Trois semaines après le début de l’assaut israélien sur la bande de Gaza, et contrairement à la coutume, l’Arabie Saoudite semble réduite au rôle d’un spectateur muet en dépit des centaines de morts et des milliers de blessés, pour la plupart des femmes et des enfants. Tout au plus, Riad s’est-elle contentée, aux premiers jours de l’offensive d’encourager l’initiative égyptienne en faveur d’un cessez-le-feu et de l’envoi d’une aide matérielle aux Palestiniens. Deux semaines plus tard, en guise de réaction officielle, le royaume wahhabite condamnait ce que son représentant à l’ONU dépeignait comme « d’abjects crimes de guerre ».
Haro israélo-saoudien sur le Hamas
Mais ce que la position officielle n’a jamais voulu exprimer, la presse s’en est expressément chargée en imputant au Hamas la responsabilité de l’offensive israélienne sur l’enclave palestinienne. Ainsi, le quotidien « Riad » écrivait que le véritable problème n’était pas tant l’hostilité de l’état hébreu, mais plutôt l’absence de dialogue inter-palestinien. En tuant les trois adolescents israéliens, Hamas, qui avait la possibilité de les monnayer contre la libération de milliers de prisonniers, a offert à Israël le prétexte qu’elle attendait pour fondre sur Gaza. Dans le même ordre d’idées, alors qu’Al Watan mettait en cause le rejet par les brigades Al Qassam de l’initiative du Caire dans l’intervention israélienne, Okaz incriminait le Hamas, dont les initiatives ont servi les desseins d’un ennemi, à l’affût du moindre prétexte.
Cette campagne massive de la presse Saoudienne contre le Hamas n’est pas nouvelle. Les relations entre ce dernier et Riad sont au point mort depuis l’échec en 2007 des « Accords de la Mecque » que l’Arabie saoudite impute au mouvement islamiste. L’arrivée des frères musulmans au pouvoir en Égypte a aggravé la situation. Le Hamas étant lui-même issu de ce mouvement, classé organisation terroriste par l’Arabie saoudite.
Cette prise de position vis-à-vis du Hamas rejoint, en tous points, celle de Shimon Peres quand il affirme qu’Israël ne représente désormais plus une menace pour les pays Arabes, mais que c’est le terrorisme arabe et, essentiellement le Hamas, qui pose problème à l’Égypte. En février 2014, l’ex-président israélien -prix Nobel de la paix- publiait une tribune dans le “Yediot Aharonot“ dans laquelle il saluait « la guerre déclarée par l’Égypte contre le Hamas à Gaza » avant de renchérir « dans cette guerre, nous ne sommes plus seuls ».
A toutes ces postures viennent s’ajouter les révélations de David Hearst, éditorialiste au Guardian et rédacteur en chef du Middle East Eye, dans lequel il écrit :
Ce n’est un secret pour personne que l’assaut sur Gaza est l’œuvre du palais royal. Bien avant l’Égypte, l’Arabie Saoudite avait cherché à asséner un coup à la résistance à Gaza, afin qu’elle se résigne à accepter les conditions d’un cessez-le-feu, et, dans la foulée, l’initiative de paix arabe.
Une vilaine surprise nommée résistance
Mais les concepteurs de l’assaut avaient sous-estimé la capacité de résistance dont le Hamas allait faire preuve. Au point que le roi Abdallah aurait, selon des sources saoudiennes, sommé l’Émir du Qatar Tamim Al Thani, à laisser à l’Égypte le soin de gérer le retour au calme, le Caire ayant déjà pris l’initiative d’un appel à la trêve, aussitôt rejeté par le Hamas. Les dirigeants égyptiens n’hésitent désormais plus à pointer du doigt la responsabilité de Doha, dans l’échec de leur initiative, motivé, selon eux, par une volonté d’interdire à l’Égypte d’Abdelfattah Al Sissi de revenir au-devant de la scène régionale. Hamas justifie, pour sa part, son refus de l’accord par son éviction des négociations préliminaires, tout comme l’ont été les Palestiniens et plus particulièrement les mouvements de la résistance. Autant d’éléments qui, ajoutés au timing et au feu vert donné à l’offensive, confortent l’idée qu’un axe Riad-Le Caire-Tel-Aviv existe bel et bien, fondé sur la détestation commune aux trois capitales des frères musulmans et du Hamas.
