Le 29 janvier 2014, le gouvernement de Mehdi Jomaa a pris place au démarrage de la deuxième République tunisienne et au commencement d’une nouvelle étape de transition politique. Mehdi Jomaa, ancien ministre de l’Industrie au gouvernement Ali Larayedh, a choisi, conformément à la feuille de route politique consensuelle, des technocrates pour maintenir les 21 ministères.
Les biographies et CV des “ministres-élus” ont fait le tour dans l’Assemblée nationale constituante, mais aussi dans les médias nationaux, internationaux et sur les réseaux sociaux. Mais,les médias ont-ils examiné attentivement les profils de nos ministres ? Ces CV sont-ils aussi irréprochables comme nous les ont vendu les médias de la place ? Qu’en est-il vraiment de cette équipe gouvernementale qui ambitionne, comme celles qui ont précédé, de réussir la stabilité politique, sécuritaire, économique et sociale ?
La première lecture des biographies des ministres ne laisse aucun doute sur le haut niveau universitaire de tous les ministres. Le premier ministre, Mehdi Jomaa, titulaire d’un diplôme d’ingénieur avec un D.E.A. de l’École nationale d’ingénieurs de Tunis (E.N.I.T.), a joué sur cet argument pour vendre son gouvernement. Les Tunisiens, quant à eux, étaient preneurs surtout qu’ils ont longuement critiqué le “casting” de deux gouvernements de la troïka basé plutôt sur l’appartenance politique.
Les diplômes ne sont, certes pas, suffisants pour la réussite d’un gouvernement, ni, du reste, une transition politique. C’est pour cette raison que Mehdi Jomaa a précisé que les deux autres critères de sa sélection sont : l’intégrité et l’indépendance de tous ces ministres. Deux critères essentiels et primordiaux pour réussir une étape politique délicate et infectée de doute, de tensions et de fragilité socio-économique.
Il est vrai que plusieurs noms dans la composition du nouveau gouvernement sont connus pour leur indépendance et intégrité. À l’instar de Ghazi Jeribi, ministre de la Défense, connu pour sa carrière à la tête du tribunal administratif de 2007 jusqu’au 2011. Ghazi Jeribi fut limogé en septembre 2011, ce qui a suscité une contestation de la part des juges administratifs qui ont qualifié cette décision de brusque et inattendue en accusant le gouvernement d’alors, celui de Béji Caied Sebssi, de vouloir contrôler le tribunal administratif et orienter les élections d’octobre 2011. Aussitôt limogé du tribunal administratif, Ghazi Jeribi se fait nommer par Foued Mebazaa, le 7 septembre 2011, à la tête du haut comité de contrôle administratif et financier. Les principales actions de M. Jeribi au sein de cette institution publique portaient sur la réforme du système de contrôle administratif et financier en Tunisie.
Cependant, la nomination du ministère de la Justice, Hafedh Ben Salah, mérite une mise au point rapide entre deux versions de son implication avec l’ancien régime de Ben Ali. En réalité, Ben Saleh a fait partie de l’observatoire des élections présidentielles et législatives de 2009. D’ailleurs, son nom figure dans le rapport de la Commission nationale d’établissement des faits sur les affaires de Malversation et de Corruption qui a confirmé que les membres dudit observatoire ont touché entre 300 et 6.000 dinars par personne.
Cependant, des témoins affirment que Ben Salah était plutôt indépendant avant de céder au régime de Ben Ali quand son « rival » à la Faculté de Droit et des Sciences politiques, Béchir Tekkari, a pris le ministère de la Justice. « À un certain moment, Ben Salah a eu peur de la vengeance de son rival très puissant et a été forcé de cautionner le régime de Ben Ali », nous ont confié deux de nos sources avant de préciser que Ben Salah tenait un discours plutôt militant à la faculté durant les années Ben Ali.
À noter que par rapport à la rivalité Ben Salah/Tekkari, c’est que les parcours des deux hommes ne se croisaient pas, ou si peu du fait leurs activités universitaires. Ben Salah est devenu doyen de la faculté de droit quand Tékari la quitte -en partie- en 1989 pour prendre le poste d’attaché à la présidence de la République, mais continua, cependant, à assurer quelques enseignements y compris après avoir été nommé à la tête du tribunal administratif.
En dehors des quatre ministères régaliens, les noms qui suscitent le doute par rapport à leurs intégrités et leurs degrés d’indépendances sont Amel Karboul, ministre du Tourisme et Kamel Ben Naceur ministre de l’Industrie, de l’Énergie et des Mines.
