Un manifestant face à des policiers lors de la commémoration de la journee des martyrs à Tunis le 9 avril 2012. afp.com/Fethi Belaid

Le lundi 9 avril 2012, de violents heurts entre manifestants et policiers ont eu lieu à l’av.H.Bourguiba, dans les ruelles qui lui sont adjacentes et à l’av.Mohamed V à Tunis. Cette journée devait être dédiée aux martyrs tués par le colon français il y a de cela 74 ans (soit le 9 avril 1938) et aux martyrs de la Révolution du 14 janvier 2011 assassinés par des coupables que la justice peine encore à démasquer, soit quinze mois après la chute de dictateur Ben Ali.

Lors de cette journée commémorative du 9 avril, la répression policière avait pour légitimité la décision du ministère de l’intérieur qui stipule la stricte interdiction de toute manifestation sur l’av. H. Bourguiba.

Affrontements entre manifestants et policiers

Suite aux appels de la société civile pour un rassemblement bravant l’interdiction du ministère de l’intérieur, ce dernier a pris ses précautions dès la veille. Tout au long de l’avenue, un dispositif sécuritaire a été renforcé : Mis à part les véhicules de l’armée toujours présents sur les lieux, trois fourgons de police étaient devant le bâtiment de l’ambassade de France, trois autres devant le théâtre municipal, cinq sur l’esplanade de l’avenue ainsi qu’un pick-up.

Ce lundi 9 avril 2012, de 10h du matin jusqu’à environ 17 heures, les heurts se sont déroulés d’une manière sporadique. La police se montrait parfois conciliante et calme et parfois devenait brusquement enragée contre les manifestants, les pourchassant à coup de matraque, de coups de pieds et en lançant des bombes de gaz lacrymogènes. On a été témoin de scènes absurdes, dont la plus brutale a été celle où un policier traverse la rue, courre directement envers un homme qui marchait devant l’hôtel l’International ; l’agent des forces de l’ordre lui donne un coup violent sur le cou avec sa matraque. L’homme tombe de son long et le policier rejoint de suite ses camarades.

Près du café l’univers, des hommes courent pour relever le blessé et le mettre sur une chaise, l’homme commence à dire la “chahada”, on essaye de lui faire boire de l’eau.
Sur place, on filme la scène mais des hommes s’interposent pour nous empêcher de le faire.

Un autre fait dangereux concerne la manière avec laquelle les policiers jettent les bombes de gaz lacrymogène. On a remarqué que certains d’entre eux l’ont respecté, en dirigeant le lanceur d’une façon oblique, vers le ciel. Par contre d’autres policiers ont visé tout droit et d’une manière horizontale les manifestants causant par là de graves blessures. Haifa, une jeune femme présente à la manifestation, raconte dans cette vidéo le non respect des procédures d’utilisation des bombes de gaz lacrymogène par la police.

Après ce terrorisme policier, la circulation reprend, bizarrement, comme si de rien n’était ; les passants se baladent de nouveau tranquillement pendant que les policiers discutent sur l’allée, adossés à leurs fourgons ou en position de barrage. Les manifestants se mettent devant eux avec leurs pancartes et leurs drapeaux sur le dos en lançant des slogans tels que : « Ministère de l’intérieur, ministère terroriste », « Ô Martyr repose-toi, on continue le combat » ou bien « Le peuple veut la chute du gouvernement »…

Vue la réaction impassible des agents des forces de l’ordre face à ces slogans, un étranger penserait que des instructions ont été données pour ne pas attaquer les manifestants mais un Tunisien habitué à ce genre de spectacle saurait pertinemment que la police va agir à nouveau d’une manière imprévisible. En effet, on pense que cela va s’arrêter mais quelques minutes plus tard une énième vague de personnes commence à courir. Les gens (manifestants et passants), effrayés, courent tous dans une seule direction pendant que d’autres choisissent de se dissocier de cette vague pour se diriger vers les ruelles adjacentes de l’avenue H. Bourguiba.

Les moments les plus durs auquels on a assisté étaient ceux où les policiers (minimum quatre), avec et sans uniforme, attrapent un manifestant(e) ou même un passant(e) et s’acharnent sur lui en le tabassant à coups de pieds et surtout de matraque.

Ensuite, le calme reprend de nouveau. Commence alors l’intimidation. Quelques policiers, après avoir chassé les manifestants, se pavanent en tenant leurs matraques et lanceurs de bombes de gaz lacrymogène.