Debka, un site électronique d’information, proche des services secrets israéliens, affirme dans son édition du 15 juin, que le président Égyptien a donné son accord de principe à l’offensive israélienne, en représailles au soutien du Hamas aux Frères Musulmans, après le coup d’État militaire du général Al Sissi, contre le président Mohamed Morsi. Mais, précise l’article, le président égyptien a dû attendre le consentement de l’Arabie Saoudite et des Émirats, les deux bailleurs de fonds de son régime et de son armée, avant de donner son consentement à Israël. Le même journal revient à la charge le 8 juillet, avec des révélations, selon lesquelles Israël n’aspirait pas seulement à obtenir une approbation égyptienne, mais « avait espéré une entraide de l’Égypte contre le Hamas », entendez par là que l’Égypte s’implique directement dans les opérations militaires.
Les ennemis de mes ennemis…
Dans son article, David Hearst livre également d’autres révélations : « Les responsables du Mossad, et ceux des services secrets saoudiens ont pris l’habitude de rencontres régulières. Les deux services s’étaient concertés, peu de temps avant la destitution du précèdent président Mohamed Morsi. En symbiose sur le dossier iranien, ils ont également mis au point un scénario de frappes des centrales nucléaires iraniennes avec utilisation d’une base aérienne saoudienne… ». Et l’auteur de s’interroger sur « ce qui motive Israël et Arabie Saoudite à collaborer ensemble », avant d’apporter sa propre réponse : « Les deux pays ont des ennemis communs comme l’Iran, la Turquie, le Qatar, ainsi que le Hamas, et les frères musulmans, partout où ils se trouvent ». En guise de preuve de cette collaboration, l’auteur cite l’article du prince Tourki Al Fayçal, l’ex-chef des services de renseignements Saoudiens, paru dans le Haaretz, deux semaines seulement avant le Raid sur Gaza et dans lequel il renvoie dos à dos, les deux peuples, dont il dit qu’ils vivent une « tragédie humaine », « les Palestiniens vivant sous la botte d’un occupant tyrannique, position inconfortable campée par les Israéliens. Avec le temps, les deux protagonistes risquent de s’acheminer vers un isolement sur la scène internationale ». Un parallèle entre le bourreau et sa victime qui rappelle en tous points, « l’initiative Egyptienne » à laquelle s’accrochent, malgré son rejet par les Palestiniens, Le Caire et Riad, dans le sombre rôle qui est désormais le leur.
Il faudra sans doute attendre la fin de ce nouvel épisode tragique pour appréhender définitivement les véritables intentions de ceux qui dansent sur les cadavres de ceux de Gaza. Une seule certitude, cette énième agression contre l’enclave palestinienne ne manquera pas de rebattre les cartes pour un nouvel équilibre régional. Un nouvel équilibre dont on commence désormais à cerner les contours avec un positionnement au Liban de l’Iran, de la Syrie et du Hezbollah, le soutien de la Turquie et du Qatar au Hamas, et enfin le renforcement de l’axe égypto-saoudien, le tout, maculé du sang des populations gazaouies. En face, Israël et son allié américain, apparaissent plus que jamais déterminés à tout mettre en œuvre pour que les opérations militaires ou les négociations à venir servent au mieux leurs intérêts, dans la nouvelle configuration régionale qui semble se dessiner autour de l’Iraq, de la Syrie et des autres.
(*) Sur ce lien le Texte original : رسالة الرباط: أي دور للسعودية في العدوان على غزة؟.
Il est vrai que le 1er objectif de cet axe du mal, est de finir avec la résistance et l’idée même de la liberté qui anime le peuple palestinien depuis la colonisation britannique.
Pour moi, en 1948, la grande Bretagne n’a fait que léguer aux groupes terroristes sionistes la gestion de la colonisation. Qu’aujourd’hui les choses sont sorties de la main de la grande Bretagne et des mains de l’ONU, et qu’Israël à pris forme d’un état d’apartheid, la grande Bretagne demeure le 1er responsable de ce qui arrive depuis 1948 au peuple palestinien. L’actuel ordre international ”ordre des vainqueurs de 1945” a tout fait pour que le peuple palestinien soit anéanti en tant que nation et déraciné de sa propre terre. Gaza est la vrai image d’un occident démocratique qui gouverne. Quelle honte pour ces pays dis de droits de l’homme et du progrès !!!
s’ajoute aujourd’hui cet axe qui se formule autour des monarchies féodales du golf, l’Égypte du despote et Israël la sioniste, ça complique les choses pour la résistance.
