Pendant l’été et l’automne de 1987, les points géodésiques du pouvoir mis sur pied par les forces coloniales depuis trois décennies, s’appelaient d’abord Bourguiba et Ben Ammar, puis Sayah, Skhiri, Nouira, Masmoudi, et, sans le moindre douteو beaucoup d’autres noms qui se gardent, comme toujours, dans l’anonymat politique, depuis l’ère de l’empire Ottoman à l’ère de la colonisation pure et simple après celle-ci et jusqu’à nos jours.
Pendant l’été et l’automne de 1987, les points géodésiques du pouvoir mis sur pied par les forces coloniales depuis trois décennies, s’appelaient d’abord Bourguiba et Ben Ammar, puis Sayah, Skhiri, Nouira, Masmoudi, et, sans le moindre douteو beaucoup d’autres noms qui se gardent, comme toujours, dans l’anonymat politique, depuis l’ère de l’empire Ottoman à l’ère de la colonisation pure et simple après celle-ci et jusqu’à nos jours. Néanmoins ces noms constituent le pouvoir de facto sur l’échiquier politique local. Ils étaient conduits à l’époque avec l’efficace discipline qui leur est propre par leur chef qui répondait au nom de Ferjani ben Hadj Ammar en tant. Il était par conséquent le patron des patrons. C’est ce qu’on appelle le pouvoir des affairistes, le pouvoir des « mercarders ». Désormais et pendant les trois décennies qui vont suivre, ils vont constituer une minorité ou une classe élitaire, qui tout en cimentant les assises du nouveau pouvoir, ils vont s’approprier de tout sur leur passage. Enfin de compte de tout le pays, ne laissant au reste des citoyens que des os qui les maintiendraient le moins de temps possible en vie et surtout dans la précarité générale. Ce sont eux qui vont syntoniser les choix politiques conformément à leurs intérêts matériels étriqués et les horizons habituellement étroits ou très étroits de ce genre de pouvoir de facto dans pratiquement tous les pays sous-développés. Ils vont façonner la société en fonction de leurs caprices puérils, triviaux et néfastes. Ils vont la modeler en fonction de leur voracité et surtout des intérêts de ceux qui leur ont ouvert à eux, et, à eux seulement les « portes du paradis ». La générosité et la magnanimité de la civilisation occidentale sont limitées et ne permettent pas plus. De telles minorités de par le monde sont le reflet exact, mais caricatural, de leur système à l’intérieur de leurs propres frontières bien définies et bien blindées. Le reste du peuple, lui, continuera plongé dans les mêmes calvaires des siècles passés. Finalement ils vont créer ce qu’on appelle une société de consommateurs, surtout de produits qui arrivent d’outre mer qui de par nature sont excessivement chers et qui finissent toujours et inéluctablement de ruiner n’importe quelle société ou groupe humain, quelle que soit la nature et le volume de ses richesses naturelles ou ses épargnes accumulés durant de nombreuses générations. Plus cette classe minoritaire donne libre cours à ses instincts voraces, plus les misères dans le reste de la société s’amplifient.
Pendant trois décennies seulement ce groupe élitaire a dilapidé pratiquement toutes les réserves matérielles et surtout morales de la société. Tous les secteurs économiques qu’il a créés en plus d’être dépourvus de bases durables, ils sont tous à la merci des desideratas du développement occidental lui-même. Ça ne pourrait être autrement. Tous ces secteurs sont connus et vont de la sous-traitance volatile à des innombrables activités parasitaires en passant par l’exportation de matières premières diverses à des vils prix pour arriver à l’exportation carrément de l’énergie humaine avec tous les problèmes sociaux que ça va créer par la suite. Ce qui fait que au fur et à mesure que le développement occidental avance, toutes les sociétés, comme celle créée par cette élite, dans le pays et dans le reste des pays du tiers monde avec la bénédiction de ces institutions dites internationales, vont s’enfoncer dans la misère. Malgré toutes les jongleries politiques de cette élite qui a agit sans le moindre scrupule, en liquidant tous les biens du pays y compris le capital humain et moral afin de maintenir des apparences d’une économie locale en équilibre mais surtout afin que cette élite ne souffre d’aucune privation, les crises sociales transformées en soulèvements populaires étouffés souvent dans la terreur, la répression et le sang, vont jalonner les trois décennies et vont finir, comme il ne peut être autrement par mettre à nu le régime.
