Une photo circulant sur les réseaux sociaux en Tunisie montre un homme en train de détruire la route avec une pioche sous le regard d’autres personnes. Son acte a entrainé des dédommagements sur la voie. Cette photo a été mise en avant par le député du parti la Voix des agriculteurs, Fayçal Tebbini, sur sa page Facebook, le 24 novembre, pour dénoncer cette « forme de protestation rétrograde et inacceptable peu importe ses causes et ses justifications ». Sa publication a été largement relayée par les internautes pour dénigrer les contestations sociales qui ont émaillé le pays.

Or, cette photo n’a aucun lien avec les contestations sociales qui se déroulent en Tunisie. Et ce n’est pas la première fois qu’on détourne son usage pour manipuler l’opinion publique. Elle a ainsi été utilisée, fin septembre 2020, par des internautes guinéens pour discréditer le candidat de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée(UFDG) aux élections présidentielles, Cellou Dalein Diallo, dans sa course électorale contre son rival, Alpha Condé, actuellement élu président du pays après des élections houleuses.

« Cellou Dalein Diallo envoie ses émissaires pour détruire les routes faites par le Président Alpha Condé en moyenne Guinée », dénoncent des internautes guinéens contre le candidat de l’UFDG.

En réalité, cette photo a été prise en Afrique du Sud, le 22 septembre 2020. La destruction de la route est l’œuvre de protestataires de la commune de Pomeroy, dans la province du KwaZulu Natal. Ces manifestants ont bloquéla route R33 et procédé à sa destruction pour crier leur colère contre le manque d’approvisionnement en eau et électricité persistant dans leur région depuis quatre ans, comme le rapporte ce média sud-africain.

L’usage de cette photo par les internautes tunisiens intervient dans un contexte marqué par la recrudescence des contestations sociales à travers le pays. Dans le sillage du mouvement social d’El Kamour dans le gouvernorat de Tataouine, d’autres mouvements ont jailli dans plusieurs régions. A Kasserine, dans la délégation d’El Ayoun, des manifestants ont fermé, le 23 novembre, la vanne de pompage  au champ pétrolier de « Douleb ». A Gabes, des protestataires ont organisé depuis vendredi 13 novembre un sit-in ouvert dans les sites de production du Groupe Chimique en empêchant les employés de la société d’accéder aux sites de productions et aux locaux. La société a repris ses activités le 24 novembre. A Sfax, la vanne de pétrole située dans le champ de Kebiba, à Thyna, a été fermée, le 24 novembre, par des protestataires. A Béjà, une grève générale a immobilisé la région le 25 novembre. Les protestations gagnent également Gafsa, Kairouan,Sidi Bouzid. Tous ces mouvements réclament le développement régional et l’emploi.