Quand celle ou celui dont la République a confié une arme et un uniforme se permet publiquement de qualifier de crime les choix politiques des gouvernants (et ce, par l’entremise de la propagation de ce qui relève du mythe, en l’occurrence la fausse allégation du démantèlement des services de renseignement), c’est que l’ombre de l’infamie du régime policier n’est jamais trop loin !

Que les politiques agissent à tort ou à raison, il appartient exclusivement aux urnes de les sanctionner. Il est intolérable, inacceptable, insoutenable et insupportable qu’un porteur d’un uniforme et d’une arme dise aux politiques ce qu’ils doivent faire ou ne pas faire. Seules les urnes sont qualifiées pour en décider. Et seuls les citoyens ne disposant pas du droit de porter les armes sont habilités à critiquer les choix de leurs gouvernants.

Faut-il insister sur le fait que ni les députés, ni les ministres, ni les magistrats de nos tribunaux ne disposent du droit de porter des armes (sauf dérogation exceptionnelle quant au motif et à la durée).

Dans notre pays et dans cette démocratie que nous voulons, il n’appartient pas aux syndicats de police de définir ni d’apprécier les choix et orientations politiques, y compris pour la politique sécuritaire. Et pour celle-ci, singulièrement, l’appréciation de ses contraintes est un acte hautement politique. Elle ne relève ni de la compétence, ni des prérogatives des syndicats de police. Ou alors, il ne nous reste plus qu’à confier la nomination des chefs de l’exécutif à des policiers et nos députés -aussi bons ou mauvais soient-ils- à les faire bénir par les porteurs d’uniformes avant leur investiture.

Que l’on comprenne bien qu’il ne s’agit pas ici de cautionner ou de dénoncer les choix sécuritaires qui ont été effectués. Ce n’est nullement l’objet de nos propos.

L’objet, c’est de rappeler que le pacte démocratique sur lequel repose les institutions définies par la Constitution tunisienne exclut définitivement tous les porteurs d’armes de ce pays, la police comme l’armée, de s’immiscer dans les choix politiques.

Libre à chaque Tunisien de faire de la politique. Et pour ceux qui portent des armes, qu’ils rendent l’uniforme, leurs armes et leurs badges et qu’ils descendent dans la seule arène politique définie par la Constitution tunisienne, celle qui consacre des mécanismes de gouvernance exclusivement civils.

 

Riadh Guerfali