Jets de pierres et de cocktails Molotov

Le 9 avril dernier, mise à part le degré élevé et inhabituel de la brutalité policière, n’a pas été différent des autres journées où les protestants étaient dans la rue. Le point commun en était la présence d’un groupe de jeunes garçons (entre 15 et 20 ans) qui commencent à chaque fois à jeter des pierres sur les policiers. Ils se déplacent en bandes et sont assez reconnaissables dans une manifestation.

Pendant cette journée, on était sur place et on n’a pas vu de jets de pierres à l’avenue mais plutôt dans les rues attenantes de l’Av. H.Bourguiba, au « Passage » et l’av. Mohamed V où quelques jeunes se munissaient des pierres trouvées par terre ou des chantiers sur les lieux pour les jeter sur les policiers. Ces derniers ripostent avec des bombes de gaz lacrymogène, s’avancent avec leurs fourgons. Les manifestants jetant des pierres s’enfuient. Entre dix et vingt policiers sortent du fourgon, certains parmi eux ne portant aucun signe qui prouve leur appartenance à la police “mise à part le gros bâton ou la matraque qu’ils tenaient à la main”.

A maintes reprises et dans d’autres articles, entre autres celui-ci datant du 16 juillet 2011, j’ai mentionné personnellement la présence d’un jeune (plutôt adolescent) qui jette un cocktail Molotov sur les policiers. Ces derniers ripostent à moins de quelques secondes par des bombes de gaz lacrymogènes ; tout le monde commence alors à courir et les agents des forces de l’ordre les pourchassent… La rapidité de la riposte de la part des agents des forces de l’ordre laisse place au doute quant à l’identité de ces jeunes perturbateurs.

Ce scénario est assez répétitif à dans quelques exceptions près où les manifestations se sont déroulées sans l’intervention de la police, notamment celles du 14 janvier et le 20 mars 2012.

Les policiers ont la phobie de la caméra et de la haine envers facebook

Suite à la répression très brutale de la manifestation du 6 mai 2011, le ministère de l’intérieur (Le ministre d’alors était H.Essid) a explicitement demandé à ce que les journalistes portent un brassard quand ils sont sur terrain pour que les agents des forces de l’ordre ne les attaquent pas et ne les confondent pas avec les trouble-fête. Cependant, il y a un fait, les policiers deviennent à chaque fois encore plus féroce quand on mentionne le fait qu’on soit journaliste sauf quand il s’agit d’un étranger. Dans une interview qu’on a faite avec Thierry Brésillon, travaillant pour la journal Rue89, il nous a confié :

Je peux vous dire que les journalistes étrangers ne sont pas plus tenus à l’écart que les tunisiens quand ça s’est mis à chauffer. La seule différence c’est quand tu parlais en français ils ne tapaient pas.

Sauf que cette fois-ci la police a attaqué aussi, avec le sourire, une journaliste étrangère. En effet, Julie Shneider, une journaliste française a été violemment tabassée. Dans son article « J’ai été frappée par les policiers tunisiens » publié sur lepoint.fr elle témoigne :

Tout va très vite. En quelques minutes, je me retrouve au sol. Je reçois des coups dans le dos, dans les fesses. Je porte mon sac à dos sur le devant. […] Finalement, au loin, j’entends mon appareil se faire fracasser sur le trottoir. Plusieurs fois. Des gens me hissent et me relèvent. Policiers ? Civils ? Je ne sais pas. Je suis poussée, tirée vers un fourgon de police. Un représentant du Pôle démocratique moderniste intervient et lance que je suis journaliste. Je le répète alors. Rien à faire. Je reçois encore des coups sur la tête. Certains sont donnés avec le plat de la main. D’autres, je ne sais pas. Des matraques peut-être. Aucune idée.

Il est important de mentionner qu’au-delà du fait d’être journaliste ou pas, les agents des forces de l’ordre deviennent encore plus agressifs à la vue d’une caméra et de celui qui la porte.

Le 9 avril, le scénario se dédoublait : Le premier c’était les moments calmes où on voit les policiers adossés à leurs fourgons ou faisant le guet et où les journalistes, photographes et tous ceux qui tenaient une caméra (professionnelle, amateur ou téléphone portable) osaient s’approcher pour filmer ou prendre une photo. Quant au deuxième scénario, surréaliste, on y voyait ces mêmes policiers se transformer subitement en chasseurs pourchassant tout le monde, notamment ceux qui avaient une caméra. Et, à chaque fois, la police usurpait les caméras soit pour les fracasser par terre soit pour les garder.