Amel Karboul, de sa part, a caché sa visite à l’État d’Israël pour offrir des formations sur le leadership et le coaching. En vérité, après le tollé de critiques auxquelles elle a dû faire face, surtout lors de la séance plénière de l’Assemblée nationale constituante, certains ont remarqué la suppression de sa biographie en français le nom d’« Israël ». Le nom de l’État d’Israël ayant été conservé dans la version anglaise du CV n’a fait qu’attiser davantage la polémique. Toujours est-il que la ministre aurait atterri à l’aéroport de Tel-Aviv, ce qui, au demeurant, contredit la version de Mehdi Jomaa affirmant que sa candidate du ministère du Tourisme s’est rendue en Cisjordanie (Palestine) pour former un groupe de Palestiniens.
Ce mensonge que plusieurs cautionnent sous prétexte de la compétence de Karboul et sa « fraîcheur » pourrait cacher d’autres mensonges plus graves dans le futur. Cela nous amène à une autre question, justement, plus délicate en termes d’intégrité, d’indépendance et de transparence. Il s’agit de la nomination de Kamel Ben Naceur à la tête du ministère de l’Industrie, de l’énergie et des mines.
Comme ses collègues, Ben Naceur est titulaire d’un diplôme d’ingénieur de l’École polytechnique à Paris. Il fait carrière à la société pétrolière Schlumberger et devient en 2012 le président de l’Institut technologique de la société Schlumberger au Brésil. Or, une question se pose : qu’est-ce qui pousse une personne à quitter définitivement une position très intéressante pour occuper un poste de ministre provisoirement ? Ou alors, Ben Naceur conserve-t-il sa position chez Schlumberger en étant simplement “en détachement” auprès du gouvernement tunisien, à charge d’un renvoie d’ascenseur le moment venu ? C’est, en effet, les craintes que nous ont confié certaines de nos sources : « Ben Naceur serait resté en détachement à Schlumberger le temps qu’il finisse sa mission de ministre de l’Énergie en Tunisie ». Certes, rien n’empêche un ministre de reprendre un poste qu’il a quitté suite à un portefeuille ministériel ; mais la simple supposition que cette double casquette existe vraiment ne peut que nous inquiéter s’agissant des intérêts nationaux, surtout dans le contexte actuel où la Tunisie constitue un marché d’énergie convoité par plusieurs multinationales. Visiblement, ce détail relatif à un agenda politico-économique d’ordre mondial ne semble pas déranger ou inquiéter Mehdi Jomaa qui a appartenu durant toute sa vie professionnelle à Hutchinson, une filiale du groupe français Total. C’est dire combien il est important pour l’opinion publique de garder un oeil particulièrement vigilant sur les contrats commerciaux entre l’État tunisien et Schlumberger. Et à cet égard, nous aimerions que l’Assemblée constituante puisse prochainement -lors d’une séance des questions au gouvernement- interroger le ministre Ben Naceur sur la nature des rapports qu’il a gardés avec son ancien employeur.
Sans doute que nous aurons l’occasion de revenir dessus…
Tu es en train de faire quoi brabbi? un article plein de doute, plain de haine, plein d’accusation. laisse les gens travailler puis fait ton jugement malla 3bad karrahtouna fi kol chay
Yez**** où est la haine ?
hhhhhh
Ce n’est pas mauvais d’être vigilant, mais avec une mentalité constructive avec un à priori favorable. Le pays doit décoller et pr ce faire il faut laisser ce gouvernement travailler, l’histoire de tel Aviv est vraiment débile !
Nous ne parlons pas de personnes ordinaires. Nous parlons de personnes entre les mains desquelles sont remis des pouvoirs considérables. La police, l’armée, le trésor public, l’administration et toutes les ressources de l’État. Certainement que des observations, voire des critiques peuvent paraître cruelles, voire injustes pour les intéressés. Cependant, le prestige lié à l’exercice de la fonction ministérielle et les immenses pouvoirs y afférents entraînent un revers de la médaille : la nécessaire vigilance des citoyens. Sans cette vigilance permanente, la démocratie est illusoire. Ce fut précisément le cas de Ben Ali dès l’aube du 7 novembre, période durant laquelle tout le monde a foncé, tête baissée, dans des niaiseries journalistiques indignes de l’intelligence des citoyens, ces mêmes niaiseries qui nous ont mené à la catastrophe.
