J’ai fais un cauchemar, un terrible cauchemar, le 25 octobre je marchais dans les rues de Tunis, elles étaient pavoisées de drapeaux, des voitures passaient en trombe dans un vacarme assourdissant de klaxons et de youyous, un peuple qui chante et danse je n’avais vu cela qu’au cinéma ou dans certains pays étrangers, les flics se regardent

J’ai fais un cauchemar, un terrible cauchemar, le 25 octobre je marchais dans les rues de Tunis, elles étaient pavoisées de drapeaux, des voitures passaient en trombe dans un vacarme assourdissant de klaxons et de youyous, un peuple qui chante et danse je n’avais vu cela qu’au cinéma ou dans certains pays étrangers, les flics se regardent penser au-delà de leurs propres petites existences de cogneurs et de pilleurs autorisés, ils ne comprenaient plus rien au scénario et leurs talkies-walkies demeurent muets, ils ne savent plus quoi faire de leurs dix doigts et ont l’impression d’avoir des pieds palmés, les gens de mon pays sont donc si beaux, je vivais dans quelle dimension tout ce temps passé à faire suer le burnous, à casser des Hommes, à briser des os, à survivre des larmes d’autrui pour crever à l’ombre de ma misère, ils étaient étrangers à leurs propres ombres devant le cataclysme et perdus dans l’océan d’une nouvelle réalité, ils s’excusent presque d’être là et prennent des fleurs des passants qui ridiculisent encore plus leurs tenues fixées dans les mémoires à la galerie chafouille de la violence et de la terreur. Des soldat en tenue débraillées sifflent les jolies filles, des jeunes ont mis en marche une sono dans un magasin de ventes de cassettes à même le trottoir et des dizaines de couples s’épuisaient dans un grandiose fidzani pas merteh du tout, horreur ! enfer et damnation, même des sœurs voilées ne laissaient pas leur part de déhanchements aux chiens et elle n’étaient pas les dernières à rire de leur audace, l’eau coule en trombe dans les caniveaux, même le bitume semble faire peau neuve et vouloir ainsi se purifier des immondices et du souvenir même de la dictature, et les terrasses des cafés sont bondés ,certains bougnats offraient gratuitement de l’eau glacée avec un délicieux sirop de menthe de grenadine ou de citron,ce jour là les vendeurs de figues de barbarie étaient en rupture de stock et il n’y’avait pas de journeaux-torchons tunisiens dans les kiosques. La route du TGM était bondée de monde les voitures ne passaient plus, la foule était un tapis compact jusqu’à la « kahoua el alia » à sidi bou said. Les gens de toutes conditions pique-niquaient dans les jardins du palais de Carthage, comme s’ils étaient aux jardins du belvédère, une grande affiche est collée au panneau d’entrée de la grande porte du palais « la dictature est morte, vive la Tunisie libre et éternelle », le peuple de « la montagne rouge », de DenDen, Melassine rugissaient d’un même et seul bonheur et dans une gigantesque overdose s’éclatait les poumons d’un air frais et pur qui ne laisse aucune place aux calculs et aux soupirs, le peuple en prenant possession des édifices de l’horreur donnait un sens à son bonheur, à sa douce folie et à son existence et chacun se contemplait dans des millions de yeux étonnés d’être encore vivants.

Les portes des prisons étaient grandes ouvertes, leurs directeurs et les tortionnaires de service, matons payés au prorata de leurs crimes étaient en fuite, les quelques honnêtes gardiens ont formés des comités de vigilance pour que les assassins et les droits communs ne s’évadent pas, aidés en cela par les prisonniers politiques conscients dans leur chaire et leur sang des enjeux qui secouent les entrailles du pays tout entier et qu’il fallait assurer sa réputation dans ce sprint final. Devant les prisons leurs familles assis et réunis dans une prière collective ,à même le trottoir sur les safsaris des femmes, ont vidé leurs couffins et festoyaient dans une ambiance bon enfant sous les yeux hagards des belles bourgeoises venus s’encanailler avec le bon peuple, toujours dans le paraître et la démonstration opportuniste, mais personne n’est dupe les temps ont changé et les prébendiers et autres thuriféraires pourront danser le slow autant qu’ils veulent avec leurs propres chimères, personne ne les écoute et ils n’ont plus les moyens de faire mal ,cette oligarchie sans honneur, cette fausses aristocratie égocentrique du paraître et de l’argent roi aux dépends de l’être et de la sauvegarde de la nation et de la patrie se cherchent de nouveaux maîtres, de nouvelles alliances mais avec leur passé et ce qu’ils ont à vendre, les cœurs des tunisiens leurs sont fermés à jamais. Sans aucune distinction.
Comme par enchantement, les murs de la ville sont plus propres et ressemblent comme deux gouttes d’eau au mur des fédérés au père Lachaise, les portraits de la déréliction faite bipède zinétron 1er et dernier ont disparu des échoppes et des édifices, leurs emplacement jaunis par ces années de soumission et de servitude seront pour longtemps l’aide-mémoire des opportunistes et des arrivistes qui ramassaient les miettes en dépeçant la dépouille de leur pays et en jouant les geôliers de service de leurs propres frères et sœurs désarmés et pacifiques. Oui pour une fois on sentait dans notre terre bénie que la vie avait des odeurs et des senteurs, la vie quoi avec ses douceurs, ses puanteurs qui forcent son goulot d’aspic, de renfermé, de moisi, de froid polaire, une vie furieuse, océane, trépidante qui s’étale désormais toute entière offerte à ses conjurations, violente, mortelle, irréductible sans aucun passe droit, sans aucune frilosité ni demi-mesure.

