Hier, au large de Lampedusa, marchepied européen (qui aurait bien pu relever du territoire national), il y a eu encore des morts nombreux et d’innombrables disparus. Cela s’est ajouté à une bien triste et longue liste de victimes que l’on ne saurait ni ne devrait jamais oublier, ne serait-ce que parce que les files des futures victimes sont déjà là qui se bousculent à l’horizon.
Sous le choc, l’Italie a décrété un deuil national; mais aucune solennité, aucune componction formelle ne sauraient rendre la vie aux pauvres hères péris en mer, dont le seul tort aura été de défier l’arrogance et l’autisme humains des uns et des autres, d’essayer d’aller contre l’égoïsme des politiciens, leur cynisme inhumain.
Honte à nous si on ne tire pas enfin la leçon de pareil drame renouvelé ! Honte à nous si on n’ose pas enfin parler juste en indiquant la juste voie aux bandits de la politique politicienne !
Combien nous faut-il encore de drames en Méditerranée pour réaliser que relève bien de la délinquance politique la fermeture des frontières de l’Europe à la misère des pays situés sur sa rive qui furent sa source principale de richesses, pillées sans vergogne pour son développement propre ?
Combien faut-il encore de morts afin d’oser enfin voir l’inqualifiable, à savoir que la politique migratoire européenne relève objectivement du grand banditisme ? Non seulement elle n’endigue ni n’éradique l’immigration clandestine, mais elle encourage objectivement la prolifération des filières maffieuses exploitant la désespérance des populations du Sud. Et ce désespoir est bel et bien entretenu, directement et indirectement, par les politiques égoïstes des États développés, sourds et aveugles à leur devoir de solidarité à l’égard des greniers d’antan dévastés à tous les niveaux — en termes de marchandises comme de force de travail et de combat — pour fonder leur actuelle prospérité.
Osons donc le dire au cas où cela aurait quelque chance de réveiller les consciences anesthésiées : la gestion actuelle des flux migratoires — phénomène humain naturel et de tout temps — a sans conteste toutes les caractéristiques de l’acte criminel d’État; le cautionner, de quelque manière que ce soit, c’est commettre une forfaiture; et ce, non seulement à l’égard du droit des gens, mais aussi des valeurs morales et de la conscience humaine tout simplement.
Que les politiques occidentaux aveuglés par leur arrogance, cédant aux contraintes de leurs intérêts nationaux étriqués, ne tiennent pas encore compte de la gravité de leurs turpitudes, cela ne doit plus constituer le prétexte commode aux gouvernements des pays lésés pour en être les complices actifs, serviteurs dociles d’intérêts non solidaires, attentant à la vie de leurs concitoyens dont ils sont les premiers responsables.
Il est aujourd’hui un impératif moral de la plus haute importance que la Tunisie de la Révolution doit honorer quitte à irriter ses partenaires, c’est de devoir oser dénoncer la politique migratoire actuelle vide de sens de l’Europe où se concentre l’essentiel de sa communauté et avec laquelle l’unissent tant de liens. Cela doit l’amener, si nécessaire, à envisager sérieusement de se désengager de toute complicité dans cette aberration monstrueuse absolue qu’est une coopération sécuritaire au niveau de sortie du territoire national devenue meurtrière, des vies humaines innocentes étant quasi rituellement sacrifiées sur l’autel d’une illusoire sécurité.
La diplomatie tunisienne, si elle entend sérieusement être en harmonie avec l’esprit du Coup du peuple et les exigences populaires, est tenue d’avoir enfin le courage de réclamer l’ouverture des frontières aux ressortissants tunisiens au nom de la démocratie naissante en Tunisie. Il est temps, pour elle, de dénoncer la pratique actuelle du visa attentatoire non seulement aux libertés et aux vies, mais aussi au droit international et à la souveraineté, sans être pour autant véritablement efficace en matière sécuritaire. La Tunisie serait inspirée de proposer en son lieu et place un type nouveau de visa biométrique qui soit de circulation, garantissant à la fois la liberté de mouvement — l’un des droits de l’Homme essentiels — que le légitime réquisit sécuritaire de l’Occident.
Ainsi servira-t-elle et son peuple et la morale dont se réclament ses dirigeants ! Ainsi aura-t-elle le mérite de forcer l’inconscience politique régnant en une Europe autiste, contraire à ses valeurs et à ses intérêts propres. Et ainsi amènerait-elle cette dernière à se remettre en cause en vue de revenir à ses fondamentaux, en comprenant enfin que sa sécurité est bien mieux servie par l’ouverture raisonnée des frontières que par leur fermeture sauvage, traduisant une conception dogmatique de la sécurité surannée, absolument contre-productive.
