Dans ce rapport, Amnesty déplore le non-respect des autorités Tunisiennes des conventions internationales. En effet, selon le rapport, Moncef Ladjimi et 22 autres officiers accusés d’avoir tiré sur les manifestants dans la tristement célèbre affaire des martyrs de Thala et Kasserine sont toujours en fonction contrairement aux stipulations des lois internationales qui voudraient que tout officier accusé de crimes contre l’humanité ou d’abus graves contre les droits de l’Hommes devrait être suspendu de ses fonctions en attendant le verdict.

Le rapport critique aussi le manque de garanties quand à la sécurité des familles des victimes, les avocats, et les témoins qui seraient sujets aux menaces qualifiées harcèlement [par le rapport] de la part de hauts officiers de police.

Maitre Charfeddine Kellil témoigne sur le déroulement du procès au tribunal militaire du Kef

Le rapport d’Amnesty International revient aussi sur les travaux de la commission d’investigation sur les incidents de la révolution qui, plus qu’un an après, n’a pas encore publié son rapport final.

Retour sur l’affaire Moncef Ladjimi

Rappelons que Moncef Ladjimi colonel des forces d’interventions (BOP), promu après le 14 janvier au grade de général des forces d’intervention et transféré plus tard à d’autres fonctions au sein du ministère de l’intérieur, est accusé d’avoir ordonné à ses forces de tirer sur les manifestants à Thala.

Le nom de Moncef Ladjimi a apparu en premier lieu dans un papier récupéré des débris du poste des BOP à Thala listant les officiers en charge des opérations à Thala. Nawaat a inclut ce document dans une alerte publié le 23 Avril 2011 (منظومة عمل فرق الموت خلال الثورة في مدينة تالة) et dans un article publié le 06 Juin 2011. (تالة الأبيّة تواجه الإقصاء)

Dispositif de sécurité à Thala – Le 10/01/2011

Nous avons appris plus tard que deux mandats d’amener ont été émises par le juge d’instruction chargé de l’affaire à l’encontre de Moncef Ladjimi et que ces mandats sont restés sans application.

L’opinion publique découvre ce personnage après sa mutation décidée par le ministre de l’intérieur actuel. Cette action a déclenché un grand débat, auquel Moncef LAJIMI a participé. Un débat qui a suscité de vives réactions (notamment à Thala).

Il est à préciser que Moncef Ladjimi n’est pas seulement liée à l’affaire des incidents de la révolution à Thala et à Kasserine mais aussi aux événements du bassin minier en 2008 où il a effectivement exercé en tant que commandant des forces de l’ordre. En effet, son nom revient dans beaucoup de témoignages relatant les faits du soulèvement populaire du bassin minier.

Témoignage de Om Larayess (Gafsa)

Trancher sur cette affaire relève des compétences exclusives de la justice Tunisienne à laquelle nul ne peut se substituer. Cependant, quatre faits sont incontestables:

  • L’incapacité des autorités de faire valoir la loi quand il s’agit d’officiers haut gradés ce qui fragilise d’avantage le processus en cours déjà contesté.
  • La lenteur déplorable des procédures judiciaires ainsi que le travail des différentes commissions d’enquêtes dont les rapports se font attendre.
  • Le non respect aux conventions internationale en la matière en ce qui concerne la suspension de tout officier accusé de crimes contre l’humanité ou de torture durant la période des procès.
  • L’absence totale des garanties de sécurité pour les familles, témoins, et avocats qui se trouvent dans un procès en face d’une machine policière toujours en place et toujours adoptant les mêmes méthodes et procédures.

L’affaire Moncef Ladjimi et le procès lié aux incidents de la révolution rappellent encore une fois l’urgence de revoir les procédures judiciaires en cours et le processus de justice tout entier. En attendant ceci, Moncef Ladjimi reste au yeux d’une partie de l’opinion publique coupable et innocent au yeux du pouvoir en place. Son affaire est devenue symbole du défi à laquelle la transition démocratique en Tunisie fait face.

Rapport d’Amnesty International sur le procès des familles de martyrs de Thala et kasserine contre 23 officiers de police et responsables:


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