Durant les trois décennies, la tyrannie à l’intérieur était suivie par un alignement catégorique du régime sur la politique d’un occident, toujours fidèle à lui-même, avec ses visées colonialistes, tout en ayant développé sa méthode et ses instruments par le truchement de toutes ces institutions qu’on dit internationales et qui au fond n’étaient autres que des états majors légalisant les butins arrachés par la force militaire, donc aux services des mêmes intérêts occidentaux ou à ceux de la civilisation de la même origine. Tous les membres de ce régime et de cette élite n’ont jamais caché leur dévouement indéfectible à cette civilisation à laquelle ils s’identifient et considère leur. D’ailleurs les fibres de l’âme des membres de cette minorité continuent à vibrer pour la civilisation de leurs maîtres, les blanchissant de tous leurs crimes et génocides. Les membres de cette élite oeuvrent sans relâche et font mieux que la pire extrême droite occidentale pour défendre ses règles et son mode de vie, sans leur importer le moindre du monde les dévastations continuelles dont elle est à l’origine. Dans son attachement indéfectible à l’Occident, cette minorité avait tout à gagner et rien à perdre, puisque le capital n’est pas le sien, c’est celui du peuple et elle s’en sert comme étant le sien propre. C’est bien la nature abjecte de cette élite, de cette minorité, qui ruine continuellement toute la société. Et c’est bien sur cette minorité que s’appuient les intérêts occidentaux auxquels vont se greffer d’une manière plus destructrice encore les intérêts des sionistes.
Tout à fait au début du règne de Bourguiba, cette élite a nourri, en contre partie de son attachement à la civilisation occidentale, une haine inouïe contre les populations voisines et leurs dirigeants qui luttaient contre le colonialisme français. Les séquelles de cette haine perdurent encore aujourd’hui. Et dépassant l’environnement proche. Cette haine s’est étendue aux populations arabes et musulmanes relativement lointaines. Au nom de toute la population en Tunisie, contre ses sentiments et contre les aspirations légitimes à son unité et sa solidarité avec les peuples arabes et musulmans, contre sa volonté et sans être jamais consultée, des positions sont toujours prises pour appuyer les adversaires de ces peuples et particulièrement les positions qui servent parfaitement la politique hégémonique de l’Occident en général et l’hégémonie américaine en particulier. L’histoire retient parfaitement l’appuie politique apporté par Bourguiba aux américains pendant leur invasion du Vietnam et de tout le sud-est asiatique, leur ingérence permanente dans les affaires des pays d’Amérique Centrale et du Sud et aussi d’Afrique. Tout au long de cette sinistre trajectoire dite de politique étrangère de Bourguiba bien abrégée, le peuple subissait toutes les pressions et terreurs dans sa vie quotidienne et en même temps toutes les frustrations de ses sentiments envers les causes des peuples auxquels il s’identifie et avec lesquels il partage la même destinée et les mêmes aspirations de liberté, de progrès et de bien être. Enfin le même sort. On retrouve l’appuie de ce tyran Bourguiba dans toutes les interventions américaines partout dans le monde. Ses discours applaudis par les membres de cette camorro harcelant les peuples qui luttent pour leur liberté en Amérique centrale, en Amérique du sud, en Asie et en Afrique sont des documents historiques sonores et écrits qui seront tôt ou tard l’objet de recherches et de conclusions à tirer pour savoir avec exactitude la vile nature de ce tyran lui-même et celle de tous les membres de cette sinistre minorité.
Tous les membres de cette élite et leurs descendants qui forment à l’état actuel des îles d’opulence dans un océan de misères, avec des immenses fortunes accumulées aux dépens des millions de citoyens sur place et d’autres de par le monde, de par le tiers monde bien sûr, car ils seraient incapables de le faire aux dépens des populations occidentales, leur infâme logique leur interdit de le faire. Leurs fortunes sont faites en leur qualité commune à tous, celle de mercarders sans scrupule, ni morale, ni attachement à rien d’autre que leurs plus bas instincts. Autant ils s’enrichissent en vendant les gadgets venant d’outre mer, autant ils le font sur le compte de toute valeur morale de la société.
