A 21h, le Dj est déjà en place. Il a un rôle crucial: préparer la salle et faire monter l’énergie avant l’arrivée du rappeur. La première chose qui saute aux yeux est le choix inadapté de la salle de l’opéra pour un concert de rap. Du rap avec des places assises et un ruban qui sépare de plus de deux mètres la première rangée de la scène, c’est frustrant pour les spectateurs et pour les artistes. Ce dispositif fait ramer le Dj qui a du mal à embarquer l’audience avec ses samples soulful et ses battements qui se perdent dans l’espace. La mayonnaise ne prend pas. Le DJ décide de prendre les choses en main et crie au micro : « Levez-vous et approchez-vous de la scène. Mais ne dépassez pas la ligne rouge, comme l’ont dit les autorités ». La régie rallume la lumière. Les spectateurs se lèvent et s’approchent de la scène. On assiste alors à un chaos temporaire, comme au moment de prendre une photo de classe. Un triste spectacle qui met en évidence l’obsession des organismes étatiques de contrôler le divertissement, et leur peur panique des rassemblements.
A 21h30, BuKolthoum apparaît, poing en l’air, lunettes noires et baskets blanches immaculées aux pieds. Les premiers mots qui sortent de sa bouche sont chantés. Puis il s’adresse à l’audience : «je ne sais comment décrire le sentiment que je ressens ce soir. Ça m’a rappelé la Syrie. Protégez-vous les uns les autres, et protégez votre pays». L’audience l’acclame et il entame alors les morceaux de son dernier album «Talib», sorti en 2021. Les titres de ce dernier ont moins bien marché que ceux qui l’ont fait connaître. Mais il prend le risque de les imposer et de sortir de sa zone de confort.
Contrairement à la malheureuse tendance des playbacks, Bu Kolthoum rappe en live. La dramaturgie de son show se veut dans la nouveauté. Il profite pour faire découvrir des titres inédits de son prochain album et dit à l’audience: «vous êtes ma team ce soir. Votre avis compte”. Le Dj balance le titre «Nahkilek» encore inachevé.
Vers la fin du concert, après une heure quarante-cinq d’attente, le titre «Zamiloo» est lancé. Sans aucun doute l’un des tubes du rappeur. Le public connaît les paroles par cœur. Il en redemande. Bu Kalthoum s’exécute. Drapeau tunisien sur les épaules, il refait «Zamiloo».
A travers ce live, Bu Kolthoum a voulu s’émanciper de ses tubes à plus de 9 millions de vues sur Youtube, pour emmener son public dans son nouvel univers. Il n’est plus que ce réfugié syrien avec une bouteille de Jack Daniels dans les rues d’une ville européenne… Il est désormais un artiste affirmé de la diaspora arabe… et pas que !
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