De nos jours, la véritable sécurité relève d’un espace à aménager et qui soit de paix, de coopération, de liberté, avant de finir par être de prospérité commune; c’est l’espace de démocratie que j’appelle de mes vœux en Méditerranée. Car aucune démocratie ne saurait naître et se stabiliser dans une réserve, un espace fermé finissant par s’y étouffer étant coupée de son environnement, surtout quand celui-ci lui est vital et dont elle ne saurait se couper; c’est bien le cas de la Tunisie.
Si l’Occident veut vraiment d’une démocratie paisible et sereine à ses frontières, qu’il agisse donc pour que, demain, il y ait à sa porte moins de drames dont il est, sinon la cause directe, du moins le responsable objectif.
Si les dirigeants tunisiens sont sérieux dans leurs efforts de démocratisation du pays, qu’ils se désolidarisent désormais de servir une pareille politique qui ne les fait qu’agir contre les intérêts bien compris de leur propre peuple, se mettant au service d’intérêts étrangers. Or, sur le long terme, ceux-ci ne servent que la dérive — bien en cours en Tunisie dans les rangs de notre jeunesse désespérée — vers les divers extrémismes que la xénophobie permet et entretient irrémédiablement. Et c’est d’abord les intérêts de l’Occident que cela dessert.
Quitte à faire du donquichottisme, il nous faut être enfin justes de voie et de voix dans la nouvelle Tunisie ! Y a-t-il donc en ce pays se voulant et se disant révolutionnaire un véritable militant des valeurs en mesure d’incarner pareil combat en un réel sacerdoce ?
Farhat Othman
C’est du délire total, comment demander aux européens déjà empêtres avec les millions d’immigrés qui les mettent aux bords de la guerre civile, d’ouvrir leurs frontières Sud ? C’est de l’utopie doublée d’une mauvaise foi irresponsable, à moins que l’islamisme conquérant n’ait trouvé des adeptes dans les milieux de l’alter mondialisme bienpensant
Monsieur,
C’est le conditionnement idéologique qui vous fait parler ainsi, sinon la colonisation mentale occidentale. C’est bien la fermeture des frontières qui crée l’immigration clandestine et la crise économique n’a rien à voir avec le mouvement des masses humaines. Par contre, empêcher le mouvement humain, c’est comme empêcher le libre mouvement des marchandises; et c’est même plus grave, car l’homme est le créateur des richesses et non les marchandises.
Il est étonnant à quel point nous intégrons les présupposés égoïstes de l’Occident qui contredit ses propres fondamentaux et trouve en nous les meilleurs défenseurs de ses lubies ! Car le libéralisme occidental suppose la liberté de circulation; et elle ne peut exclure les humains.
De plus, il est temps de réaliser qu’on a changé d’époque et que le temps est à la liberté partout. Et la première des libertés est celle de la circulation des humains. Lorsqu’on arrêtera de singer le discours d’un Occident qui, après avoir réalisé son essor économique grâce au pillage des richesses des pays du Sud, veut maintenir ces derniers dans un état de pauvreté commode pour servir les intérêts de ses financiers, il sera forcé de changer de discours et de regarder enfin en face les réalités.
Et n’oubliez pas, l’époque actuelle est celle de la postmodernité, et on ne peut plus réagir selon les conceptions classiques d’un temps fini; sinon on ne fera que passer d’une catastrophe l’autre !
Enfin, notez que mon propos n’a rien à voir avec ce que vous appelez islamisme conquérant. C’est la saine appréhension du monde sans manichéisme aucun qui le commande et il est partagé par tout un chacun, au Nord comme au Sud, se souciant d’abord de l’intérêt de notre planète et non de ceux des financiers véreux qui n’ont de soucis que pour les leurs, quitte à tromper et à mettre la terre à feu et à sang.
Aujourd’hui, le mondialisme, qui est déjà passé à l’altermondialité, suppose enfin une entrée en mondianité (mon néologisme contractant monde et humanité) où l’humain a toute sa place !
Monsieur Chikhaoui Sadok, veuillez nous ne sommes pas au bord de la guerre civile en raison des immigrants. L’Italie n’est pas très riche, mais il n’est pas juste de l’appeler pauvres. Le problème n’est pas les immigrants illégaux qui viennent de franchir la frontière, mais les Italiens qui ne veulent pas payer d’impôts. Les gens ne subissent pas de tels risques terribles pour aucune raison. Le néo-colonialisme et l’impérialisme dévaster les territoires pire que Attila.LA EUROPE (et l’Italie aussi) peut accueillir et c’est nécessaire que reçoivent. Pourquoi ne pas laisser le pétrole aux Nigérians, de coltan et de la cassitérite à la population du Congo? Ou devons-nous les payer un prix juste, celle qui permet à ces personnes de vivre, d’étudier et de développer chez eux. Pardonnez moi mais Désolé, mais j’ai dû utiliser le traducteur google….
