Extrait du film documentaire “Plasticratie” de Hammadi Lassoued. Nawaat, 2020. Crédit photo : Hammadi Lassoued.

Outre les hypermarchés, la Tunisie compte 147 moyennes surfaces commerciales selon le ministère du commerce. Les espaces les plus représentés sur le territoire sont « Monoprix » et « Magasin Général » avec respectivement 52 et 46 points de vente.

Vers une réduction progressive des SPUU

Le gouvernement a promulgué en janvier 2020 un décret fixant les types de sacs en plastique dont la production, l’importation, la distribution et la détention sont interdites sur le marché intérieur. Entré en vigueur le 1er mars 2020 pour les grandes surfaces et les pharmacies, ce décret interdit dans son 3ème article la production, l’importation, la distribution et la détention des SPUU entre autres types de sacs. « Nous avons rencontré des difficultés dans l’application de ce décret, vu les circonstances du Coronavirus et ses retombées sur l’économie. Notre objectif est de promouvoir les compétences industrielles pour produire les sacs biodégradables conformément à la loi et non pas de sanctionner les producteurs de sacs plastiques à usage unique », nous affirme Hedi Chbili, directeur général de la qualité de vie au ministère de l’Environnement.

Il ajoute à cet égard que le décret a déterminé le type de sacs en plastique utilisables et les sacs interdits, dont l’épaisseur est inférieure à 40 microns ou la contenance inférieure à 30 litres. « Les sacs distribués ne sont pas entièrement biodégradables. Mais nous travaillons actuellement à réduire le nombre de sacs plastiques dans les différents espaces commerciaux. Les grandes surfaces se sont conformées à cette disposition depuis mars 2017 », précise le directeur général de la qualité de vie.

Toutefois, le problème se pose au niveau du système de compostage des sacs biodégradables. Le compostage est une opération de transformation des déchets organiques en présence de l’air et de l’eau. Le produit final du compostage s’appelle compost et est utilisé en tant que fertilisant du sol. « Le compostage vise principalement à créer des engrais naturels. Mais en Tunisie nous n’avons pas encore un système cohérent pour le compostage des déchets », explique l’expert Anis Guerfi.

Extrait du film documentaire “Plasticratie” de Hammadi Lassoued. Nawaat, 2020. Crédit photo : Slim Medimegh

Réutilisables ou biodégradables ?

Les grandes surfaces disposent généralement de 3 types de sacs plastiques. On trouve les sacs d’emballage, les sacs à bretelles et les sacs tissés. L’épaisseur et la contenance font la différence entre un sac et un autre. Les sacs d’emballage sont très fins, leur épaisseur ne dépasse pas 12 microns (0,012 millimètres). Ils sont gratuits et destinés à conserver principalement les légumes, les fruits et la viande. Généralement, les sacs d’emballage sont jetables, d’où l’intention de limiter leur circulation dans les grandes surfaces. Les sacs à bretelles se vendent à la caisse à 150 ou 200 millimes. Leur épaisseur est de 40 microns (0,04 millimètres) et ils sont réutilisables. Quant aux sacs tissés appelés aussi sacs en polypropylène tissé (PPT) sont vendus à 1 dinar 500 millimes. Ils sont plus rigides et plus résistants que les sacs à bretelle.

La composition des sacs diffère d’un type à un autre. Les sacs d’emballage sont des sacs plastiques à usage unique (SPUU). Depuis mars 2017, le gouvernement a décidé de réduire leur usage dans les grandes surfaces, d’où l’exploitation exclusive des SPUU dans l’emballage de légumes, de fruits et d’autres produits alimentaires. Cette décision vise principalement à « réduire progressivement la quantité du plastique » d’après l’expert en plasturgie Anis Guerfi.

Contacté par Nawaat, l’expert explique que le gouvernement a opté pour une réduction progressive de la production des sacs plastiques en Tunisie. « L’idée est de réduire la quantité des sacs plastiques à usage unique et de les substituer progressivement aux sacs plastiques à usage multiple. Les sacs plastiques très fins sont vulnérables, s’envolent facilement et sont inutiles pour les ‘’barbéchas’’ (ramasseurs de déchets) », affirme Anis Guerfi.

Toutefois, l’expert estime qu’il faut distinguer les sacs biodégradables des sacs réutilisables. Seuls les experts ont la compétence d’évaluer le matériau avec lequel le sac a été fabriqué. Les sacs biodégradables sont des sacs qui se dégradent biologiquement. Ils sont fabriqués à base de maïs, betterave ou tournesol, etc. Tandis que les sacs réutilisables sont fabriqués avec la même matière que le plastique à usage unique mais avec une texture plus rigide.