En cinéaste de la fracture, Mehdi Hmili met en scène dans « Streams » la trajectoire d’une mère aux abois à la recherche de son fils en chute libre. S’il fait un pas en avant par rapport à « Thala mon amour » (2016), il bute en revanche sur les graisses d’un naturalisme qui ramène sa peinture sociale à un cadre plus ou moins rond. Actuellement en salles.
« Thala mon amour » de Mehdi Hmili : tanguer entre deux luttes
Rares sont les films qu’on aimerait aimer d’un cœur net. Thala mon amour de Mehdi Hmili est de ces films-là. Seulement voilà : on aimerait apprécier son élan, avec ce que suppose le saut du petit bassin du court au grand large du long-métrage, mais on n’y arrive pas. Ceux qui connaissent sa magnifique Nuit de Badr, et le non moins intimiste Dernier minuit, savent combien le cinéma de Mehdi Hmili n’est jamais aussi troublant que quand il se laisse troubler. Car tout ce qu’il dit et met en scène, il l’a sur le cœur. Nul doute qu’il a mis de cette sincérité-là dans Thala mon amour, mais l’a vite diluée dans la naïveté.
Thala mon amour : l’incomplétude d’un reclassement symbolique
Globalement, le film est une réussite : son existence est en soi une entreprise de reclassement symbolique de Thala-Kasserine et de ce qu’elle représente, des mobilisations de 2011 et de ce qu’elles représentent, et par là même de l’idée de révolution et de ce qu’elle représente. Si vous êtes de “ceux qui croient encore”, allez-y.