Bonjour,
j’ai été, moi aussi, ravagée par les images des martyrs de Lampedusa, de ce désespoir des personnes tenaillées par la faim qui se mesurent à la mer et à ce que la nature humaine a de plus vil, dans un espoir fou de meilleur avenir.
On parle de 25.000 noyés en méditerrannée pour la seule année 2012, c’est un génocide ignoble et insupportable, nourri par la turpitude des passeurs et des réseaux mafieux qui font commerce de tout, et surtout, du désespoir.
Maintenant cher Farhat, il serait vain, à mon humble avis, de tenter de faire peser la responsabilité de ces drames terribles sur les seules politiques migratoires européennes.
Si nos gouvernements étaient moins corrompus,
s’ils ne vendaient pas nos richesses naturelles à des firmes étrangères sans scrupule,
s’ils ne choisissaient pas d’enrichir leurs proches plutôt que le Pays,
alors nos jeunes hommes et ceux des pays voisins n’auraient pas besoin de risquer la mort la plus atroce, le coeur rempli d’un espoir de vie meilleure.
Cette vie meilleure, c’est en Afrique qu’il faut la bâtir et c’est à cela que doivent servir les révolutions : non à la corruption, à la spoliation des richesses nationales par une oligarchie cynique, non aux ultra riches qui cotoient les ultra pauvres, non à l’indifférence, surtout …
Il ne faut pas chercher de responsable extérieur car on n’a aucune prise sur lui,
mais les responables en interne, dans chaque pays, doivent être désignés et santionnés.
Ce n’est qu’au prix de ce grand déballage, de ce grand nettoyage, que l’Afrique gardera ses fils.
Dormez en paix, pauvres frères, et que le pire soit évités à vos fils.
Chère amie,
Bonjour.
Vos sentiments vous honorent et je partage votre analyse.
Notez que je dis bien “honte à nous” et avant d’interpeller les Occidentaux, je mets la responsabilité sur les épaules de nos dirigeants.
Cela dit, il faut aussi regarder les choses en face : nos dirigeants, surtout dans le domaine économique, ne sont que les marionnettes du système occidental où même les responsables politiques ne peuvent contrarier les financiers multinationaux, les nouveaux gourous du monde.
De plus, quand j’appelle à l’ouverture des frontières, ce n’est bien sûr pas pour une expatriation, mais pour suivre le sens de l’histoire marqué par un progrès humain constamment lié au mouvement, la prospérité en étant la conséquence. Ainsi, imaginez combien de projets nos jeunes morts en fond de Méditerranée auraient pu créer entre la Tunisie et l’Europe s’ils avaient pu circuler librement, car leurs têtes étaient pleines de projets !
C’est bien démontré aujourd’hui, c’est la politique migratoire actuelle de l’Europe qui crée le clandestin et c’est voulu pour des raisons internes. Toutes les études scientifiques le prouvent : ouvrir les frontières ne ferait que résorber le problème migratoire tout en donnant un coup d’accélérateur aux économies dévastées des pays du Sud. Mais est-ce que cela rejoint les intérêts égoïstes des argentiers actuels de notre monde vivant sur ses schémas éculés?
Puis, il est bien connu : une vérité ne s’impose pas parce qu’elle est bonne, mais du fait qu’il est des fous pour y croire avant tout le monde et pour la répéter inlassablement pour finir enfin par l’imposer. Sinon, combien de bonnes vérités ont été enterrées avant de revenir plus tard comme des évidences avec, entre-temps, des victimes et des désastres !
Il ne faut pas oublier que c’est l’intérêt qui domine le monde et non les valeurs humaines, et que l’imaginaire des pays du Sud est encore colonisé par celui du Nord autoproclamé meilleur modèle possible au moment même où il est en pleine crise pour excès de matérialisme et un libéralisme tronqué, limité aux marchandises.
Ok Fathia, d’acord …il ya un lien entre le prédateur politiques de l’UE / États-Unis et la corruption de vos politiciens. Exemple Égypte, Mexique, Chile Congo
Bonjour,
J’ai une maison que j’ai hérité de mes aieux. Cette maison, elle m’appartient, je m’y plait ainsi qu’à ma famille, dans ma maison, j’ai de quoi nourrir ma femme et mes enfants, et quelques invités qui peuvent passer de temps à autre, maintenant, dans cette maison, j’ai du à plusieurs reprises subir des infiltrations de gens qui ne voulaient que manger parce qu’ils n’en avaient pas dans leurs maisons juste à côté de la mienne, j’ai ouvert les portes, leur ait proposé de m’aider à agrandir ma maison, et qu’en contre partie, je leur permette de s’installer également sur mon terrain ainsi que leur famille et leur donner de quoi manger. Ceci c’est poursuivi pas mal de temps, jusqu’au jour où (mauvaise gestion de ma part il est vrai) je n’avais plus besoin de m’agrandir, et ait préféré garder mes ressources pour mes enfants, les personnes que j’ai laissé s’installé sur mon bout de terre il y a quelques temps, et puis moi même. Et me suis mit à filtrer les nouvelles rentrées, car ne peut plus supporter plus. J’ai alors du faire face à des gens qui rentraient par le côté court, d’autre escaladaient mes haies, ça ne me fait guère plaisir de m’entourer de béton et de me retrouver emprisonné chez moi, d’autant que ça me gache la vue, mais c’était ça ou des hordes sur me pelouse et dans mon potager à priver mes enfants et mes invités de leurs diner.
