Comme nous l’avons expliqué sur nawaat dans un article en date du 26 juin 2012 c’est en cas de « péril imminent » que l’état d’urgence est proclamé, comme le mentionne le décret n°78-50 du 26 janvier 1978. Il déclare dans son article 1 que:
« l’état d’urgence peut être déclaré sur tout ou partie du territoire de la République, soit en cas de péril imminent résultant d’atteintes graves à l’ordre public, soit en cas d’événements présentant par leur gravité le caractère de calamité publique »
Plusieurs interdictions et restrictions aux libertés peuvent donc être mises en place par le ministère de l’Intérieur et les gouverneurs, qu’il s’agisse de la circulation des personnes et des véhicules, des grèves, de réquisitions, d’astreinte à résidence, de perquisitions ou de contrôle de la presse, radio, télévision…
« L’état d’urgence donne au ministère de l’Intérieur et aux gouverneurs, qui ont le monopole de la force en région, une plus grande amplitude d’action en matière de restrictions des libertés »
explique Rachida Ennaifer, professeur à l’université et spécialiste en droit constitutionnel comparé.
Une sorte de blanc-seing finalement qui peut se justifier en cas de situation extraordinaire mais qui semble démesuré au vu de la situation actuelle.
Car l’état d’urgence est toujours appliqué ! Il semble que le « péril imminent » soit toujours là sans que personne ne puisse le nommer. La présidence s’est fendue d’un communiqué de presse, encore un. L’état d’urgence est prolongé jusqu’à fin septembre pour garantir une bonne rentrée scolaire. Mais pourquoi ? Les responsables de la sécurité et de l’armée nationale ont sollicité ce prolongement. Mais personne ne semble capable de mettre un nom sur le danger imminent qui nous guette.
Du côté de la Présidence on explique que l’état d’urgence concerne les positions de l’armée. En effet il est plus simple de la mobiliser et de la placer là où les besoins se font sentir. Il s’agit aussi de son positionnement dans le pays notamment le long des frontières et plus particulièrement au sud au niveau du Sahara. On nous parle également de la protection de certains bâtiments publics, des ministères notamment. Quel péril imminent peut bien les guetter ?
L’armée refuse toute déclaration et renvoie vers le ministère de l’Intérieur. Pourtant le communiqué de la Présidence précise bien que c’est sur demande des services de sécurité et de la défense nationale que l’état d’urgence est prolongé.
Du côté du ministère de l’Intérieur, Khaled Tarrouche chargé de la communication est formel : « la situation est en nette amélioration par rapport à l’année 2011, malgré le fait qu’il y a quelques événements de temps en temps. Nous continuons nos efforts pour que l’application de la loi se fasse partout et pour tous et nous continuons à lutter contre la criminalité dans tous les secteurs des forces de l’ordre. » Et il renvoie au communiqué de presse du ministère de l’Intérieur, publié le 28 août dernier.
En fait ce communiqué ne parle pas vraiment de l’état d’urgence, mais plutôt des ordures qui jonchent les rues et des policiers-stagiaires qui les ramassent. Le péril immédiat serait-il le choléra ? Ou les cafards ? Non parce que voilà presque deux ans que les poubelles jonchent les trottoirs, on avait presque commencé à s’habituer aux joyeux feux de poubelles qui produisent une fumée horrible et noircissent les murs.
La rentrée scolaire ayant lieu d’ici quelques jours l’explication au prolongement d’un mois de l’état d’urgence sera caduque. Il faudra alors que ceux qui nous gouvernent commencent à plancher sur une explication plus crédible.
La seule explication à laquelle je pense, est la peur viscérale que ce gouvernement nahdhaoui ( ne me parlez pas de toïka…) éprouve pour sa propre ombre. Une ombre, copie conforme à celle de Ben Ali.
[…] claims of repression are supported by the fact that the Ennahda-led government has not lifted the state of emergency under which Tunisia has remained since the revolution. Furthermore, Tunisia’s government is […]
[…] Depuis 2011, la Tunisie a décrété 24 fois l’état d’urgence pendant 1353 jours, soit 72 % de la période 2011-2015. Chaque année, la présidence décret ou reconduit l’état d’urgence 6 fois en moyenne. Les taux élevés des année 2011 et 2012 sont en rapport avec les conséquences de la chute du régime. À partir de 2013, les assassinats politiques puis la menace terroriste a motivé son déploiement. Après un net déclin en 2014, l’année 2015, qui a enregistré trois attentats terroristes, annonce une reprise qui se poursuit en 2016. L’attentat du musée de Bardo en mars, l’attentat de Sousse en juin et l’attentat de Mohamed V en novembre. Les trois attentats ont fait 75 morts et 84 blessés. […]