L’information en question s’est basée sur des articles diffusés par les sites «El-Hassade» et «Ettounsi», indiquant que l’annulation du spectacle« Just Abdelli » programmé pour le 13 août a été décidée par la ministre de la Culture, en coordination avec le ministère de l’Intérieur. Selon les mêmes sources, cette mesure intervient dans le contexte de la polémique suscitée par les sarcasmes de Lotfi Abdelli sur la culotte d’Abir Moussi, la présidente du Parti Destourien Libre.
Vérification faite, il s’avère que le spectacle de Abdelli n’était tout simplement pas programmé à Carthage, le jour de la fête de la femme. Il devait plutôt avoir lieu dans le cadre de la 45ème édition du festival international de Boumakhlouf au Kef. Cependant, la session a été annulée dans son intégralité, dans le contexte de la deuxième vague de l’épidémie du Coronavirus, selon un communiqué diffusé par le comité directeur du festival.
Concernant Carthage, Abdelli devait y présenter son spectaclele 16 août. Sauf que ce projet est à ce jour l’objet de négociations entre la société productrice et les autorités locales, avec au centre des discussions, le respect des mesures de prévention du Covid-19 et le nombre de billets mis en vente. Sur ce plan, le producteur de l’événement, Mohamed Boudhina affirme que la représentation devrait être reportée ou annulée.
A noter que les spectacles prévus à Kélibia et Sousse ont également été annulés. Mais contrairement aux rumeurs propagées sur les réseaux sociaux, les annulations ne sont pas liées aux propos sur les sous-vêtements de Moussi. La représentation de Kélibia initialement prévue pour le 8 août a été reportée parce que l’espace culturel Zine Essafi qui devait accueillir l’événement, n’est pour l’heure pas suffisamment aménagé pour préserver la sécurité du public et des artistes. C’est en effet ce qu’a confirmé le délégué de Kélibia, Mourad Belhadj Amor, sur les ondes de Radio Med.
Quant à la représentation prévue pour le 12 août à Sousse, elle n’a pas pu avoir lieu puisque le comité du festival de la ville avait annoncé, le dimanche 9 août, l’annulation par les autorités du gouvernorat de l’ensemble des spectacles programmés dans le cadre de la 62ème édition. La décision a été motivée par la crainte de la propagation du virus, et par la volonté de préserver la santé et la sécurité des festivaliers, a souligné le comité directeur du festival dans un communiqué.
D’aucuns ont considéré que les propos tenus sur scène par l’humoriste constituent une atteinte aux bonne mœurs et à la dignité de la femme tunisienne. Ainsi, pour les détracteurs du comédien Lotfi Abdelli, ce type de sarcasmes sont diffamatoires, insultants et portent atteinte à la dignité de la politicienne.
Pour sa part, la présidente de l’Union nationale de la Femme tunisienne (UNFT), Radhia Jerbi, a estimé, dans une déclaration diffusée par Mosaique FM, que les propos tenus par Abdelli lors de son spectacle tombent sous le coup de la loi 58 (relative à la lutte contre les violences faites aux femmes).
En revanche, d’autres ont considéré que la représentation théâtrale relève de la liberté d’expression et de création garantie par l’article 31 de la constitution, qui dispose : « Les libertés d’opinion, de pensée, d’expression, d’information et de publication sont garanties. Ces libertés ne sauraient être soumises à un contrôle préalable ». Dans cette optique, Abir Moussi ne serait pas visée en tant que femme, mais en tant que politicienne, d’autant plus qu’Abdelli a aussi évoqué, dans la même représentation, les sous-vêtements de Rached Ghannouchi et de Nabil Karoui.
Depuis la sortie de sa première édition en 2009 sous le titre «Made in Tunisia», le spectacle de Lotfi Abdelli a provoqué à plusieurs reprises la polémique. En 2012, l’humoriste verra plusieurs de ses représentations annulées, en raison des menaces agitées par des salafistes. Ces derniers ont estimé qu’Abdelli a porté atteinte àl’Islam en invoquant sur scène « 100g de Sobhann Allah » (Gloire à Dieu).
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