Alors excusez-moi cher Monsieur Othmane de ne pas approuver que celà devienne un droit et une nécessité d’abroger les barrières ! C’est un non sens.
PS : Je comprends que nous pouvons avoir des avis différents, mais je n’approuve pas la manière de s’adresser aux lecteurs dans les commentaires “vous êtes conditionnés..” “vous êtes colonisés mentalement” “vous êtes machins…” etc, non mais ça va oui ?!
Il faut accepter que quelqu’un raisonne différemment que vous cher Monsieur.
En anticipation :
– (et ce n’est point un discours colonialiste) aujourd’hui l’Afrique a des richesse naturelles inouies, elle n’est plus colonisée mais ne démarre toujours pas faute de guerres de pouvoir, dire que l’Europe a spoilé l’Afrique est vrai et indiscutable mais n’est plus une excuse pour ce qui se passe chez nous, cela fait une soixantaine d’année que nous sommes libres (ou plutot devrions l’être)
– Le discours plus haut est digne du FN. Et alors ?!
Bonjour Monsieur,
Votre propos aurait été digne s’il avait dit la vérité, toute la vérité. Or, il est comme un gruyère, plein de trous dont je rappellerais certains :
Vous dites : “J’ai une maison que j’ai hérité de mes aieux. Cette maison, elle m’appartient, je m’y plait ainsi qu’à ma famille”. Vous oubliez de dire que cette maison a été bâtie par qui et, lors de la guerre, défendue par qui. Vous oubliez que vos aïeux, pour bâtir votre maison, en ramener pierre et bois et tutti quanti, sont allés librement ailleurs où ils n’ont même pas été invités.
Vous parlez de “mauvaise gestion” de votre part du bout des lèvres, et il s’agit de bien plus, d’une politique rigoureusement définie et appliquée, non pas de mise en valeur rationnelle de votre bien, mais d’exploitation égoïste de certaines de ses ressources actuelles en contradiction justement avec l’intérêt futur de vos enfants que vous prétendez défendre.
Cher Monsieur, le non-sens c’est justement d’ériger et de consolider les barrières. Imaginez ce que serait un immeuble où ne manqueraient pas pareilles barricades, non seulement entre les étages, mais aussi sur un même palier entre des appartements où certains privilégiés s’autorisent toutes les libertés y compris de menacer la sécurité de tout l’immeuble et de précipiter sa ruine. C’est une question d’ordre public bien plus que de morale et de logique.
Rappeler cela et rappeler que le plus grave n’est pas que les privilégiés de cet immeuble agissent comme des fous, mais qu’ils trouvent en cela des appuis auprès de ceux qui sont supposés défendre les intérêts des occupants des appartements lésés, ce n’est pas leur dénier leur droit de penser différemment, mais c’est juste énoncer encore une fois une évidence. Dois-je vous rappeler l’importance de l’imaginaire comme structure anthropologique? c’est pareil imaginaire qui détermine nos pensées et l’absence de démocratie dans le Tiers-monde plonge racine en cet imaginaire conditionné par l’Occident comme je l’ai démontré dans un article ici même : Les racine imaginaires de la démocratie
http://nawaat.org/portail/2013/07/08/les-racines-imaginaires-de-la-democratie/
Monsieur, que vous soyez du FN ou d’autre parti, c’est votre liberté; mais elle ne vous autorise pas, pour être crédible, d’avoir la mémoire courte ni de violenter la vérité historique.
Notre monde a besoin de solidarité et non de haine; aucune prospérité ne peut durer si elle se fonde sur la négation d’autrui à une prospérité pareille. Notre sort est uni et méconnaître le droit d’autrui au meilleur qu’on se réserve, c’est abolir notre propre droit à ce meilleur devenu ipso facto la pire des choses à rechercher et qui doit être raisonnablement combattue.
Arrêtez de verser dans la caricature et l’aversion de votre prochain, votre semblable, et regardez le monde en face en vous mettant à sa place. Ce monde a changé et appelle à ce que l’on soit plus solidaire. Votre bien n’est plus un pavillon privatif, une maison de campagne isolée, mais un immeuble où l’on prétend maintenir à demeure des habitants dans les sous-sols après avoir détruit leurs appartements pour agrandir le vôtre.
