Le micocoulier
Cet arbre présent naturellement en Tunisie, est connu uniquement dans quelques stations localisées sur la Dorsale et en Kroumirie. Il pousse sur les escarpements rocheux en altitude. Sa taille peut atteindre les 20 m. Des arbres de cette dimension sont rares en Tunisie. Nous nous limitons ici à exposer l’état de conservation du micocoulier en Kroumirie. Nous ne disposons pas d’informations sur les populations vivant ailleurs.
En Kroumirie, l’aire de répartition de l’espèce s’étend entre Ghardimaou et Tabarka, mais ses populations sont disjointes, à la faveur de la disponibilité des habitats convenables. On peut le trouver à El Feidja, El Ghorra, Ain Draham, Tabarka, sans citer les localités précises où il se trouve. On peut également le voir en milieu urbain, car il a été planté comme arbre d’alignement pendant la période coloniale (Tabarka, Ain Draham).
Les feuilles de cet arbre sont ovales et dentées sur leur bordure. Elles chutent pendant la saison froide. Les fleurs sont de petite taille, de couleur verdâtre. Les fruits ressemblent à de petites billes, vertes au début, mais virent au jaune, puis au noir à maturité. Ils ont un goût sucré et sont comestibles.
La croissance du micocoulier est lente, ce qui accentue sa vulnérabilité à la pression qu’il subit. En effet, les gros pieds, malgré leur rareté, sont coupés à la base pour la fabrication de crosses de fusils par certains artisans locaux. Même si l’arbre peut se régénérer, les jeunes pousses sont à la merci des dents du bétail dont le passage fréquent compromet le maintien.
En plus de la coupe des grands pieds, les bergers pratiquent des coupes des tiges feuillues des arbres pour les offrir à leur bétail, surtout lorsque le couvert herbacé devient rare et que les animaux ne trouvent pas de quoi se nourrir. Remarquons pour l’occasion que ces pratiques ne concernent pas uniquement le micocoulier. Elles intéressent également le frêne, le chêne zeen, l’oléastre… Il en résulte des arbres mutilés dont la croissance peut être compromise surtout lorsque les coupes sont répétées à une grande fréquence. On le voit clairement sur le chêne zeen un peu partout, surtout dans les zones situées près des habitations ou dans les secteurs où la densité de cette espèce est réduite.
Le micocoulier ne fait pas objet de multiplication dans les pépinières forestières ni de semis direct dans ses habitats préférentiels.
Le houx
C’est aussi un arbre, connu uniquement du nord-ouest de la Tunisie, dans quelques stations éparpillées dans les forêts de chênes. Le nombre de pieds ne dépasse pas la dizaine par station. Plusieurs sites ne comprennent qu’un seul arbre. En somme, le houx est peu fréquent et peu abondant en Tunisie. C’est une espèce qu’on peut considérer comme rare. Dans les différentes stations prospectées, on ne voit que des pieds adultes, et les jeunes pousses sont rares, ce qui dénote d’une difficulté de régénération de cette espèce. Souvent, le houx pousse dans des stations ombragées. Mais dans certains cas, il pousse en plein soleil, à la lisière de la forêt, à la merci des personnes fréquentant ces sites, notamment les bergers. Même si les feuilles ne sont pas consommées par le bétail, nous avons constaté que certains arbres sont mutilés sans raison apparente.
Le houx se caractérise par des feuilles vertes et luisantes, larges et épineuses sur leur bordure. Elles sont persistantes, c’est-à-dire que l’arbre ne perd pas toutes ses feuilles en hiver. La hauteur des arbres ne dépasse pas la dizaine de mètres dans les meilleures stations. Le houx pousse au bord de l’eau, dans des habitats frais localisés le plus souvent en altitude. Chez le houx, les fleurs sont unisexuées, c’est-à-dire qu’il existe des arbres femelles (portant des fruits) et des arbres mâles. Elles sont de petite taille et de couleur blanche. Les fruits sont de petite taille, verts au départ et rouges vifs à maturité.
Les deux espèces objet du présent article méritent des mesures de conservation concrètes et efficaces. Idéalement, les sites où elles sont présentes devraient être interdits d’accès, afin de les maintenir et de leur donner des chances de régénération. D’autres approches peuvent être adoptées, notamment la multiplication en pépinière et leur utilisation comme arbres d’alignement en milieu urbain (particulièrement pour le micocoulier). Quant au houx, la préservation des stations où il pousse naturellement et leur renforcement par des semis directs peuvent contribuer à son maintien à plus ou moins long terme dans le pays.
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