La journée de la femme a été l’occasion pour notre Amina nationale de se rappeler au souvenir des Tunisiennes et des Tunisiens par un nouveau coup d’éclat à Paris avec des copines. Nos Amazones postmodernes ont fêté Ève de la meilleure façon, déambulant dans la rue dans le plus simple appareil, ainsi que Dieu créa l’humain. Cette nudité ne doit faire horreur qu’aux pudibonds et tous ceux qui n’y voient que la hideur qui est en eux.
Farhat Othman
Ancien diplomate (Consul-Adjoint au Consulat à Strasbourg : 1983-1984, Consul au Consulat Général à Paris : 1984-1992, Conseiller social de l'Ambassade à Paris : 1992-1996). Il a été écarté injustement du cadre diplomatique en 1996 par l'administration de l'ancien régime. Chercheur. Auteur de : Les Accords franco-arabes. Des origines des relations bilatérales à nos jours, L'Harmattan 2001, et de Guérir l'Alzheimer ! Manifeste hors poncifs, L'Harmattan 2012. Webmestre du site : FFrance-États arabes, Spiritisme arabe.M. Jomaa ne semble pas réaliser encore assez que le monde a changé et que notre peuple ne peut plus être gouverné comme avant. La troïka l’a expérimenté à ses dépens et surtout ceux du peuple; il en fut de même, avant elle, avec les gouvernements qui ont suivi la révolution. Celle-ci, rappelons-le, fut un coup du peuple, un coup de maître où le peuple a pris la parole, qu’il ne laissera plus à d’autres tant qu’ils n’auront pas changé leur manière de gouverner.
Bonne nouvelle, le dialogue national a repris et se poursuivra! Il en est toutefois une moins bonne, c’est qu’il continuera, tel qu’il se fait, à n’être pas en résonance avec le peuple et ses aspirations, mais la traduction des ambitions élitistes des partis. Et encore, celles des plus grands d’entre eux, les plus voraces en termes de pouvoir !
La première exigence de la Révolution a été la revendication de la souveraineté pour le peuple. Que font nos constituants ? Ils la confisquent au profit de grands partis qui ont prouvé depuis trois ans qu’ils ne servent que leurs intérêts propres. Cela se fait avec un scrutin proportionnel de liste qui s’est révélé contraire à la démocratie en Tunisie dont l’esprit suppose un rapport direct entre l’élu et son électeur.
Les discussions se focalisent actuellement à l’Assemblée nationale constituante sur le mode de scrutin, outre la concomitance ou non et l’ordre des élections législatives et présidentielles. Ce débat n’est certes pas inintéressant, mais il traduit l’obsession du pouvoir de nos élites politiques et leur désintérêt de l’intérêt réel du pays.
L’originalité de l’islam n’a toutefois pas résisté à l’usure du temps ni à la pression de la tradition judéo-chrétienne, imprégnant le tissu social et les mœurs de l’époque fondatrice. On l’a vérifié dans la recherche des jurisconsultes musulmans, consciemment ou inconsciemment, à moins à se distinguer des Écritures antérieures qu’à vouloir y coller, les islamiser en quelque sorte, quitte à altérer l’esprit de la foi et de l’éthique islamiques.
M. Jomaa, maintenant que vous êtes investi, faite en sorte par votre talent et votre pratique noble de la politique qu’on rompe enfin avec l’imposture ! Osez donc avoir le courage de la vérité que vous nous avez promise ! Révolutionnez la pratique tunisienne de la politique, au moins sur le plan de sa diplomatie ! Soyez celui qui aura le privilège d’être enfin le juste de voix et de voie dont rêvent la Tunisie et le monde !
Ce gouvernement est censé représenter un nouveau départ de la Tunisie; on l’espère tous. Mais force est de constater qu’il ne donne pas les gages nécessaires pour une pratique rénovée de la politique continuant d’user des recettes éculées, ayant échoué et condamnant à l’échec la nouvelle équipe. Car il ne suffit pas de changer les têtes avec la même politique pour réussir.
On a pu dire que le modèle tunisien est un rêve; or, tout beau rêve ne peut s’évanouir au petit matin; il s’épiphanise en réalité tôt ou tard, en ce qu’il est ou en muant en cauchemar. Sauvegardez le rêve tunisien, M. Jomaa; faites-en la vision parcalétique que retiendra l’histoire de votre politique, une sage gouvernance pour la Méditerranée.
Par ce qualificatif d’islamique, je vise, d’une part l’interprétation fidèle du Coran au vu non seulement de sa lettre, mais aussi et surtout de son esprit et de ses visées. Et d’autre part, la Sunna parfaitement authentique, soit celle consignée dans les deux recueils majeurs ; laquelle est interprétée pareillement selon son esprit outre sa lettre.
la révolution tunisienne, qui a été un modèle du genre et qui espérait aussi donner naissance à une constitution modèle, doit déchanter à la veille de son troisième anniversaire. Elle aura, à n’en pas douter, une nouvelle constitution bien meilleure que l’ancienne, mais pas assez explicite dans ses avancées, pas suffisamment avant-gardiste dans ses principes pour faire référence. Elle est juste originale par rapport aux constitutions des pays arabes et islamiques
L’abolition de la peine de mort est un marqueur éminent de la démocratie nouvelle en Tunisie. C’est une question stratégique urgente qu’il ne faut point négliger. Elle est de celles qui agissent efficacement et en profondeur sur l’inconscient humain en y éliminant freins et blocages. Or, on sait à quel point l’inconscient, quand il est gouverné par de fausses conceptions, nous fait mal agir.