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Le 22 Mars, Daech frappe à nouveau, cette fois à Bruxelles, au cœur de l’Europe. Une attaque sanglante qui secoue, non seulement l’Europe, mais le monde entier car la barbarie de Daech ne connait ni limites ni frontières. Il serait intéressant de se pencher, en ces circonstances douloureuses, sur le traitement médiatique des attaques terroristes qui deviennent quasi quotidiennes un peu partout dans le monde.

Rappelons d’abord qu’en termes de barbarie et de nombres de victimes, Daech n’est pas en tête de liste, l’histoire de l’humanité est malheureusement pleine d’épisodes sanglants. Le plus atroce dans l’histoire moderne est sans doute celui des bombardements de Hiroshima et Nagasaki, commis paradoxalement, à l’initiative du pays qui a combattu en première ligne le terrorisme. Une catastrophe sans précédent qui a fait le plus grand nombre de victimes innocentes et suite à laquelle le monde est entré dans la crainte de l’apocalypse nucléaire.

La pieuvre

Le monde aujourd’hui vit une autre crainte celle du terrorisme, un danger déstabilisant car l’affrontement n’a pas de champ de bataille. D’où la polémique en France, ces deux derniers jours, après les attentats de Bruxelles sur l’emploi par le premier ministre Manuel Valls du mot « guerre  ». Un choix sémantique inapproprié selon ses opposants qui estiment que les terroristes ne sont pas des guerriers mais des criminels. Dans les débats italiens, les analystes utilisent souvent le mot « pieuvre » pour qualifier Daech, un nom donné à la mafia italienne qu’ils utilisent maintenant pour désigner les tentacules de Daech présents partout dans le monde.

La guerre au terrorisme

L’affrontement armé avec les terroristes a commencé, suite aux attentats du 11 Septembre revendiqués par al-Qaida. Dans les jours, les mois et les années qui ont suivis, le discours politique relayé unanimement par les médias est le même : al-Qaida est l’ennemi numéro un de l’Occident, le danger à abattre pour garantir la paix dans le monde.

Mais la guerre au terrorisme, en Iraq et en Afghanistan n’a pas apporté la paix bien au contraire, elle n’a apporté que plus de dévastation et de tension dans la région. En effet, les interventions américaines armées ont eu des conséquences désastreuses, aussi bien en termes de pertes en vies humaines qu’en termes d’instabilité politique.

Daech un ennemi qu’on a vu venir mais qu’on n’a pas vu grandir

Après al-Qaida, émerge Daech qui semble encore plus sanguinaire et qui plonge le monde aujourd’hui dans la terreur. Contrairement à al-Qaida qui s’est trouvée, médiatiquement parlant, sur les devants de la scène après les attentats de New york, Daech est un mouvement armé dont les journaux télévisés ont relayé les « nouvelles  » lors des affrontements armés en Syrie.

Tel un « reality  » de mauvais goût, les spectateurs ont pu suivre la formation d’un nouveau groupe sanguinaire en Syrie qui a grandit trop vite. Et ce grâce, non seulement au recrutement en ligne des combattants et des mercenaires qui ont afflué des quatre coins du monde mais surtout grâce à l’argent et aux armes dont les combattants disposent. Les pays du Golfe étaient pointés du doigt et suspectés d’être à l’origine du financement de ces groupes armés, mais la sentence nous vient de France qui, après avoir vendu ses Rafale au Qatar et avoir discuté d’importants projets économiques notamment nucléaire avec l’Arabie Saoudite, lave les pays du Golfe de toute implication morale et matérielle des dérives de l’extrémisme religieux.

Le comble du terrorisme

Mais comment font-ils ces djihadistes sanguinaires qui ont déclaré la guerre à l’Europe et à l’humanité entière, à avoir autant d’argent ? Le comble du terrorisme, c’est que les ressources économiques de Daech ne sont pas un mystère : il parait que les recettes tirées de la vente de l’or noir représentent un tiers de ses ressources globales. De l’or qui aurait été vendu même en Europe. La question sur l’implication d’États membres de l’union européenne dans l’achat du pétrole de Daech et donc dans le financement de l’organisation terroriste a été soulevée à Bruxelles, au cœur même de l’Europe, lorsque l’ambassadrice de l’Union européenne en Irak, Jana Hybaskova, a déclaré devant la commission des affaires étrangères du Parlement européen: « Malheureusement, des États membres de l’Union européenne achètent le pétrole de Daesch  ».

Pourquoi les ennemis de Daech achètent son pétrole ?

Après chaque attentat en Europe, les spectateurs ont droit aux longs débats sur l’intégration, sur les dangers de l’islam, l’immigration, les réfugiés, les jeunes des cités, le choc des civilisations, les pronostics sur les attaques à venir… Les mêmes discours rabâchés qui ne sont pas sans importance mais qui n’expliquent pas comment Daech, que médiatiquement les politiciens prennent scrupuleusement garde à appeler « État », ait pu devenir aussi riche et influent.

Les médias aujourd’hui doivent poser les bonnes questions et rendre des comptes aux victimes du terrorisme et à leurs familles, de Damas à Bruxelles en passant par Tunis et Paris et leur expliquer pourquoi Daech est l’organisation criminelle la plus riche du monde ? Qu’est ce qui a été fait depuis plus de deux ans pour empêcher que Daech puisse s’enrichir ? Pourquoi les ennemis de Daech achètent-ils son pétrole? Une question à 500 millions de dollars qui entrent dans les caisses de Daech grâce à la vente du pétrole en contrebande jusqu’en Europe.