Il est urgent pour la résistance de chercher d’autres soutiens à l’échelle universelle.
Les pays d’Amérique latine et du sud, plusieurs d’entre eux délogent de leurs pays les ambassades israéliennes, c’est déjà ça, mais il faut construire une opinion publique majoritaire et résolue dans son soutien à l’échelle planétaire pour soutenir activement la cause de la liberté et de la dignité en Palestine.
Le soutien de ces pays du continent américain est un élément de force qui universalise la cause palestinienne.
Il reste au solde des arabes, peuple et partis politiques de créer et construire une réelle culture de lutte contre le sionisme. Et cet axe du mal, ne pourra que rendre effectif l’émergence d’un réel axe de lutte et de résistance, plus fort et plus imposant.
Mais faut-il à ce monde arabe de se démocratiser avant, et que dans chaque pays émerge un projet national qui uni la société nationale dans chaque pays sur la base de fondamentaux partagés?
De toute manière, la vie nous a tous appris que l’histoire avance.
Ben Ali harab
Mandhouj Tarek.
Le problème des théories du complot c’est qu’elle restent assez floues.
Autant la partie de l’article sur la détestation d’une partie des dirigeants du monde arabe pour les frères est assez claire autant le reste est peu claire et fantaisiste.
Pour aussi degeulasse que soit la manière dont Israël même cette guerre, je pense aussi que le plus gros problème du monde arabe est effectivement les émanations des frere musulmans et autre groupes islamiste plutot qu’Israel.
Je m’étais fait la réflexion, lisant cet article, qu’il se verrait classer dans la case d’inspiration des “théories du complot”. C’est un peu le sort de tous ceux qui cherchent à comprendre les motifs qui poussent certaine partie de la population à braver la loi pour survivre, courant le danger de faire l’objet d’une “bavure”, et qui sont aussitot taxés d’invoquer “l’excuse sociologique”. C’est un peu, aussi, à l’image de tous ceux qui sont engagés à gauche en Tunisie, et qui sont vite taxés de “gauchisme”.
Les sources de ce type de propos, appelés “éléments de langage”, sont à l’extrème droite, en France, et fleurissent dans les officines de propagande du conservatismeen envahissant le champ social pour devenir d’usage courant dans la bouche ou sous la plume de ceux qui n’ont pas d’arguments.
Leur fonction est de combattre, en disqualifiant, tout travail d’enquète dont l’objectif est de mettre au jour les conflits qui travaillent les sociétés, opposent les nations et les peuples, en habillant le réel de leurs trouvailles mensongères et obscurcir les enjeux en prétendant à une transparence qui n’a d’existence que dans leurs constructions idéologiques.
Comme d’habitude vous delirez mon cher houssine; doublé de votre habituel fantasme de persécution.
Comme je me doutais, aussi, que notre “cher” Adrien nous fgratifierait d’un quelconque qualificatif, ou bien nous rangerez dans une catégorie nosographique.
C’est bien pour cela, ne souhaitant pas entretenir des échanges qui ont toute chance de se muer en passes d’armes, je ne m’adressais pas à ce “cher” Adrien dont les qualités et les savoirs n’ont d’égal que ses qualités intrinsèques.
Foin de ces balivernes! Du débat avec des arguments suffirait amplement à vous garantir contre les errements de votre tropisme.
S’agissant du sort fait aux Palestiniens, et de ce qui a cours à Gaza, Edgar Morin, Rony Braumann, Régis Debray et la veuve de feu Stéphane Hessel ont signé une “opinion” dans le “Monde” daté du 5 courant, qui en dit assez sur le sujet, et particulièrement sur les complicités ou duplicités d’une France …à l’image de ce continent toujours porté à faire la leçon au monde comme pour poursuivre ses propres démons.
Je vous renvoie a votre propre tropisme.
Mon propos est justement de remarquer que dans cette histoire il s’applique un tropisme particulier quand il s’agit de reconnaitre le côté absolument nuisible des enragés du Hamas et autres barbus jusqu’au boutistes qui n’en ont rien a foutre du sort des civils palestinien, pas plus qu’Israel.
Les récents articles de nawaat en témoignent, cette tragédie exite toute les prises de positions irrationelles et cristallise tout les fantasmes (percecution, théorie du complot). A l’échelle du monde arabe c’est une tragédie.