Il y a quelques mois déjà, nous exprimions le souhait sur Nawaat d’observer la HAICA et l’ISIE collaborer étroitement pour l’intérêt de la jeune démocratie tunisienne, tout comme, du reste, pour l’intérêt même de ces deux institutions. Nous écrivions, en effet, que « toute collaboration entre l’ISIE et la HAICA, pour réussir ce processus [démocratique], ne peut qu’aller dans le sens d’un renforcement mutuel de ces deux institutions. »

Nul n’ignore, notamment suite aux élections législatives, les désaccords ayant eu lieu entre la HAICA et l’ISIE à propos de la question du silence électoral. Aussi, le 29 et 30 octobre 2014, nous avons cherché à en savoir davantage en interrogeant la HAICA et l’ISIE sur l’état de leur collaboration, et ce, à travers la personne de M. Riadh Ferjani (HAICA) et M. Nabil Baffoun (ISIE).

Durant cet échange, dont voici la vidéo, M. Ferjani, avec sa franchise habituelle, a longuement expliqué la lecture de la HAICA fondant sa décision relative au terme du silence électoral.

Bien que les difficultés rencontrées par les deux instances constitutionnelles soient réelles, nous n’imaginions pas que la situation allait, durant les jours qui suivent, se dégrader autant.

Hier soir (20 novembre 2014), la HAICA a rendu publique une décision dans laquelle elle rappelle, au sein de son article trois, que l’interdiction des publications des sondages à la sortie des urnes prend fin à la fermeture du dernier bureau de vote sur le territoire national.

Or, ce soir, nous apprenons que cette décision de la HAICA fut neutralisée devant le juge des référés qui a sursis à son exécution à la demande de l’ISIE.

Que l’ISIE -à tort ou à raison- puisse avoir une lecture différente que celle de la HAICA, pourquoi pas. En revanche, ce qui est terriblement regrettable, c’est que ce différend entre deux instances constitutionnelles puisse se résoudre à coup de procès et non point par un accord consolidant, par la même occasion, l’autorité des deux instances. D’autant plus qu’il s’agit d’un désaccord portant sur quelques « misérables » heures.

Le 7 juin 2014 nous avions évoqué les futurs coups de canon qui allaient rugir face à la HAICA et à l’ISIE. Mais nous n’avions jamais imaginé que l’un de ces coups de canon allait être tiré par l’une des deux instances, visant en plein flanc sa consœur.

Ce soir, c’est la jeune démocratie tunisienne qui en sort meurtrie !