Café fermé au village touristique de Sidi Bou Said, avril 2020. Crédit photo : Ahmed Zarrouki

En Tunisie, 75,6% des sociétés exportatrices font face à un manque à gagner au niveau de la demande des marchés extérieurs. Les investissements étrangers ont baissé de 14,2%, selon le projet de la balance économique 2021. Suite au confinement général et la baisse aiguë du taux de croissance, le gouvernement précédent a alloué 100 MD en tant qu’aides sociales en faveur des sinistrés, 100 dinars supplémentaires pour les pensions de retraite inférieures à 180 dinars et 100 MD pour les personnes mises au chômage technique. Il a également décidé de renforcer le stock stratégique en énergie et en médicaments de 500 Million de Dinars (MD). Ces dépenses n’ont pas été prévues dans le budget de 2020. Par conséquent, le gouvernement Fakhfakh a mobilisé des ressources financières à travers la restructuration du budget et les dons des partenaires étrangers. En outre, le gouvernement a décrété des mesures exceptionnelles pour l’accompagnement des couches sociales sinistrées, ce qui a pesé davantage sur la finance publique, déjà fragilisée.

Selon une étude conjointe du ministère du Développement et de l’Investissement et du PNUD, le taux d’investissement global est de -4,9% et les exportations ont régressé pour atteindre -8%. De même, 160 mille emplois ont été perdus, ce qui a fait grimper le taux de chômage à 18%. Par ailleurs l’étude relève que

les secteurs d’activité les plus impactés par la crise sont les industries non manufacturières (-29% sur le chiffre d’affaires), le tourisme (-23% sur le chiffre d’affaires), le transport (-19,6% sur le chiffre d’affaires) et le textile (-17,7% sur le chiffre d’affaires). Les autres secteurs d’activité sont également impactés mais dans une moindre mesure. Le secteur des industries agro-alimentaires, ou encore celui de l’enseignement, sont parmi les secteurs les moins impactés.

Autre impact économique enregistré par l’étude, celui de la « féminisation de la pauvreté ». Elle prévoit que la pauvreté monétaire aurait passé de 15,5% jusqu’à 19,7% réparties entre dépenses alimentaires, dépenses de santé et dépenses d’éducation. Elle constate d’autre part que « la crise du Covid-19 aggrave les inégalités de revenus, mais également les inégalités d’opportunités dans le sens où toutes les populations n’ont pas accès aux mêmes opportunités de financement, digitalisation, moyens de communication, etc. et sont donc exposées de manière différenciée au Covid-19 et à ses effets négatifs ».

Le secteur du tourisme a été parmi les plus affectés par la pandémie. D’après une note de synthèse préparée par les Nations Unies et réalisée en août 2020, le nombre de touristes aurait baissé de 58% à 78%, affectant ainsi les dépenses touristiques. La note constate que « le montant de cette chute passerait de 1500 milliards de dollars en 2019 à un montant compris entre 310 et 570 milliards de dollars en 2020. Cela mettrait en danger plus de 100 millions d’emplois directs dans le secteur du tourisme ».

La crise a affecté par ailleurs les prix des produits agricoles. L’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) a élaboré un document d’orientation relatif à l’impact de la crise Covid-19 sur l’agriculture et la sécurité alimentaire qui note qu’à partir du début du confinement général, « les prix des denrées alimentaires ont augmenté de 5%». La hausse des prix est due à « l’augmentation des prix des fruits de 13%, des poissons de 9,3%, des légumes de 5,7 % et des viandes de 5,1% ».