Dans un long courrier adressé aujourd’hui 16 juillet aux organisations de droits de l’homme, aux partis politiques et aux personnalités, tant tunisiens qu’étrangers, Hend Harouni, la sœur du prisonnier politique Abdelkarim Harouni, actuellement incarcéré à la prison de Mornaguia et en grève de la faim depuis plus d’une semaine, exhorte la société civile nationale et internationale d’intervenir pour sauver son frère et d’autres prisonniers en danger
Abdelkarim Harouni, ex-secrétaire générale de l’Union Générale Tunisienne des Etudiants et dirigeant du mouvement En Nahdha, condamné à l’emprisonnement à perpétuité en 1992, en est à son huitième jour de grève de la faim. L’administration ne lui transmettait pas le couffin de nourriture apporté par sa famille et le retournait à cette dernière alors que le prisonnier était astreint à un régime alimentaire prescrit par le médecin de la prison.
Aujourd’hui, Hend dit avoir trouvé son frère « pâle, amaigri et s’exprimant avec difficulté ». Depuis le début de sa grève de la faim, il n’a pu consulter de médecin, ni même voir un infirmier. Même fin de non recevoir au niveau des responsables pénitentiaires. Abdelkarim Harouni a prévenu sa famille : « si lundi prochain le 23, on disait que je refuse la visite, il ne faudrait pas le croire », « soit ma santé serait en danger, soit ce sont eux qui auraient refusé de m’extraire pour le parloir, soit les deux » et il a conclu : « alors, avertissez que je suis perdu ».

Hend Harouni connaît son frère : « Sa grève devient difficile car elle se prolonge et il ne veut pas transiger. Il affirme qu’il ne cèdera pas et qu’il luttera jusqu’au dernier jour de sa vie, dût-il y laisser cette dernière »
Hend Harouni a rappelé dans son courrier que son frère est privé de journaux, qu’il demande de recevoir la presse, y compris internationale, que certains des courriers expédiés par le prisonnier, ne parviennent pas à sa famille

Enfin, elle a appris que quatre prisonniers sont actuellement en grève de la faim à la prison de Mornaguia : hormis son frère, Ridha Boukadi, dans un état grave, « car atteint d’une maladie grave, ses reins pouvant le lâcher à tout instant », ainsi que Lotfi Snoussi et Fraj Jami. Ce dernier n’en peut plus d’attendre une hospitalisation qui ne vient pas, alors qu’il doit subir une intervention chirurgicale : « Il a déjà fait une grève de la faim, en vain ».

Hend Harouni rappelle que son propre père, Amor Harouni, bien qu’âgé de 75 ans, a observé un jeûne de solidarité avec son fils le 9 juillet et que d’autres prisonniers sont dans un état de santé inquiétant : Mohammed Gueloui et Ali Zouaghi.

Luiza Toscane