Le 5 octobre 2015, la ville de Bizerte fête la réouverture de sa dernière salle de cinéma, fermée depuis sept ans. Avec des petits moyens, Dhia Felah entouré par des amis artistes et passionnés de culture lance le défi de réanimer la vie culturelle à Bizerte. « La seule maison de culture de Bizerte n’attire pas le public. Les salles de cinéma ont fermé depuis longtemps et les spectacles sont très occasionnels à Bizerte. Depuis que nous avons ouvert cet espace, une communauté d’artistes s’est crée. Et la demande s’accroît sur les spectacles et les films que nous projetons » explique Dhia.

Principalement dédiée à la projection des films, le Majestic est aussi un théâtre, une salle d’exposition, un hub pour des clubs et un café culturel. Depuis sa création, l’espace a organisé 140 activités artistiques dans tous les domaines et trois festivals. Rasta Angela festival de musique, Rigole festival théâtre et show humoristique et la rencontre théâtrale de Bizerte qui aura lieu le 2 septembre 2016. Trois groupes de théâtre, un groupe de musique et d’autres clubs culturels profitent de l’espace gratuitement pour leurs répétitions.

Le Majectic, espace culturel
Le Majectic, espace culturel

Si certains espaces culturels arrivent à survivre, d’autres espaces privés ne s’en sortent pas. Dhia Felah explique que la viabilité de son espace dépend malgré lui des subventions de l’État. « Toute la logique du marché culturel est basée sur l’appui de l’État, le tuteur historique de la culture en Tunisie. Si vous devez faire de la culture vous devez avoir l’appuie de l’État, sinon vous êtes mort. Avant d’entamer le projet, je me suis informé auprès du ministère de la Culture et on m’a fait une vague promesse de soutien une fois le projet lancé » se rappelle Dhia.

Majestic est aujourd’hui en suspens. « Depuis le lancement, j’ai consacré le plus clair de mon temps à remplir les dossiers et fournir les factures pour avoir les subventions. Aucun responsable n’a accepté de me voir. le gouverneur qui ne trouve aucun mal à m’obliger d’accueillir sa femme et ses enfants gratuitement aux spectacles me tourne le dos et refuse de nous écouter. Mais si je laisse tomber l’affaire, le plus grand perdant sera le public de Bizerte » regrettele jeune entrepreneur.

D’après Dhia Faleh, ses demandes de subventions sont bloquées pour des problèmes de bureaucratie et de lois obsolètes. Les subventions n’arrivent, souvent, qu’au secours de ceux qui ont plus de souffle car ils ont plus de fonds. « Ceux qui bénéficient des subventions sont ceux qui en ont le moins besoin » ironise Dhia.

Dhia Felhi promoteur du Majestic
Dhia Felhi promoteur du Majestic

Les espaces culturels privés n’ont aucun statut juridique. Cependant, il y a quelques subventions qu’ils peuvent avoir pour le lancement, l’aménagement, l’achat de matériels de projection et la gestion de l’espace. Par contre, l’article 49 du code d’incitation aux investissements prévoit des incitations fiscales aux établissements de production et d’industries culturelles.De même,la loi 82-89 du 20 décembre 1982 relative à l’infrastructure culturelle indique dans son article 11 que « les locaux à activité culturelle destinée au public ne peuvent être déviés de leur destination initiale que sur autorisation du ministre des Affaires Culturelles».
En attendant une réponse du ministère de la Culture, le Majestic est obligé de fermer temporairement ses portes. « Mais ce n’est pas définitif. Nous ne baissons pas les bras ! Nous cherchons une alternative pour garder l’espace » affirme Dhia avec optimisme. En ce moment, il entame, avec l’aide de ses amis artistes, la réflexion sur des concerts de soutien au Majestic.