Cette vigilance, aussi sévère soit-elle, s’IMPOSE aux hommes publics, ceux-la même qui ont pris en charge la gestion de NOS affaires, NOS intérêts publics, l’argent du contribuable et l’argent que NOS enfants devront rembourser. Celui qui ne souhaite pas affronter cette vigilance -qui peut parfois paraître excessive- de l’opinion publique, qu’il aille faire un autre métier. Désormais, dans ce pays, nul n’est à l’abri de la vigilance des citoyens, comme nul n’est irremplaçable.
Cordialement
Merci de cet excellent article. Ne vous laissez pas décourager par les critiques émanant de personnes qui n ont pas l habitude du journalisme d investigation. continuez,
Salam,
A la lecture de cet article, et d’ailleurs d’autres qui distile le même message de suspicion, j’ai encore du mal a comprendre ce qu’on reproche exactement a Jemaa, Ben Naceur, Karboul … L’imperfection humaine de leur excellent parcours? Le fait qu’ils aient eu avant leur nomination dans le gouvernement de M Jemaa une vie profesionnelle riche qui leur a permis de faire le tour le monde (en passant par Israel, le Bresil, Schlumberger et Total…) ? La Tunisie qui se targuait de n’avoir comme principale richesse que l’or gris des cerveaux de ses enfants a t’elle peur de ce qu’elle a tellement sacrifiee pour créer? Pourquoi ne pas voir dans de tels profils une chance et des opportunites enormes pour voir, a titre d’exemples, les TOTAL et SCHLUMBERGER venir investir en TUNISIE ou par ameliorer les relations avec le Bresil…? Travaillant dans une multinationale, je ne peux que m’incliner par respect devant leurs parcours, estimant la competence qui doit etre la leur, le travail qu’ils ont du fournir pour se hisser aussi haut rien que par le merite… Mais aussi, l’amour qu’ils doivent porter a ce pays, et le courage (ou l’inconscience) dont ils font preuve en rejoignant ce gouvernement qui ne pourra jamais reussir a contenter tous les tunisiens, tellement leur attente est forte et le terrain miné.
Bonjour,
Je ne vois point de reproche dans cet article, mais des questions à poser et des choses un peu délicates à ne pas prendre à la légère. C’est pas parce qu’on pose des questions que forcément la personne visée est coupable. Je sais que l’on a encore du mal à se défaire des habitudes héritées de l’Etat policier de Ben Ali et que le principe de présomption d’innocence a encore du mal à être appréhendé par la plupart, mais dites-vous bien que si ces questions trouvent réponses à la fois rassurantes et satisfaisantes, c’est le gouvernement Jomâa qui en sortira renforcé car débarrassé de tout non-dit et pourra travailler dans des conditions encore meilleures car rien ne lui reste à la traîne. Et c’est aussi une façon de rappeler à tout éventuel corrompu qui attend de prendre le pouvoir qu’il y aura des gens pour lui rendre la tâche infernale.
Bref, c’est avec ce genre d’article et ce genre d’attitude qu’on protège le travail honnête, éventuellement le gouvernement Jomâa, et notre pays de la corruption.
Cordialement
Au dela de ces aspects il est a noter que plusieurs ministres on tout simplement zéro compétence ds le domaine de leur ministère, a titre d’exemple il suffit de voir les CVs de la Ministre du tourisme, du commerce, etc. L’accent semble avoir été mis sur les diplômes mais est ce suffisant pour un gvt dont la mission doit être courte et garantir avt tout des élections rapides et transparentes.
Un autre profil a surveiller est celui du Ministre du transport. Les ex cadres de FMI/banques mondiales et autres institution internationales sont pour moi aussi des profiles a surveiller et ce gvt en a quelques uns
bonjour,
franchement c’est un article tres constructif, mais encore une fois plein de doute voir que certains prenderaient ca pour des accusations,
bon, amel karboul est aller former des gens a tel aviv en israel, ca changerait quoi si elle possede une certaine competence qui peut nous aider en tant que gouvernement transitoire ? elle n a pas changer de nationalite, ni pris pour echarpe le drapeau israelien !!
