En 2010, la torture est encore pratiquée dans plus d’un pays sur deux. Connaître la réalité de la torture, ses causes et ses conséquences, ses invariants les plus significatifs, telle est l’ambition du rapport de l’ACAT Sur la torture dans le monde. Sur près de 400 pages, le tableau d’”un monde tortionnaire” en alliant les descriptions des pratiques dans 22 pays (répartis sur les cinq continents), en approfondissant des sujets d’actualité et en s’interrogeant sur certaines des multiples dimensions de ce phénomène comme sur les facteurs qui l’encouragent.

Au-delà de la préface de la présidente de l’ACAT et des 22 fiches pays, le rapport inclut des articles de fond concernant “les écrans de la torture” (torture et cinéma, torture et télé etc) par le secrétaire général de l’association, les séquelles psychologiques de la torture par la directrice du centre de soin de l’association Primo Levi, “torture et médecine” et “autour du principe de soumission à l’autorité”. controversée

Parmi ces articles plusieurs s’attaquent aux actualités de la torture. L’ancien rapport spécial pour la torture, l’autrichien Manfred Nowak, apporte une synthèse de son expérience dans “prisons et torture”, on nous rappelle aussi que “Obama et la torture: peut mieux faire”. Luiza Toscane, incontournable activiste de défense des droits de l’homme pour la Tunisie, rapporte avec Wahid Brahimi la torture qu’a subi ce dernier tout en donnant une image, sans chichis et fondée sur des preuves, de la torture, endémique dans notre pays.

Tunisie : Une répression accrue après la réélection très controversée de Ben Ali en 2009

Le maintien au pouvoir du président Zine El Abidine Ben Ali et de ses proches54 depuis plus de 20 ans se fait au prix d’une répression permanente de toute forme d’opposition politique et idéologique. Des journalistes, défenseurs des droits de l’homme et opposants politiques (islamistes ou laïques) sont fréquemment intimidés, harcelés, voire physiquement agressés, ou encore arrêtés et condamnés sur la base d’accusations mensongères telles que l’atteinte aux bonnes moeurs, la tenue de réunions non autorisées, la diffamation, l’ébriété ou la préparation d’attentat. Les condamnations sont prononcées à l’issue de procès témoignant de violations manifestes des droits de la défense. Certains prévenus se voient tout simplement refuser le droit à un avocat. La plupart des magistrats tolèrent la politique répressive orchestrée par le pouvoir, voire y participent.

La répression s’est accrue après la réélection très controversée de Ben Ali à la présidence en octobre 2009. Pour tempérer les critiques, il a certes ordonné la libération de 68 prisonniers, dont plusieurs prisonniers politiques, mais ils ne bénéficient toutefois que d’une liberté conditionnelle et restent ainsi soumis au contrôle rapproché de la police. La liberté conditionnelle et le contrôle administratif auxquels sont soumis les anciens détenus politiques sont des moyens utilisés par le pouvoir pour museler les opposants en faisant planer sur eux la menace permanente d’une nouvelle incarcération. La violence d’État touche avec une véhémence particulière les jeunes musulmans pratiquants suspectés d’adhérer aux idées salafistes56. Ceux qui sont arrêtés sont systématiquement torturés avant d’être condamnés, le plus souvent sur le fondement de la loi antiterroriste adoptée en 2003. Le gouvernement est soutenu dans cette démarche par la plupart des partenaires occidentaux de la Tunisie qui, au nom de la lutte contre le terrorisme, ferment les yeux sur les graves violations des droits de l’homme qui y sont commises.

La Tunisie a ratifié la Convention des Nations unies contre la torture* et a reconnu la compétence du Comité contre la torture* pour l’examen des plaintes individuelles. Le Comité a reconnu la responsabilité de la Tunisie en matière de torture à six reprises. La Tunisie a remis trois rapports au Comité contre la torture* : le premier en 1989, le deuxième (attendu en 1993) en 1997, et le troisième (attendu en 1997) en novembre 2009. Le rapporteur spécial sur la torture a réitéré en 1998 et 2007 sa demande de visite du pays,mais n’a reçu aucune réponse. Seul le rapporteur spécial* pour la promotion et la protection des droits de l’homme dans le cadre de la lutte contre le terrorisme a été autorisé à effectuer une visite en Tunisie en janvier 2009.

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