Il n’est pas question de vous emprisonner chez vous, c’est vous qui vous barricadez tout seul; apprenez enfin que votre chez-soi est celui de tout le monde et redécouvrez le partage comme l’enseigne la foi religieuse, quelle qu’elle soit, et qu’impose la spiritualité aujourd’hui et plus que jamais de règle.
Arrêtez donc de parler de votre potager privé, il n’est privé que si vous en faites un véritable potager, nourricier pour vous et vos semblables en un monde où certains mangent plus qu’à leur faim et d’autres meurent de n’avoir rien du fait de l’égoïsme de ceux qui ne se sont pas embarrassés et ne s’embarrassent toujours pas de dévaster le leur.
C’est bien une question de dignité qu’il s’agit, et au nom des propres valeurs de ceux qui n’hésitent pas à s’en réclamer en donneurs de leçons qu’ils ferait mieux de s’appliquer à eux-mêmes !
Bonjour Monsieur Othman,
Je souscris entièrement tous, en particulier: “Notre monde a besoin de solidarité et non de haine; aucune prospérité ne peut durer si elle se fonde sur la négation d’autrui à une prospérité pareille. Notre sort est uni et méconnaître le droit d’autrui au meilleur qu’on se réserve, c’est abolir notre propre droit à ce meilleur devenu ipso facto la pire des choses à rechercher et qui doit être raisonnablement combattue.”
Il faut dire aussi qu’il ya des entrepreneurs de la haine et de la peur. Ils font leur propre entreprise colportant ces deux drogues.
Ils conquièrent le pouvoir, l’argent et le prestige avec ce type de businness.
Ils parviennent à faire croire aux gens d’être idéalistes, suscitant les grands courants idéaux, mais sont et restent seulement des pushers, petits ou grands, de la haine et de la peur.
Toutes les formes de fascisme et des guerres tiennent en leur propre interne ce noyau dur de putrescence.
Cher Monsieur,
Merci pour vos témoignages et votre humanisme.
Effectivement, il est des professionnels de la haine et ils sont de tous les bords, acteurs et coauteurs, sinon complices objectifs de cette frange de l’humanité quand elle chute dans la bestialité. Et encore, les bêtes se révèlent-elles, de par l’instinct naturel, encore moins cruelles qu’elle !
Ces entrepreneurs de la haine, professionnels de la face sombre de notre humanité — forcément imparfaite si on ne travaille pas à la parfaire — sont pourtant minoritaires, mais ils arrivent à tromper et à profiter de la faiblesse, la naïveté ou la désespérance du plus grand nombre pour faire prospérer leur commerce immonde. Il faut avoir le courage, sans haine ni violence, de s’opposer à eux pour incarner la nécessaire posture du juste, une justice qui est aussi justesse de la voix et de la voie.
Je l’ai dit à l’occasion d’autres articles : ces ennemis du genre humain, ennemis donc aussi d’eux-mêmes, il faut les combattre sur leur propre terrain et avancer les mains nues, avec juste l’amour dont ils manquent pour les autres et pour eux-mêmes. Ainsi ne donnera-t-on aucune excuse pour les moins malhonnêtes parmi eux pour nous combattre sans nous écouter. Et pour les plus malhonnêtes qui nous attaqueront de toutes les façons, il suffira de les combattre en retournant contre eux leurs propres armes. Ainsi, ce n’est pas parce qu’on a les mains nues qu’on ne triomphera pas, car la cause des valeurs, si l’on y croit assez, est la plus grande. Et ce n’est souvent qu’une question de foi (on y revient!); mais il s’agit de la foi véritable, celle qui soulève les montagnes.
Cher Monsieur, vous continuer d’attaquer vos lecteurs…
Vous donnez des ordres : arrêtez, faites ceci, faites celà, mais pour qui vous prenez vous donc ? Nul n’est détenteur de la stricte vérité, je respecte votre avis, mais ne me permet pas de vous attaquer comme vous le faites.
Je le juge insensé et c’est mon droit car je doute fort que vous accepteriez que vos voisins du quartier d’à côté viennent profiter de votre piscine, que vos aieux l’aient batis grâce aux richesses des leurs ne vous fera pas digérer la pilule pour autant !