a mon avis, si on va fouiner dans les dossier, a chaque gouvernement on va trouver un petit hic qui deplairait aux autres,
personne n’est parfait a 100% , tant bien que mal, si le diable meme arriverait a nous sortir de la merde, on ferait bien de passer cette periode avec lui,
des la nomination du nouveau gouvernement et la fin du doustour, le niveau economique du pays releve la tete, a l instar du dinars, et de la bourse, sans parler du forcing au niveau operation securitaire sur le territoire,
on auraient peut etre du prendre un gouvernement de technocrate des le debut de la revolution, on aurait garantit au moins, un pays economiquement stable, et au point, et on laisserait une eternite pour les politiciens de se bataillier sur le pouvoir des chaises,
mais la aussi je me retrouve en train de poser des question, des doutes et des proposition,
pourvu que l’on arrive a relever le niveau economique et social du pays, et a garantir un minimum au zaouali, …
Bonjour,
Il faut être d’autant plus vigilant que nous savons tous que les “modèles” mis au point pour foutre le monde en l’air -finances internationales, environnement, inégalités sociales, injustice, pauvreté croissante, enrichissement illicite, sans compter le colonialisme et le néo colonialisme…- sont le fait d'”experts” et d'”élites” bardés de diplômes et, de surcroît, des meilleures universités du monde…De vrais terroristes, en fait. Et à voir les nombreux ravages qu’ils causent à l’humanité, et notamment aux plus démunis, l’on se surprend à imaginer des potences partout où ils passent afin qu’ils soient pendus haut et court…
Vous allez un peu loin quand même avec la pendaison. N’oubliez pas que la plupart des diplômés étaient beaucoup de premiers de la classe à l’école. Et, comme beaucoup de premiers de la classe, ils étaient dès leur enfance conspués par leurs camarades, ce qui marque à vie. En leur souhaitant la potence, vous ne faites que renforcer leur ardeur enfouie à rester premiers en tout, avec tout l’esprit de compétition que cela suppose.
Alors que j’ai l’impression que vous militez pour la fin de l’esprit concours et pour que la réussite soit à la portée de tous :-)
Bonjour,
les “potences” sont de l’ordre de l’imagination qui nous surprend et qui n’obéit à aucun code. Elles sont, de ce fait, quelque part métaphoriques…Il n’en reste pas moins qu’au sujet de ces “experts” et autres “élites”, il y a des coups de pied au … qui se perdent…
Les tunisiens doivent s emanciper de la mentalité elitiste hérités de leur ex-colonisateur francais et que les pseudos- elites de Bourguiba et d Ben Ali ont instrumentalisé pour legitimer leur dictature. : “Je suis diplomé donc je suis superieur a vous et par consequent j ai le droit de decider de votre vie”.. Dans une democratie ce ne sont pas les titres universitaires qui expriment la volonté des electeurs. C est la confiance politique accquise aupres des electeurs pour
l execution de programmes sociaux-economiques presentés par les politiciens qui legitime le pouvoir et non les diplomes universitaires comme le croient aveuglement trop de tunisiens.
D ou le ridicule de gouvernement de competences neutres ( sic !) a u lieu de politiciens elus democratiquement par le peuple parce qu ils ne sont pas neutres !!!
La majorité des ministres des gouvernements qui ont gouvernés les pays scandinaves depuis la deuxieme guerre mondiale et jusqua nos jours ne se gargarisent pas d avoir de diplomes universitaires. Ce sont des ministres qui le plus souvent ont des formations professionelles non universitaires, ils parlent plutot de la confiance accordée par les electeurs ! . Ils ont étés elus pour leur volonté et capacité politiques a executer des programmes qu ils ont promis aux electeurs . Ils se sont entourés bien entendu des meilleurs experts existants pour faire ce travail mais ce ne sont pas les experts qui decident de la nature des programmes… Le formation dans une specialité quelconque, sanctionée par un diplome universitaire est un instrument qui aide a trouver et elaborer des solutions a des problemes techniques , financiers et eonomiques et non faire le choix et excuter des programmes sociaux-economique qui sont des choix politiques.
La nouvelle democratie se portera mieux lorsque les tunisiens seront guéris de cette maladie de diplomes Un diplome ne donne ni une legitimité politique ni comptence politique mais risque a donner le pouvoir a des experts et des bureaucrates qui font de la politique interessée sans aucun mandat de la part des electeurs. Du corportisme de diplomés et de pseudos competences neutres, apparamment un phenomene qui dans le monde ne se trouve qu en Tunisie ( sic!!)
Nous n’avons plus qu’à attendre les réalisations de ce nouveau gouvernement dont on ne peut rien reprocher pour le moment, attendons de voir le terrorisme éradiqué ,chose difficile pour y arriver à l’immédiat, attendons de voir les projets économiques se réaliser ,ce qui ne peut être fait du jour au lendemain, faut-il alors que le gouvernement Jomâa établisse un programme horodaté pour la réalisation de ces projets afin de pouvoir assurer un suivi nous permettant de passer aux élections, je pense que la tâche n’est pas du tout facile et il faut accorder le temps nécessaire pour sauver le pays du pétrin , une aide au gouvernement par le peuple est nécessaire pour y arriver