Voici que le code électoral de la Constituante est en place, et que la surveillance du processus électoral n’est plus entre les mains du Ministère de l’Intérieur. Une commission indépendante a été constituée, garante de sa transparence et son intégrité. L’on peut dire que le processus de démocratisation est en marche. Maintenant, afin de réaliser les objectifs de la révolution pour assurer une transition démocratique tout comme pour éviter les erreurs du passé et favoriser un développement économique durable, voici ce que j’attends de la Constituante qui doit nous mettre sur le bon chemin, sans risque de dérailler :

I- La constitution

a) Elle consacre la souveraineté du peuple.
b) Elle confirme l’identité arabo-musulmane de la Tunisie.
c) Elle consacre les libertés fondamentales
d) Elle consacre l’égalité des droits entre tous les citoyens, sans distinction aucune.
e) Elle consacre le principe de la séparation des pouvoirs.
f) Elle consacre l’indépendance de la justice, dont les serviteurs sont élus et non pas nommés par l’exécutif.
g) Elle crée des institutions totalement indépendantes du pouvoir, tant dans leurs compositions que par leurs moyens financiers pour garantir leur impartialité et leur souveraineté, dont le but est de veiller au respect des libertés fondamentales, et d’être une instance suprême qui surveille l’action de l’Etat.

II-Le régime politique

a) Un régime parlementaire, avec des pouvoirs spéciaux accordés au Président de la République afin d’éviter qu’un trop grand pouvoir du Parlement ne paralyse l’exécutif par un abus de la motion de censure, et crée une situation d’instabilité dommageable.
b) Un mandat de 5 ans, non renouvelable ! Tous les Tunisiens aiment leur pays et désirent le servir. Celui qui accède à la fonction suprême devrait se sentir honoré de cette charge et s’évertuer à se montrer digne de la confiance du peuple. Il veille à laisser une trace positive dans l’Histoire de la Tunisie. Si son oeuvre a été appréciée, c’est la famille politique dont il est issu qui en récoltera les retombées lors des élections suivantes!

III-L’organisation politique :

a) La fin de la centralisation : Les gouvernorats (Wilayats) sont des mini Etats ; ils définissent les politiques de développement selon les besoins de leurs régions. Ces besoins sont à leur tour définis par les responsables des districts (Moatamadiyats) plus proches du citoyen. Les Moatamadiyats tiennent des Conseils locaux. Les membres de ces Conseils sont issus de la Région et sont élus par le peuple. Ils sont membres de partis politiques, mais également d’associations apolitiques. Le scrutin à la proportionnelle détermine leur représentativité.
b) La souveraineté des régions dans la gestion de leurs finances et l’élaboration de leurs budgets. Elles sont par conséquent responsables envers leurs concitoyens qui peuvent leur demander des comptes. Une commission des Finances et une Commission de Gestion sont élues au sein du Conseil régional et leurs membres représentent les partis. Il n’y a pas de parti au pouvoir, mais une coopération entre tous pour le bien de tous.
c) Le Parlement : Chaque région (Wilaya) élit ses propres représentants au parlement. Ils sont nécessairement déjà membres des conseils régionaux. En cas d’élection au parlement, ils doivent démissionner de leur poste pour ne pas cumuler les mandats et afin de se consacrer pleinement à leur mission qui est de défendre les intérêts des régions, donc de leurs concitoyens.

IV-La Fiscalité

a) La fiscalité est du ressort des régions (Wilayats) qui en sont les collecteurs. Un grand pourcentage (à définir) leur revient pour assurer le fonctionnement de leur administration locale et faire leurs investissements.
b) L’Etat reçoit un pourcentage moindre (à définir).
c) L’Etat redistribue une partie des impôts collectés aux régions les moins favorisées pour les aider à se développer et être moins assistées, et pour renforcer la solidarité entre tous les Tunisiens.
d) L’Etat peut intervenir dans la gestion des régions uniquement pour donner des directives en vue d’harmonisation des procédures et en cas de problème, pour les auditer et apporter des actions correctives.

V- L’Économie

La Tunisie doit se rendre de moins en moins dépendante des investissements étrangers et commencer à compter davantage sur ses propres ressources. Les investissements étrangers sont les bienvenus s’ils s’accompagnent de transfert de technologie qui soit profitable au pays en terme d’infrastructures ainsi que pour la formation pratique de nos diplômés. Le gouvernement veille à ne pas engager le pays dans un endettement insupportable dont le paiement vide le pays de ses réserves en devises. L’endettement ne doit pas dépasser les 20% du
PIB. Les travailleurs ont droit à une vie digne. Les acquis sociaux sont renforcés et les salaires minima sont revalorisés afin de soutenir la consommation.

1. L’agriculture
a) Les terres agricoles doivent rester entre les mains de Tunisiens exclusivement. Il faut racheter toutes les terres qui ont été vendues aux étrangers.
b) Garantir une certaine autosuffisance alimentaire pour le blé et le froment ainsi que les cultures maraîchères.
c) encourager l’agriculture biologique ainsi que l’élevage extensif respectueux des animaux.
d) diminuer les importations non vitales (fruits exotiques qui pénalisent nos stocks en devise et concurrencent les productions locales)

2. L’industrie
a) Favoriser la création de petites PMI/PME qui peuvent s’épanouir dans le marché local et opter pour la qualité.
b) Diminuer nos importations pour favoriser la production locale et sévir contre les marchés parallèles qui pénalisent notre économie. Taxer fortement les produits d’importation non vitaux (surtout les produits chinois bas de gamme qui transforment la Tunisie en une poubelle pour les déchets toxiques)
c) Eduquer le citoyen et l’encourage à consommer les produits du pays.
d) Pour les industries tournées vers l’exportation (textile, chimie, autres…) avoir une approche qualitative à forte valeur ajoutée.
e) Investir dans les nouvelles technologies, surtout celles visant les économies d’énergie et les énergies renouvelables telle l’énergie solaire pour se mettre à l’abri des hausses des prix du pétrole et des fluctuations du dollar.