La bataille pour la succession au premier tyran
Donc cet été là de 1987, les glas du régime avaient bien sonné et les signes d’un effondrement au sein de cette minorité élitaire étaient plus qu’évidents. Ce qui n’était que des rumeurs, s’est bien avéré des vérités. Le vieux Bourguiba, le premier tyran, était tombé dans une sénilité irréversible. En se réveillant, au milieu de la journée pour à peine quelques heures de relative lucidité, un clan lui faisait signait une liste de membres d’un gouvernement et le lendemain à la même heure ou presque, un autre clan lui faisait signer une liste toute différente. La panique qui s’était emparée de cette élite était palpable dans l’atmosphère politique et dans l’atmosphère réelle tout court. La bataille pour le pouvoir, pour la succession au premier tyran languissant était bien ouverte et se déroulait presque à couteaux ouverts et en plein jour. Et voilà dans l’agitation de ces vagues entre les barons du même parti unique, une espèce de camorra sicilienne, surgit un sinistre nom qui va réussir, avec certainement l’approbation des chancelleries occidentales et particulièrement l’américaine, et au désespoir du clan Skhiri ou d’un quiconque autre comme celui d’un Sayah par exemple, à s’emparer, avec sa propre clique composée dans leur majorité de policiers et de militaires, de la maison de la radio et de la télévision, du palais de la présidence à Carthage, le symbole du faste du pouvoir – même si ce n’était qu’en l’encerclant et en mettant le personnage qui s’y trouvait à l’intérieur en quarantaine le coupant du monde extérieur comme phase préliminaire à l’assaut certain dans les quelques jours qui suivront – mais surtout en prenant la central de la terreur, le ministère de l’intérieur. Enfin de compte ce jour-là, le pouvoir a effectivement changé de mains. Tous les autres prétendus héritiers du « trône » ont été, soit réduits au silence total, soit arrêté et incarcérés, d’ailleurs pour un temps qui sera très court. Le temps que les vagues agitées soit le suffisamment éloignées.
Qui ne connaissait pas le nom sinistre de Ben Ali qui résonne déjà depuis belle lurette comme synonyme de frayeur et de sang ? – Un impitoyable général-policier ayant fait ses preuves à plus d’une reprise et surtout pendant la plus grande grève générale en 1976 que le pays ait jamais connue durant les trois décennies que durait jusqu’alors la dictature. Une grève que ce même général Ben Ali promut, par la suite par mérite propre, mais aussi par la « générosité » d’un Bourguiba qui était le maître absolu du pays, au rang de premier ministre, a cassé à feu et à sang. Depuis cette grève un des rares noms que cette camorra, brandissait de temps à autre comme un étendard d’une certaine légalité, au moins aux yeux de la classe des travailleurs, Habib ben Achour avait fini par jeter l’éponge. Et depuis on peut sans risque de se tromper considérer le syndicat, un des plus puissants syndicats du tout le Maghreb et le Machrek arabe comme définitivement mis sur la touche de l’histoire. Il n’existera plus jamais.