Cacher son appareil photo dans les moments où un policier vous fixe des yeux était une dure épreuve. La frustration de ne pas pouvoir prendre en flagrant délit ces transgressions policières augmentait à chaque pas. Dans l’une des ruelles attenantes à l’av.Mohamed V, on a assisté à une arrestation d’un jeune homme- qui marchait tranquillement-par un policier en civil qui l’a interpellé, l’a insulté, a commencé à lui taper sur la tête, à le bousculer pendant que lui répétait “Mais pourquoi vous me frappez ? Qu’est-ce que j’ai fait” ? Comme si la police avait le droit d’insulter et de frapper …

D’autres hommes se sont regroupés et ont molesté le jeune homme. De suite après un fourgon a traversé la rue et l’a embarqué. Etant accompagnée par des amis étrangers, on observait avec prudence cette scène. Comprenant le risque de brandir une caméra face aux policiers en civil, je l’ai gardée cachée sous ma veste en attendant le moment opportun de la sortir. A un certain moment, un policier est venu envers nous et a dirigé son lanceur de bombes de gaz lacrymogène dans notre direction en nous sommant de quitter les lieux…

Filmer à Tunis, en présence des policiers, en uniforme ou en civil, représente un risque, un danger, notamment pour les journalistes professionnels ou citoyens qui n’ont pas de gros moyens pour acheter, à chaque fois une nouvelle caméra puisque la police attaque en premier cette arme pacifique douée d’un pouvoir incontestable, celui de démasquer les bavures, dérapages et la brutalité disproportionnée des agents des forces de l’ordre.

A cause de ces conditions difficiles, certains choisissent de filmer de loin, en zoomant ou en se mettant sur le toit ou à un étage élevé d’un bâtiment, ce qui explique la mauvaise qualité des vidéos prises.

La majorité des scènes de réelle brutalité sont alors manquées à cause de plusieurs raisons notamment le tabassage du journaliste ou le vol de la caméra ou son fracassement de la part du policier.

A cause de cette situation précaire dans laquelle travaille le journaliste, les activistes, blogueurs et citoyens reprennent le flambeau en passant sur facebook leurs vidéos prises à la sauvette . Ainsi, ce réseau social devient la source de manne de preuves tangibles des agressions policières et une source de problèmes pour les agents du “désordre” puisque cela démasque leur irrespect et du citoyen et de la loi.

D’ailleurs, le témoignage écrit par Zakaria Bouguerra, un étudiant en médecine qui a osé brandir son téléphone dans d’autres circonstances pour filmer une agression policière démontre cette phobie des policiers du facebook

Quelqu’un m’attrape par derrière Aye une gifle Je suis fait un policier en uniforme m’a attrapé. Il arrache mon téléphone et me maîtrise. Il appelle ses amis « Un traître ! Un traître !» qu’il dit « Il veut nous mettre sur Facebook » Et commence alors une danse macabre entre moi et les policiers,une danse faite de va et vient, de coups et d’évitement. Leur nombre ne cesse d’augmenter. Je crie dans un dernier espoir que je suis innocent que je n’ai rien fait qu’ils n’ont pas le droit (mais comme j’étais dupe).

« M.Ali Larayadh, je ne peux me faire filmer quand je me fais tabasser par les agents des forces du désordre »
Dans le débat qui a eu lieu sur la chaine nationale le soir même de la journée du 9 avril 2012, M.Ali Larayadh, ministre de l’intérieur, a défendu la police en arguant que certains manifestants étaient munis de pierres et de cocktails Molotov. Il a par ailleurs demandé aux journalistes de transmettre la réalité des choses. A l’écoute de tels propos, je pose la question à M.Larayadh :

Monsieur le ministre, comment voulez-vous que je me filme en me recroquevillant sur ma caméra quand je suis en train de me faire tabasser par un policier censé me protéger ? A moins que j’aie de la chance et qu’une personne cachée quelque part, à quelques mètres de moi, puisse me prendre en photo, la peur au ventre, en détriment de sa vie et de sa santé, pour la passer sur facebook.

L’avenue H. Bourguiba appartient aux manifestants pacifiques !

Dans ce scénario vécu depuis qu’on ait arraché le droit de manifester, à l’av. H. Bourguiba et ailleurs en Tunisie, les contestataires ne s’arrêteront pas de s’imposer sur cette avenue où ils ont bravé la dictature de Ben Ali en criant à l’unisson « Dégage !»

La portée symbolique de cette avenue, devenue l’agora de la société civile, où des débats pacifiques ont eu lieu les premiers mois de la Révolution, où les cafés et les commerces étaient très occupés à servir les clients, où les touristes et le monde entier, étaient stupéfaits par l’effervescence de citoyenneté et de civisme en Tunisie…est indéniable.

