Enfant géopolitique observant la naissance de l'homme nouveau. Salvador Daly. 1943

Suite à la visite du sous-secrétaire d’État aux affaires étrangères Américaines Jeffrey Feltman, j’ai pris la peine d’étudier le terrain, en observant le comportement de certaines personnalités, de certains individus sur le terrain, de certains partis politiques, des médias, ainsi que le comportement de certains pays, Et je suis parvenu à déchiffrer le plan que Feltman a présenté au gouvernement transitoire et aux anciens partis politiques de l’opposition.

En justifiant que 4 à 6 mois n’est pas une période suffisante pour faire des réalisations et pour renflouer les bases des partis de l’opposition; Feltman a proposé au gouvernement transitoire de laisser les problèmes de fond pour le futur gouvernement élu, et a proposé aux partis politiques de recruter leurs représentants parmi ceux qui ont de l’expérience au niveau des ONG régionales et internationales.

L’objectif à atteindre sur le terrain est de laisser perdurer la crise, pour que le peuple ne trouve pas le temps nécessaire pour s’organiser politiquement avant les futures élections. Donc le peuple perdra son énergie à revendiquer et à critiquer le gouvernement transitoire, et finalement une semaine avant les élections le peuple se réveillera devant une liste électorale imposée par les partis politiques. Malheureusement la liste en question ne comportera pas des noms représentant l’esprit de la révolution, mais proposera des noms qui ont, pu bâtir malgré tout, un CV dans des organismes satellites au gouvernement Tunisien à l’époque de ZABA.

Les Américains, ont agi selon l’urgence de la situation pour calmer leur sentiment d’insécurité, et comme d’habitude ils ont fait l’erreur de s’appuyer sur une vieille béquille Française. Tout simplement, parce que les Américains connaissent mal la Tunisie, et ils pensent qu’ils ont toujours besoin de la France pour comprendre ce qui se passe dans cette région de l’Afrique.

J’attire votre attention sur le fait que durant les vingt dernières années, la France a infiltré une partie de la classe intellectuelle Tunisienne avec les Franc-macons; l’objectif était d’épargner cette classe du châtiment de ZABA et de lui donner l’accès à l’éducation, aux affaires, et même à paraître sur le terrain via des ONG nationales et internationales.

Grâce à ce soutien, cette classe s’est maintenue face à ZABA, et a pu tirer son épingle du jeux, et c’est cette même classe de personnes qui est visée aujourd’hui par la France pour occuper le parlement dans les futures élections.

Ceci ne veut pas dire que cette classe est à écarter absolument de l’échiquier, en effet il ne faut pas nier que les Tunisiens ont travaillé beaucoup dans le cadre de la franc-maçonnerie, et ont utilisé ce lien avec la France pour défendre les libertés du peuple Tunisien. Mais la France a choisi de soutenir ZABA jusqu’à la dernière minute, et maintenant pour ressusciter et garantir une présence permanente dans les affaires économiques et politiques de la Tunisie, la France a floué les Américains, parce qu’elle veut injecter ses proches, qu’elle a épargnés du châtiment de ZABA, dans les rouages du futur pouvoir démocratique Tunisien.

La France a justifié son choix auprès des Américains, en disant que cette classe de la société est la plus modérée, et est la plus apte à éloigner la Tunisie du danger islamiste.

Donc la France a travaillé sur les inquiétudes des Américains pour faire passer ses amis, et pour reprendre le même scenario que le peuple Tunisien dénonce depuis l’époque de Bourguiba et qui est l’injustice sociale, ainsi que l’accès au pouvoir pour seulement des gens bien déterminés.

Il est impératif aujourd’hui pour les Américains d’ouvrir leur cercle de dialogue et de consultation et d’y inclure les Allemands et les Canadiens.

En effet, l’Allemagne a une histoire d’amitié politique, sociale et économique très forte avec la Tunisie, de plus l’Allemagne a une expérience précieuse et unique en matière de démocratisation suite à l’échec des Nazis. L’Allemagne est aussi un allié infaillible des États-Unis, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale elle n’a de cesse de prouver sa fiabilité et sa compétence.

Le Canada aussi a une histoire très importante avec la Tunisie et les États-Unis, et plus particulièrement le Québec qui a une société francophone forte avec ces valeurs démocratiques intégrant à la fois l’esprit latin et l’esprit américain. Le Canada, via le Québec, peut aider les Américains a mieux comprendre la structure de la société Tunisienne, peut ramener sur la table des solutions intéressantes, et ouvrir des perspectives économiques énormes entre l’Amérique du Nord et l’Afrique du Nord. .

Le Canada et l’Allemagne sont des pays qui au fil du temps ont démontré devant toute la planète leurs engagement pour la démocratie, ils ont pu contenir l’extrémisme religieux sous toutes ses formes, et sont connus pour être un rempart mondial contre le terrorisme et l’extrémisme.

Aujourd’hui la création de partis politiques, représentants les Tunisiens à l’étranger sera un atout important pour représenter au parlement Tunisien la voix de nos compatriotes à l’étranger, ceci ne fait que favoriser l’échange entre la Tunisie et les pays classiques de l’immigration Tunisienne, et limitera l’influence absolue, que la France cherche à maintenir sur la Tunisie.

Enfin, j’aimerais bien confirmer que la réussite de cette révolution est conditionnée par la participation sur la scène politique, des prisonniers politiques, des militants, des compétences issues des universités Tunisiennes, des militaires, et de tous ceux qui ont été écartés par le système depuis 1987. Sachant que l’inclusion de nos expatriés à l’étranger sera un atout pour gérer le mal nécessaire que sont les influences et les intérêts des puissances étrangères. Cette formule permettra de standardiser la règle du jeu avec nos partenaires qui n’auront plus besoin d’investir du temps et de l’argent pour noyauter les partis politiques ou bien faire du lobbying pour influencer nos décisions politiques.

Sadri Sarray