L’accession de l’héritier Ben Ali au « trône »
Le 7 novembre 1987 au matin, une voix plus rauque que rassurante, telle la voix d’un capo aux grosses cordes vocales trempées dans le sang des victimes et les additifs inhérents à l’ambiance nocturne de la pègre, était diffusée à travers la station de radio annonçant la fin de la tyrannie et la venue d’une ère nouvelle. Ceux qui ont souffert les affres des prisons et les tortures dans ces lieux sordides reconnaissaient parfaitement cette lugubre et sinistre voix, Ils la reconnaissaient avec les mêmes frissons qu’ils ont senti à chaque fois qu’ils étaient arrêtés et torturés. Ils ne pouvaient en aucun cas accorder trop de crédit à ce qu’ils entendaient. Ben Ali promettait de casser les chaînes et de rendre à ce peuple ses dimensions arabes, musulmanes et africaines et humaines, ni plus ni moins ! Et en plus il prétendait mettre fin à la présidence à vie, mettre fin à de tels abus et que le peuple était mûr pour prendre son destin en main etc. ! Le génie est sorti du goulot de la bouteille. Enfin un renversement total. En quelque sorte la fin d’un cauchemar. Un cauchemar qui durait depuis trois décennies pour l’époque contemporaine, et, certainement plusieurs siècles au total. A part certains barons qui n’inspiraient pas trop confiance au groupe qui venait de prendre le pouvoir, tous les autres qui ont eu l’occasion de s’exprimer se sont félicités de ce nouveau jour et se sont découverts – aussi curieux que cela puisse paraître – aussi fervents des nouvelles envergures d’une politique qui répondraient aux aspirations d’un peuple arabe et musulman ! Et comme on le verra ensuite ni ces adhésions, ni ces valeurs annoncées dans le premier discours de Ben Ali en sa qualité de nouveau président de la deuxième république n’étaient authentiques ni réelles. Le cycle du premier tyran avait touché à sa fin, mais celui de cette élite, ou cette minorité qui est toujours fidèle à elle-même et à personne d’autre, lui restait bien en vigueur, mais avec un sang nouveau et toujours sur les mêmes bases, car l’homme qui a pris la situation en main est l’un des leurs et par conséquent jouit de toute leur confiance.
Le chien est mort mais la rage continue.
On comprend bien la fameuse phrase de Masmoudi, qui déclarait à l’époque : « Ben Ali a sauvé Bourguiba de Bourguiba ». Il voulait dire Ben Ali a sauvé les barons, a sauvé cette minorité en écartant en toute douceur ou presque, le vieux tyran qui par sa sénilité avancée, allait faire couler le bateau et causer la naufrage de tous les « passagers ». En effet il réussit à se faire passer aux yeux de certains courants politiques comme un nouvel homme qui venait de faire table rase de son triste passé politique à l’ombre du premier tyran et que de ce fait son action en ce jour du 7 novembre lui octroyait une indiscutable légitimation, une légitimation révolutionnaire, bien entendu, parce qu’une autre n’existait pas. Mais personne ou presque ne s’était rendu compte que l’homme est le même, celui qui a forgé toute sa carrière dans le premier ministère, celui de la terreur, de toutes les terreurs et qu’un personnage de tel calibre reste peu enclin à un changement quelconque. Enfin de compte le changement va se limiter aux apparences et aux symboles, mais les structures sur lesquelles s’appuie le système ne changeront pas d’un iota. La répression, la terreur, la corruption restent les piliers essentiels du régime. Ainsi d’ailleurs que la politique ou les prises de position sur toutes les questions régionales, arabes, musulmanes ou internationales. Non seulement le triste legs du premier dictateur restera intact, mais avec les nouveaux temps, il va s’enrichir avec un alignement servile et total sur la politique occidentale en général et américaine en particulier et particulier rapprochement – au nom du réalisme de la nouvelle génération au pouvoir – des meurtriers sionistes qui ont fini par ouvrir d’une manière officiel les bureaux d’une future ambassade dans la capitale. Les mercaders qui composent cette minorité sont ravis de tous ces changements qu’ils réclamaient à corps et à cri depuis longtemps. Mais au moment où la misère dans le pays prend de l’extension d’une forme horizontale, les fortunes de ces mercaders, dont va faire partie à présent la famille et les proches du nouveau tyran, elles, vont prendre de l’extension dans le sens vertical. Et au fil des années le changement finira par n’être, que ce qu’il est en réalité, une succession en bonne et due forme. Le fils a succédé à son père. D’ailleurs Bourguiba qu’on a cloîtré dans sa ville natale, ne s’était même pas rendu compte de ce qui se passait autour de lui, puisque la sénilité était déjà à stade largement avancé. Il n’a pas eu non plus à répondre devant la justice des ses trois décennies de terreur, chose qui aurait bien fait clarifier l’histoire. Peut être Masmoudi pensait-il à cette question là quand il prononça sa fameuse phrase.