D’ailleurs, je le dis à deux reprises qu’ils ont spoilé nos chères patries africaines, mais qu’aujourd’hui c’est à nous de nous réveiller, nous pouvons continuer à attendre des cadeaux d’atrui, mais nous risquons d’attendre car celui qui a profité une fois, profitera tout le temps.. Entre temps je préfère qu’on s’occupe par nous mêmes de nos problèmes, personne ne nous aideras, Ni pression, ni que dalle, notre continent est le plus riche en ressources humaines, naturelles et autres, notre continent est béni des dieux, nous n’avons ni raz-de-marée, ni séismes, ni ouragans, ni innondations géantes… Tout ce qu’il nous faut c’est capitaliser et investir ce que nous avons. Nous pouvons continuer pendant des siècles à ressortir ce vieux chewing-gum de colonialisme, mais il est devenu sans gout et trop dur.. Avançons bon sang! Cela fait une soixantaine d’année que nous sommes libres.
PS : le gryuère n’a pas de trous… C’est l’emmental qui en a ;)
Cher Monsieur,
Vous confondez attaque et exposé de vues.
C’est vous qui attaquez en vous obstinant à déformer la vérité. Mes mises au point vous paraissent belliqueuses, car la vérité heurte toujours le mensonge de plein fouet, surtout quand il verse dans le cynisme.
Dites ce que vous voulez et on respectera votre propos, mais soyez véridique. Sinon, c’est le rappel à la vérité qui vous fait prendre pour un enfant ramené à la raison par l’adulte. Je ne suis pourtant nullement donneur de leçons ni ne pratique le terrorisme des idées contre lequel justement je me bats.
Oui, nous devons agir et prendre notre destin en mains; mais nous laisse-ton le faire? Vous parlez de la gomme à mâcher du colonialisme et vous avez tort, car ce dernier n’a jamais été plus évident que de nos jours, étant incrusté dans les mentalités. Si l’Occident a quitté ses anciennes colonies, c’est parce qu’il a réussi à s’installer durablement dans leurs têtes par le fameux imaginaire dont je vous parlais.
Attention cependant, je ne dis pas que tout est mauvais en Occident; je dis même le contraire, ayant donné le moins mauvais régime politique qui soit. Je rappelle juste cet Occident à ses valeurs.
Or il se trouve qu’on est justement en pleine confusion des valeurs qui nous fait — comme dans votre cas — prendre les vessies pour des lanternes et les mises au point pour des attaques. Vous donnez d’ailleurs la meilleure illustration de cela en osant nier une évidence, à savoir que le gruyère comporte bien des trous.
Sachez, cher ami savant, que si l’emmental a effectivement de plus gros trous que ceux du gruyère dont il ne constitue qu’une variété, d’ailleurs, le gruyère est bien parsemé aussi de trous au point qu’il a donné lieu à nombre d’expressions populaires que vous devez connaître mieux que moi, vous prétendant savant.
Comme d’autres, vous refusez de prendre en considération la fin d’un monde d’égoïsme périmé et la faim de l’univers pour un monde nouveau plus solidaire. C’est l’ère de la postmodernité, et elle est aussi celle de ce que je qualifie de Mondianité.
Et je termine comme vous avec du fromage, mais plutôt celui de ces profiteurs mercantiles d’Occident qui continueront encore longtemps d’en profiter aidés en cela par leurs complices dans les pays du Sud et la conscience encore assoupie dont vous donnez une belle illustration. Réveillez-vous l’ami, sinon continuez à dormir; mais alors je vous dirais adieu !
Cher Othmane,
Vous êtes un utopiste et comme tout bon utopiste, vous ne tolérez pas la contradiction, c’est édifiant.
Vous invitez autrui à se réveiller mais êtes vous bien sûr de l’être vous même, éveillé ?
Croyez vous qu’en cette période de chômage galopant, de montée des nationalismes, du rejet de l’Islam, le moment soit bien choisi pour parler Utopie ?
Je partage vous souhait d’humanité, de partage, de bienveillance, mais contrairement à vous je sais qu’il ne s’agit que d’utopie.
Et cette utopie occupe longuement longuement les hommes qui choisissent de débattre plutôt que d’agir.
A bon entendeur
Mon amie,
Ce n’est pas ne pas tolérer la contradiction que défendre fermement ses vues. Ce sont ceux qui vous traitent d’utopistes qui, véritablement, refusent la contradiction. La différence est que d’un côté on a une pensée humaniste et humaine qui croit que tout est possible, pensant et agissant en conséquence. De l’autre, on a une pensée quasi dogmatique qui, par principe, juge d’office certaines choses irréalisables et refuse de voir les choses en face en les cataloguant en utopies. Qui donc rejette la contradiction?
Perso, je l’accepte, car elle nourrit mes convictions; mais je la discute et la conteste, y compris sévèrement, comme on contesterait aujourd’hui une thèse prétendant que la terre ne tourne pas autour du soleil. La nuance est bien énorme; car sans cela, le débat tournera en rond et ne servira à rien, si du moins la volonté est bonne.