Le 9 avril 1938, les citoyens et les militants en colère contre le colon français portaient aussi des pierres, ont même brûlé des voitures et se sont insurgé. En parallèle, le 15 janvier 2011, un citoyen tunisien bien âgé était sur l’avenue, en train de balayer. Quand on a voulu savoir ce qu’il faisait, il a répondu les larmes aux yeux
« Je suis en train de nettoyer la rue, c’est la moindre des choses, vous avez réussi ce que nous avons échoué… » Ces agissements d’ordre révolutionnaire ne peuvent être arrêtés que lorsque la Justice sera équitable et que les politiciens au gouvernement seront sur terrain pour peser le pour et le contre afin de régler les problèmes au moindre dégât.

Grâce à la pression de la société civile et des députés de l’opposition siégeant à l’Assemblée Constituante, le mercredi 11 avril, le conseil des ministres décide enfin d’annuler la décision du ministre de l’intérieur. Cette bonne nouvelle n’est qu’un premier pas pour reconquérir le droit de manifester, en attendant qu’il y ait une stratégie efficace pour stopper et les manifestations illégales et la répression policière.

Après ces dernières journées où cette décision du ministère de l’Intérieur a opposé les pro-Ennahdha (qui ont soutenu le ministre) et anti-Ennahdha (qui ont revendiqué le droit de manifester pacifiquement), une question reste à poser :

Est-ce que ceux qui ont soutenu la décision du ministre de l’intérieur utiliseront l’av. H. Bourguiba pour manifester ? Maintiendront-ils leur position de protection “du tourisme et des commerçants” au détriment de leur droit de manifester “pacifiquement ?”

Les partis d’opposition veulent qu’Ennahdha échoue ?

Les membres d’Ennahdha au gouvernement et ailleurs ainsi que le ministre de l’intérieur semblent être hostiles aux manifestants qui s’imposent malgré la décision d’interdiction de l’avenue H. Bourguiba.

Cette animosité face à certains politiciens qui s’opposent à la politique de la troïka -et du parti Ennahdha plus précisément- pourrait être légitime (J’utilise bien le conditionnel car il n’y a aucune preuve mais des thèses de complot contre le gouvernement). Connaissant les sales pratiques du RCD, parti du dictateur déchu, on ne peut croire que ses partisans ont capitulé après avoir perdu la main mise sur le pays. Certes, ce parti a été dissous au mois de mars 2011, mais il s’est multiplié en d’autres petits partis (une quarantaine approximativement) qui essayent de fusionner maintenant sous l’égide de Béji Caid Essebsi.

En outre, l’hostilité de Ali Larayadh et d’Ennahdha ne se suffit pas à l’RCD mais concerne aussi les partis de l’opposition qui ont-rappelons-le- lutté contre le régime Ben Ali. Rached Ghannouchi dira même lors d’un meeting mardi dernier que des “anarchistes staliniens” sont à l’origine des troubles qui ont eu lieu le 9 avril” !

Le parti islamiste considère que ces manifestations sont guidées voire manipulées pour réaliser un but : qu’Ennahdha échoue à assurer un travail honorable au cours de cette période délicate et post-dictatoriale.

Cette hostilité pourrait être légitime, avec ou sans preuve, (J’utilise encore le conditionnel car sans véritable enquête rien ne peut être confirmé) toutefois cautionner la répression ne doit plus être toléré.

Ainsi sur le plan de la communication, le ministre de l’intérieur a légitimé le comportement barbare de la police avant même de mener l’enquête, en se basant principalement sur de la suspicion envers les politiciens de l’opposition et des faits non avérés.

Par ailleurs, l’instauration de la stabilité et la sécurité en Tunisie ne peuvent émaner d’une police encore loyale à d’anciens directeurs-dont certains ont été éloignés- mais toujours en contact avec l’ancien réseau rcdiste. Les intérêts qui les unissent relèvent d’abord de l’ordre de leur propre sécurité- puisque la majorité est impliquée dans des affaires variant entre la corruption et la torture- mais aussi d’ordre financier… En plus, on ne peut devenir aussi rapidement « ange » après avoir été tortionnaire … La brutalité policière lors de la journée du 9 avril avait pour but de discréditer le travail de réforme du ministre de l’intérieur. L’enquête qui sera menée par une équipe indépendante du circuit embourbé du ministère le prouvera. En conséquent, l’évolution de la réforme au sein du ministère de l’intérieur dépendra principalement de l’efficacité du ministère de la justice.