3. Les Services
La Tunisie adopte une politique qui met en valeur ses atouts géostratégiques:
a) Le trafic maritime: devenir comme Singapour, un pôle majeurs en méditerranée, en quelque sorte, la porte de l’Afrique et pourquoi pas de l’Occident. On peut imaginer toutes les marchandises allant vers ce continent et vice-versa, transiter par nos ports, donnant du travail à toutes nos régions, créant de nouvelles compétences en matière de maintenance et de stockage. D’autre part, cela va accélérer le développement du transport de marchandises par route, d’où la nécessité de moderniser et intensifier les réseaux ferroviaires et routiers.
b) Développer un secteur bancaire plus performant, plus sophistiqué, mettant davantage l’accent sur le service au client et non plus seulement sur la rentabilité. Une meilleure gouvernance en accord avec les standards internationaux.
c) Le tourisme:
– Viser un tourisme de qualité en valorisant notre patrimoine et cesser d’être une destination purement côtière et estivale. Développer une hôtellerie de qualité supérieure orientée business, des centres de congrès répondant aux standards internationaux et pouvant accueillir des manifestations à l’échelle internationale.
– Minimiser la dépendance vis-a-vis des tours opérateurs étrangers et faire en sorte que notre Office du Tourisme et nos ambassades soient nos meilleurs agents marketing.
– cesser de vendre la Tunisie au rabais (couscous, bendir, danse du ventre…).
– S’ouvrir au concept des maisons d’hôte.

Combien d’emplois seront ainsi créés! Et quel essor pour notre économie!

VI-L’environnement

a) La Tunisie renonce définitivement à l’option nucléaire. Les pays développés qui maîtrisent la technologie et en sont dotés depuis plus de 40 ans n’arrivent toujours pas à résoudre le problème des déchets hautement radioactifs, ni être adéquatement préparés en cas de catastrophes naturelles ou techniques. La Tunisie avec ses moyens limités ne peut courir ces risques. Pour répondre à ses besoins présents et futurs, elle adopte une politique d’économie d’énergie et s’oriente vers les sources d’énergies renouvelables.
b) Le gouvernement définit une politique d’aménagement du territoire qui sera mise en place par les régions. Cette politique doit veiller à la préservation des ressources existantes, la valorisation des richesses naturelles, la minimalisation de l’impact sur l’environnement dans les activités économiques en favorisant le développement durable.
– La préservation des terres arables destinées à l’agriculture.
– La gestion rationnelle des ressources en eau. Un réseau d’égouts qui couvre tout le territoire afin d’éviter la pollution des nappes phréatiques et pour le recyclage/épuration des eaux usées.
– La collecte, le tri et le recyclage /incinération des ordures ménagères et déchets industriels selon les techniques les plus avancées.
– La création d’espaces verts dans tous les nouveaux centres urbains ainsi que la mise en valeur des parcs existants.
– L’embellissement de nos villes pour l’agrément de nos concitoyens et pour faire de toute la Tunisie un pays agréable à vivre.

VII: L’éducation

a) L’école continue d’être obligatoire et gratuite.
b) Elle prodigue un enseignement de qualité, car le niveau que j’ai constaté est préoccupant et ne prépare pas à l’emploi. On ne maîtrise plus ni l’arabe ni le français!
c) Elle est orientée avec réalisme vers les possibilités du marché de l’emploi en favorisant l’apprentissage et en valorisant les métiers manuels qui font fonctionner la machine économique.
d) Elle fait une place d’honneur à l’enseignement de l’histoire tunisienne et valorise la culture arabo-musulmane.
e) Elle nourrit les comportements civiques chez nos enfants qui seront de meilleurs citoyens.
f) L’ enseignement supérieur axé sur la recherche scientifique et donne aux universités les moyens de leurs ambitions. Il doit s’inscrire dans la logique d’un retour sur investissement et former les étudiants dans les domaines profitables directement à l’économie de la Tunisie, afin d’éviter le chômage problématique des diplômés.

VIII-L’information

L’information est libre et non censurée. Les concessions et les fréquences sont délivrées par un organe indépendant, et non plus par l’Etat. Chaque région a ses propres organes de communication, journaux, sites web, télévisions locales. La diversité est encouragée et la culture locale y est valorisée (langues, coutumes, spécificités).

XI-La culture

La Tunisie valorise son patrimoine culturel et historique, son identité arabo-musulmane y occupe une place de choix.
Elle est aussi ouverte au monde et favorise les échanges avec les pays frères et amis. La créativité est encouragée et subventionnée, les talents récompensés. La culture appartient à tous les Tunisiens et n’est pas le monopole des grandes villes. Les régions consacrent une part de leur budget à cette fin.

Le parti dont le programme inclut un maximum de ces objectifs a déjà gagné une voix!

Afin d’enrichir cette petite contribution, j’invite tous les Tunisiennes et Tunisiens à émettre leurs idées et à alimenter les débats.

Alyssa