S’agissant de l’utopie, je suis de ceux qui ne croient pas à ce mythe. Je vous renvoie à ce sujet à mes autres articles sur Nawaat. Je le dis et le répète ici : il faut savoir aller au-delà de l’utopie, là où l’irréel devient une réalité tangible et féconde. À ce propos, je me permets de vous inviter à lire ce qu’écrit l’école sociologique de l’imaginaire, cet imaginaire si ignoré qui, pourtant, nous fait et nous défait. J’y ai aussi consacré quelques articles.
Cher Farhat, N’avez vous pas la crainte, en diffusant cette
idée utopique de la franternité et de l’humanité que l’occident
devrait à nos enfants, de les envoyer toujours plus nombreux braver
la mer et les passeurs véreux, les nouveaux marchands d’esclave ?
N’avez vous pas peur, en entretenant l’idée selon laquelle
l’Occident nous doit quelque chose, à nous Africains, que nos fils
abandonnent encore plus toute idée de bonheur en Afrique, pour
aller la chercher vainement en Occident ? Moi, je le crains.
j’adhère totalement à l’humanité, à la solidarité, à la fraternité
entre Frères Humains, mais c’est facile pour moi, du fond de mon
bureau bien chauffé ou de mon appartement bien confortable, mais
les Occidentaux ne l’entendent plus de cette oreille, notamment
ceux qui sont au chômage, ceux qui doivent renoncer aux soins
médicaux parce qu’ils n’ont pas l’argent nécessaire, ceux qui
doivent renoncer aux lunettes pour leurs enfants pour les mêmes
raisons, etc etc. L’humanité, la solidarité entre Frères Humains
devraient être notre point cardinal à tous, mais n’est ce pas un
leurre d’attendre de gens qui souffrent qu’ils soient dans le même
temps généreux ? Je pense probablement comme vous qu’il y a de la
bonté en tout Etre Humain, qu’il est naturellement enclin au
partage et à l’accueil, mais lorsqu’il souffre, reconnaissons lui
aussi le pendant de cette humanité : l’égoïsme, l’instinct de
survie, le protectionnisme et le nationalisme, pour ne citer que
ces quelques exemples Ô combien éloquents. Je ne sais comment vous
exprimer le fait que je partage vos idéaux mais qu’ils doivent
rester des idéaux et non des incitations à ce que nos fils bravent
la mer et y disparaissent, ou que nos filles bravent les marchands
d’esclaves sexuels et s’y perdent. Aujourd’hui l’Occident se
paupérise et il est rude pour celui qui n’y est pas né. Il faut à
tout prix dissuader nos enfants d’aller s’y perdre car ne les
attendent que douleur, rejet et déception. Pourquoi encourir cela
alors que nous avons de beaux pays jeunes et dynamiques à
construire ? Bien à vous tous Fathia
Chère Fathia,
J’apprécie en vous lisant vos nobles sentiments, mais je mesure à quel point le conformisme logique et le dogmatisme ambiant arrivent à en altérer la pureté.
Tout d’abord, je souscris à ce que vous dites concernant nos pays : oui, nous avons de beaux pays jeunes et dynamiques à construire ! Idem pour nos jeunes appelés à y fonder le meilleur.
Par ailleurs, si j’appelle au droit à la libre circulation, je n’appelle pas pour autant à l’expatriation. Je me situe sur le plan du principe (le droit à circuler librement pour tous) et du constat sociologique (c’est en circulant librement qu’on ne s’installe pas hors de chez soi; c’est la circulation libre qui atténue la crise et non la fermeture des frontières qui n’est qu’un leurre, les causes de la crise étant ailleurs).
De plus, vous me comprenez mal : je ne dis pas que l’Occident nous doit quelque chose et qu’il est tenu de s’en acquitter; je dis qu’il ne doit pas oublier cela pour rectifier son jugement d’aujourd’hui et sa politique insensée. Il se doit de méditer son passé pour se corriger à la lumière de ses propres principes. Et je le lui dit car sa situation actuelle le commande.
Voyez-vous, je ne fais que renvoyer l’Occident (sans être nullement anti-occidental, bien au contraire) à ses valeurs, car j’estime que lorsqu’on parle en termes de valeurs, on doit donner d’abord l’exemple.
Sur la crise actuelle en Occident, comme ailleurs, je développe une autre vision dans mes articles. J’en parle aussi dans le plus récent, une adresse à nos propres gouvernants sur la question migratoire. Il est faux de cantonner la crise à une illusoire dimension économique; elle est d’abord dans nos têtes, la crise, et elle pointe le changement d’un paradigme.
Vous dites qu’il est facile de cogiter dans son bureau en termes d’humanité. C’est vrai, mais il est encore plus facile de le faire en termes d’humanité et de tromper les gens en désignant des boucs émissaires (les immigrés ou les clandestins) comme étant responsables d’un état de choses dont la cause reste la mauvaise politique des gourous de la politique et de la finance qui, eux, ne connaissent jamais la crise.