Dans un coin de l’avenue Mohammed V , les membres de la jeunesse de RTL préparent un énorme bûcher pour un gigantesque autodafé des « œuvres » de Mezri Haddad, ceux qu’il a signé en son propre nom et ceux où il a servi de nègre à zinétron et à toutes les petites frappes incultes de son entourage, ce feu d’une ACHOURA qui n’est pas à son jour se déroulait sous la surveillance plus que susceptible de l’ignoble et grossier Wiesenthal tunisois, la langue de vipère Tsar Boris, qui ne loupe aucune occasion pour arrondir ses fins de mois, il était sponsorisé pour passer à la télé par Heineken et Gitanes maïs, la bière et les cigarettes populistes. Assise à la terrasse de l’Africa NCH qui, en appelle à l’ONU, Bush, Boutaflika, jurait ses grands Dieux qu’elle ne s’occuperait plus de politique et que dans l‘avenir elle se lancera dans le commerce des perruques. Cette pauvre et vieille dame a été tondue, aux dernières nouvelles par un mystérieux groupe Canadien portant des chemises à fleurs et ayant pour mascotte un énorme chat, assisté par un certain Kabbar en tant que conseiller technique sur la nature humaine, la pratique du pardon et de la tolérance, au vu du résultat il n’a pas dû être écouté, aux dernières nouvelles lui et son ami Tunisien se sont exilés dans la région libre du Djérid.

Ben Ali était entre les mains de l’état –major de l’armée, la grande muette récupère un de ses bâtards et parjure conspirateur, ils s’étaient tous réunis au grand complet pour sauver ce qui reste à sauver à bou Ficha. l’Ubu de Carthage est vraiment le roi des cons dés qu’il baisse la garde sa propre morve tente de l’étouffer, son pilote privé d’hélico, un tueur mafieux la trahit, au lieu de le déposer à Corléone, Sicile, chez un de ses complices chef de gang, il l’a livré aux généraux qui l’ont payé rubis sur l’ongle ,ces vieilles peaux avaient trop besoin de lui comme gage de leur soumission à l’ordre nouveau, pour justement sauver leur peau, un pantin médiocre et complètement ravagé sans ses maquillages et ses artifices, totalement abruti à l’émeri ; ce pauvre type de dictateur sans personnalité faisait sur lui en débit libre et chaque fois que ses gardiens lui demandaient s’il avait besoin de qq. Chose, la chose répondait :

-  deux CD d’OM KALTOUM, AL ATTLAL et AGADEN ALKAK…
et si c’est possible de lui emmener sa coiffeuse préférée pour une séance de « MERDOUMA », on lui répond qu’elle s’est enfuie en Libye, elle à divorcé par fax et va bientôt convoler en juste noce avec le ridicule bédouin de Tripoli, maintenant qu’elle est sûre que le ridicule ne tue peut-être pas mais qu’il peut garnir copieusement un compte bancaire à jamais insatiable, et que de toutes les façons avant que les choses ne changent chez kaddafi les dromadaires auront des ailes et les vautours seront des prédateurs.

-  madame, mon amie réveillez-vous !je m’excuse de vous avoir fait attendre…

J’ouvris les yeux et devant mon visage le sourire doux et radieux de mon amie Alima sénateur d’origine arabe élue au sénat français, assise sur un banc à l’attendre, je m’étais assoupie sous une grande stèle en marbre sur laquelle étaient transcris au burin tous les articles de la déclaration des droits de l’homme, mon enfant dormait aussi dans son kangourou tout contre ma poitrine. J’ai pleuré.