ce que toute intervention policière pendant des manifestations soit conforme aux principes internationaux de nécessité et de proportionnalité, comme l’exigent les Principes de base sur le recours à la force et l’utilisation des armes à feu. En vertu de ces principes, les forces de l’ordre doivent, autant que possible, utiliser des moyens non violents. De plus, l’utilisation de gaz lacrymogène doit être limitée aux agents proprement formés à sa manipulation afin de réduire dans la mesure du possible le risque de mise en danger des manifestants.

ARTICLE 19 appelle toutes les parties prenantes, y compris manifestants, partis et groupes politiques, à exprimer pacifiquement leurs idées et demandes, à éviter tout recours à la violence, et à faire prévaloir la liberté d’expression, les débats et le dialogue.

ARTICLE19 juge primordiale la reprise et l’accélération des discussions politiques afin d’identifier des solutions adéquates a la crise politique survenant dans une période difficile de transition vers les pratiques démocratiques et la démocratie.