Vous parlez d’Occidentaux et heureusement ils ne sont pas tous pareils. Il y en a bien qui tiennent le même discours que moi et agissent dans mon sens. C’est que la bataille contre les égoïsmes et les manipulateurs est la même pour tous. Et ces Occidentaux éclairés se lamentent de trouver des gens de chez nous pensant comme leurs adversaires, les profiteurs. Il est rai que ces derniers viennent de toutes parts comme la cause de la justice n’a pas de pays.
Oui, comme vous le dites, l’humanité et la solidarité doivent être notre point cardinal à tous, et ce n’est pas un leurre d’attendre de gens qui souffrent qu’ils soient dans le même état d’esprit. Il ne s’agit pas nécessairement qu’ils soient généreux, mais qu’ils réalisant que la cause de leurs malheurs n’est pas celle que les POLITICIENS malhonnêtes leur désignent. Et que c’est la solidarité, la vraie, qui est de nature de gommer toute crise.
Il est normal comme vous dites encore que lorsqu’on souffre, l’égoïsme, l’instinct de survie, le protectionnisme et le nationalisme l’emportent. Aux justes parmi nous, aux plus courageux, de dire la vérité et de démontrer que la cause de nos malheurs n’est pas le bouc émissaire qu’on désigne habituellement; que c’est la solidarité qui est la meilleure protection contre nos malheurs et non le protectionnisme qui ne fait que les aggraver.
Voyez-vous, chère amie, le monde a changé et ce sont nos catégories de pensée qui n’ont pas encore suivi. Il est temps qu’on soit au diapason du nouveau paradigme en gestation, qui est un appel pressant à la solidarité et à l’humanité. Le monde est désormais une mondianité (contraction que je propose de monde et d’humanité).
Erratum :
L’erreur étant humaine, il fallait lire “en termes d’inhumanité” dans ce paragraphe à la seconde occurrence :
Vous dites qu’il est facile de cogiter dans son bureau en termes d’humanité. C’est vrai, mais il est encore plus facile de le faire en termes d’humanité et de tromper les gens en désignant des boucs émissaires…
Avec 2000 DN on pourrait ouvrir une petite affaire,
mon frère qui essaie d’aller a Lampedusa se les ait fait voler la première fois.
Donc disons 4000 Dinars, car il faut 2 ou trois tentatives avant que “ça marche” et encore je ne suis pas sûre qu’il ait dit la vérité… c’est probablement plus d’argent que ça.
il suffirait souvent de bien moins pour améliorer la situation (voir les exemples de micro crédit réussi comme avec ENDA ou les prêts familiaux courrant dans toutes les régions mais tout spécialement chez les Sfaxiens)…
Sauf que la paperasse est terrible.
Sauf qu’on peut pas être tous les maillons d’une chaîne de production, commercialisation et exportation…
Sauf que l’économie informelle est souvent tout ce qui nous reste – avec la nécessité de payer des rachwa tout le temps…
Et pour ceux qui comme ma soeur optent pour l’économie légale (enfin quasi légale, comment aurrait-elle pu faire avec sa petite (mini) usine si nous la famille nous n’avions pas travaillé “pour rien” pour elle, conduit le camion etc)… ? hé bien il y a défaut de payement des clients (Tunisiens ou étrangers) ou comme notre pauvre voisin et sa plateforme agro alimentaire, un crédit – attribué du ministère de l’agriculture en Février 2013 – qui n’est toujours pas versé en Octobre 2013… et c’est la clé sous la porte.
Les seuls qui ont décidé de ne pas partir c’est ceux comme mon cousin qui traine avec des gens qui “montent dans la montagne”, mais on se fait du soucis…il a les yeux éteints de ceux qui passent trop de temps avec les salafistes. L’alternative c’est pas mieux, c’est le fils du voisin que je ne peux pas sentir, car il déshabille les filles du regard et il est très vulgaire et nous rend la vie impossible. De plus, il passe toutes ses soirées à boire pour oublier, ou pire à fumer du zatla… La seule qui s’en sort peut être c’est l’autre cousine, celle qui est allée sur la côte et qui bosse dans une usine de confection à Nabeul. Mais pour combien de temps? un de leur fournisseur local est en faillite…
Cet Aid à Kasserine l’eau a été coupée (sauf dans une petite zone, le quartier où habitent beaucoup d’employés de la sonède). Comment voulez vous que les gens ne soient pas en colère ou dégoutés… Lampesusa c’est du quasi suicide, mais les chances de réussite sont plus grandes qu’avec un bidon d’essence.
Il faut arrêter de blâmer les autres et regarder un peu dans le miroir.
Ta7ya Tunis, Rabbi yostorna