« 47Soul »… le nom du groupe est intriguant. Créé en 2013 à Amman, il est composé de quatre membres originaires de la Jordanie et des territoires palestiniens occupés en 1948. C’est justement en référence à cette date que le groupe fut baptisé, comme pour rappeler l’époque de l’avant Nakba, un temps où il n’y avait pas de frontières entre ce que les membres de 47Soul appellent Bilad Al-Sham. Ils sont doués à trouver des noms, notamment à celui de l’univers musical atypique aux multiples inspirations qu’ils ont créé : le Shamstep, cousin assumé du dubstep. Il s’agit d’un mélange de dabka, de musique électronique, de rap, de ragga, de rock et autres influences dont la fusion demeure inédite. « La musique est l’essentiel. Nous développons d’abord les compositions ensemble. Ensuite, viennent les paroles, au gré de l’inspiration du moment », nous confie El Far3i. Le cocktail est détonnant. En témoigne l’énergie dégagée par les quatre bêtes de scène, El Far3i, El Jehaz, Walaa Sbait et Z The People, sur la scène du festival international de Hammamet face à des gradins pleins à craquer et totalement déchaînés.
Éclectisme, innovation et authenticité
Walaa Sbait a livré une performance exceptionnelle. Il donnait des spectacles avec une troupe de musique et de danse traditionnelle palestinienne dès l’âge de 4 ans. A l’époque, il a même joué en Tunisie. D’ailleurs, il a rendu hommage à la révolution tunisienne en 2011 dans le morceau « al-Thawra al-Khadra » avec une pléiade d’artistes de la scène alternative palestinienne. Aujourd’hui, le jeune homme est riche de ses expériences de ragga man, notamment celle au sein du collectif Ministry of Dub Key. D’ailleurs, chacun des membres de 47Soul a forgé un fort background en un des genres de la musique actuelle durant les années passées. « Le Shamstep vient de l’influence de l’expérience musicale de chacun de nous. L’idée est de faire une musique qui parle à tout le monde mais qui soit attachée à nos origines », explique El Far3i, à l’origine rappeur. Et il poursuit : « Nous nous sentons particulièrement connectés dans nos concerts dans des pays où les peuples luttent pour leurs droits, en l’occurrence ici en Tunisie ».
El Far3i s’est distingué par ses textes conscients et sa casquette d’instrumentiste jouant à la guitare mais aussi aux percussions. Z The People, qui a souvent évolué aux Etats-Unis, apporte la mélodicité du RnB et la tonicité des sons électroniques, notamment en interprétant avec un clavier synthétiseur le son du mijwez, instrument à vent traditionnel du Proche Orient omniprésent dans les musiques de mariage. Pour sa part, El Jehaz donne de la densité mélodique confirmant ainsi l’universalité de 47Soul. Il a été, bien avant cette expérience, le guitariste d’un des groupes de l’avant-garde musicale arabe, les Jordaniens d’Autostrad.
L’universalité du Shamstep
Le message de 47Soul est tantôt livré en arabe tantôt en anglais. « Nous sommes très chanceux. Nous avons eu l’opportunité de voyager et de résider à l’étranger. Je pense qu’on doit à cela notre capacité à transmettre un message universel », souligne El Far3i. Le groupe, rassemblant des membres de culture musulmane et autres d’origine chrétienne, conteste la politique d’apartheid sioniste, prône la liberté de circulation et défend la culture palestinienne. Pas de frontières, pas de discrimination sur la base de la religion, de la nationalité, ou autre, comme revendiqué dans des chansons telles que « Every land is a holy land » [chaque terre est une terre promise] et « Don’t care where you from » [peu importe d’où tu viens]. Le succès de l’alliage de musique festive et des textes célébrant la résistance est fulgurant. De quoi pousser El Far3i à s’avouer « étonné, ainsi que les autres membres du groupe, de l’engouement et du succès que leur musique a connu depuis 2013, notamment en Palestine ». Et d’ajouter « ce succès nous motive à continuer à faire ce qu’on aime malgré les critiques acerbes des puristes ».
La musique de 47Soul peut paraitre familière, rappelant à la fois les mariages palestiniens, jordaniens ou syriens ainsi que l’univers endiablé de la musique électronique. Un mélange détonnant qui fait souffler un vent novateur sur la scène musicale arabe. Aujourd’hui, après leur EP sorti en 2015 et intitulé « Shamstep », ils travaillent sur un nouvel album à paraître prochainement. Et après Hammamet, ils s’envolent pour poursuivre leur tournée européenne qui les emmènera au Royaume Uni où ils se produisent le plus ainsi qu’en Turquie, en Allemagne, en Suisse et au Danemark.
on ne peut qu’encourager ce groupe, qui évidemment se reproduit partout, sauf en israel.
israel est un pays théocratique, d’apartheid et de discriminations vs. les palestiniens, devenus étrangers dans leur propre pays, la Palestine.
les médias occidentaux ( vous savez qui les possèdent, qui les contrôlent ) donnent toujours une image positive d’israel. ce sont de méchants terroristes palestiniens qui occupent des terres israéliennes … israel fait des miracles dans le désert, parait-il … et ne parlent jamais des 300 + armes nucléaires d’israel, capables d’anéantir toute la région …
et puisqu’il y a plein de déserts aux USA, pourquoi ne pas délocaliser tout israel aux USA ??
entre Nevada et New Mexico, par ex. Ils y feront sans doute plus de miracles , et laisseront la Palestine aux palestiniens, hein ??