Profitons mes amis, de ces dernières heures où la planète toute entière assiste en direct avec nous à cette énorme mascarade électorale. Réjouissons de ces derniers moments avant que les rideaux tombent et que nous nous retrouvions seuls avec notre père fouettard. Celui-ci attend que nos invités et observateurs internationaux partent de la maison pour préparer aux petits turbulents de notre espèce, une belle raclée bien méritée. C’est en ces termes sévères qu’il s’est adressé à nous:
« A l’heure où le peuple tunisien vit au rythme de la campagne électorale de la présidentielle et des législatives, dans une ambiance de liesse incomparable, il existe une minorité infime de Tunisiens qui n’éprouvent aucune gêne, en ce moment précis, à s’en remettre à l’étranger pour quérir le soutien de parties extérieures qu’ils incitent à faire campagne contre leur propre pays et à mettre en doute ses réalisations et acquis »
Et de conclure, le bâton à la main:
«Nous prendrons toutes les mesures que prévoit la loi à l’encontre de semblable comportement, pour peu que la preuve en soit donnée dans l’opération électorale. Dans le même temps, la loi sera appliquée avec la même rigueur contre quiconque émettra des accusations ou des doutes concernant l’intégrité de l’opération électorale, sans fournir des preuves concrètes… »
Faut comprendre papa. Il est très susceptible. Quand nous critiquons sa gestion de la maison il nous coupe la langue grâce aux ciseaux de notre jardinier Ammar. Quand les voisins s’inquiètent de notre situation et que nous leur expliquions par nos mains et nos yeux ce que nous subissons à la maison, notre papa s’en offusque et nous accuse de salir l’image de notre maison et de déshonorer la famille. Il est vrai que notre maison est belle, et que son jardin est bien entretenu. Mais cela autorise-t-il papa à nous couper la langue?
Mais au fait, qui a dit que nous avons besoin d’un papa? Qui a dit que nous sommes une minorité infime?
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