Une fois énumérées dans son discours du matin du 7 novembre 1987, les sources du mécontentement populaire, des vérités gigantesques qui n’échappaient à personne, il s’était attelé immédiatement par la suite à démonter tous les mécanismes qui pourraient servir de détonateurs. Entouré d’une équipe certes plus jeune que celle du vieux tyran, mais pratiquement tous les membres viennent soit de la pépinière du parti – transformé par le premier tyran en une toile d’araignée cancérogène qui couvre tout le pays et qui constitue la première source d’espionnage et aussi de terreur du peuple – soit sont fils de ces mercarders dont la formation répond parfaitement au profil et curriculum exigés par les instances représentatives des intérêts occidentaux et par conséquent vus avec satisfaction et bienveillance par les chancelleries occidentales. Donc le premier travail de cette nouvelle équipe consistera à identifier d’abord tous les chefs des courants qui s’opposaient depuis très longtemps à la politique suivie jusque là. On sait par la suite comment tous les dirigeants de ces courants ont été arrêtés un par un y compris les dirigeants de certains courants dérivés du même parti et qui étaient à un moment ou un autre de la vie politique des collègues à ce même lugubre personnage qui a pris la tête du pouvoir. Mais, sans aucun doute, les dirigeants et même les simples membres sur lesquels va s’abattre, avec tout son poids de haine, l’appareil du système seront ceux qui identifient leur ligne politique avec les valeurs morales de la société. Autrement dit les dirigeants du courant islamiste. Entre temps le nombre de ce qu’on appelle par euphémisme, les fonctionnaires du ministère de l’intérieur s’est doublé et ainsi on est arrivé – du moins officiellement, car il n’est pas exclu qu’ils soient encore plus nombreux – à avoir autant, d’agents de police de toutes sortes, qu’un pays comme la France par exemple qui a une population six fois supérieure, mais qui a surtout les moyens pour alimenter des troupes logiquement improductives et hautement parasitaires. Et au fur et à mesure que le temps passe, les mêmes structures du régime sont restaurées, rafistolées et remises à neuf. L’administration tout en prenant un air différent, égayé par le portrait du « nouveau patron » et aussi avec plus de « sang » dans les veines, s’enfonçaient aussi plus que jamais dans le bourbier de la corruption. La terreur s’équipe aussi de nouveaux gadgets de tortures, mais surtout américains et devient encore plus omniprésente, de jour comme de nuit. Le ministère de l’intérieur qui a fait déjà fonction de quartier général d’où se contrôle toutes les activités et les soupirs du pays, se renforce davantage et devient pratiquement le premier ministère où se prennent toutes les décisions, économiques, sociales, culturelles, artistiques ou autres. Aucun de ces centres d’engrenage de l’appareil du système, appelés ministères, n’agit hors du contrôle du ministère de l’intérieur. C’est la maison où a grandit le monstre. C’est sa maison. Mais le ministère qui fonctionne en parfaite syntonie avec cette maison reste sans aucun doute celui de la justice.
Et plus le régime se renforce et raffermit sa terreur sur le pays, plus cette minorité élitaire dans toutes ses couleurs se réconcilie avec sa féroce voracité de tous les temps. Au fond l’un et l’autre ne font qu’un seul comme il a toujours été depuis le premier tyran. C’est une minorité qui a les racines dans le passé colonial et même quelquefois antérieur à celui-ci, mais qui s’est développée et a constitué des fortunes financières colossales au cours des trois décennies du premier tyran et par la suite. Cette minorité a les mêmes traits caractéristiques de toutes ces minorités qui se sont formées à l’ombre des dictatures. Les intérêts de ces minorités et des régimes qui veillent sur leur bien être sont incompatibles avec la liberté, la justice, la démocratie ou toute sorte de politique transparente, bref tout simplement incompatibles avec les intérêts du peuple.
Il est hors de question de croire à toutes les bouffonneries électorales passées ou à venir du régime car les tentations qui sont irrésistibles et ses propres règles arbitraires qui lui octroient toutes les garanties nécessaires pour une écrasante victoire avec plus de 99%, et, quels que soient les adversaires permis ou tolérés, qui sont plus imaginaires que réels, le condamnent à se maintenir au pouvoir par la force et la terreur. Inutile de chercher les traces de la moindre légitimité ni à Ben Ali, ni à toute cette minorité qui constitue le soutènement principal du régime.
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