Le ministre des droits de l’homme n’a pas publié de communiqué dénonçant la répression policière

Voulant réunir les différents communiqués de la société civile, des partis politiques et des ministères du gouvernement Jebali, on a contacté le ministère des droits de l’Homme et de la Justice transitoire.

M. Chakib Darouich, responsable de la communication nous a informé que leur ministère n’a pas publié de communiqué pour la simple raison qu’il soutient la décision de l’interdiction de manifestation à l’av. H. Bourguiba de Tunis.
On lui a demandé s’il y aurait un communiqué dénonçant les agressions contre les manifestants mais la réponse fut négative, cependant il nous a déclaré que chaque personne ayant été tabassée pourrait apporter un dossier, munis de photos, de vidéo, de certificat médical…prouvant ses propos.

Après avoir raccroché le téléphone, abasourdie par la réaction du ministère censé être celui des “Droits de l’Homme” et de la Justice transitoire… j’ai trouvé une vidéo circulant sur facebook dont le titre était :
« Samir Dilou (ministre actuel du ministère des Droits de l’Homme) lance de virulentes critique contre Ali Larayadh (ministre de l’intérieur actuel) ». En voici le contenu traduit:

Le prestige de l’Etat est un slogan rationnel mais on ne peut en parler sans évoquer le prestige du citoyen ! Les agressions qui ont eu lieu aujourd’hui à l’av. H. Bourguiba contre les manifestants, les jeunes, contre les journalistes sont très graves. Cela touche alors le prestige du citoyen mais aussi le prestige de l’Etat. Regardez ce que va raconter les médias étrangers demain concernant les agressions perpétrées contre les journalistes étrangers et tunisiens ! Ceci est dangereux.

Quant aux raisons de ces agressions … on ne peut revenir au discours désuet de l’ancien régime que c’est « des bavures individuelles qui ne reflètent pas la politique de l’Etat » Ceci est faux ! Certes il y a des bavures individuelles mais lorsque cela se répète et que ça devienne générale, on ne parle plus de bavures.

Le ministère de l’intérieur doit procéder à une réforme au sein de sa structure et au niveau de sa direction et de sa hiérarchie pour que la décision du ministre de respecter le citoyen dans la rue soit appliquée.

Après avoir visionné cette première partie de la vidéo, je pensais que le responsable de la communication au sien du ministère des droits de l’Homme n’avait pas coordonné ses déclarations avec celles de son supérieur, Samir Dilou…

Mais grande surprise, les facebookers tunisiens ont déniché des archives ces déclarations dignes d’un vrai ministre des Droits de l’Homme. Il s’est avéré que ce discours datait du 7 mai 2011, c’est-à-dire de l’époque où Samir Dilou n’était pas encore ministre, soit cinq mois avant les élections du 23 octobres qui portera son parti Ennahdha au gouvernement. Maintenant qu’il est au pouvoir, M. Samir Dilou soutient l’autre ministre du parti Ennahdha Ali Larayadh…

A ce moment là, je me suis rappelé les paroles de M.Kosai Jaibi avec qui j’ai fait une interview le 14 janvier 2012. Etant l’un des anciens partisans du parti islamiste (il a été torturé et emprisonné de 1993 jusqu’à 2006) je voulais savoir ce qu’il pensait du nouveau gouvernement où Ennahdha a eu la majorité des chaises au sein de l’Assemblée Constituante suite aux élections du 23 octobre 2011. Voici sa réponse

Ils détiennent les ministères les plus vitaux, où va-t-on ? On ne veut plus d’une nouvelle dictature. Ils doivent partager le pouvoir avec les autres partis qui ont combattu le régime Ben Ali… Sinon, ça sera la dictature.

Veuillez regarder la vidéo de M.Jaibi [ à partir de la minute 4.56s]

NB: Deux autres parties seront prêtes bientôt pour aborder d’autres points qui n’ont pas été mentionnés dans cet article. Il s’agira des réactions :

II-
-des politiciens et de la société civile
-de la police (On a contacté plusieurs fois le ministère de l’intérieur sans succès puisque aucun responsable de communication ou autre n’est disponible)
-du nombre exact des blessés
-des personnes arrêtées par la police
-des médias étrangers
-de l’impact de ces répressions policières sur l’image de la Tunisie et son tourisme
-de l’Assemblée Constituante

III-
Gestion du ministre de l’intérieur de cette crise sécuritaire où le droit de manifester a été menacé ainsi que l’intégrité physique et morale des citoyens qui a été touchée.