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Slim Amamou lors de sa prestation de serment, le 18 janvier 2011. (AFP/Fethi Belaid)

En l’absence totale de confiance, il faut la foi. J’ai foi dans ce pays.

Cette histoire commence quand j’ai présenté ma démission au Président. Qu’il a refusée. M’a dit de réfléchir et que ma démission affaiblirait le gouvernement. Ce fût le mot juste pour me convaincre, car je ne voulais absolument pas que ma démission soit interprétée comme un soutien à ceux qui veulent la chute du gouvernement.

Quand j’ai vu la foule demander la chute du gouvernement, j’ai pensé à cette formule inventée par un ami à l’occasion de la démission de Ghanouchi “le gouvernement Sisyphe”. Condamné à un éternel recommencement. Et j’ai vu les élections s’éloigner. C’était ça la raison de ma démission.

Ma liberté d’expression

L’une de mes premières surprises au sein du gouvernement ce fut le fait que je sois devenu moins libre de m’exprimer. Du côté du gouvernement j’avais carte blanche, mais du coté du peuple je ne l’avais plus. Je devais le respect a mes concitoyens, même les plus cons. Je ne pouvais plus exprimer mes théories du complot qui me tenaient à coeur et qui constituaient mes croyances personnelles, j’avais des responsabilités.

Je vais vous dire comment la gouvernement m’a endoctriné.

Dés le premier jour j’ai été accueilli avec une manif. Et jusqu’a aujourd’hui j’ai tous les jours des manifs/sit ins/grèves à mon ministère. Bien sûr les gens qui manifestent ne sont pas les mêmes, ils vont, ils viennent, ils ont différentes revendications. Mais l’essentiel de mon travail depuis les premiers jours à été d’écouter ces revendications et d’essayer d’expliquer que nous n’allons pas résoudre les problèmes. Nous allons faire des éléctions.

Toute la difficulté est là. Pour faire des éléctions il ne suffit pas de mettre en place des bureaux de vote, il faut mettre le contexte, il faut que le climat soit sain. Il ne faut pas qu’on vote alors qu’on est stressés ou qu’on a peur. Il faut qu’on vote en pleine conscience et en toute liberté. Et pour ça il faut résoudre les problèmes.

Comment se passe le travail au gouvernement?

Si vous avez déjà travaillé en équipe, vous le savez déjà. Le gouvernement est un groupe, on se réunit régulièrement pour discuter principalement de projets de décrets et de la situation du pays a partir de notes des membres. La dynamique de groupe c’est les relations humaines. On se parle. Et chaque membre du gouvernement est chargé de trouver des solutions dans son domaine. Mais chaque ministre ou secrétaire d’état, comme moi, est confronté à la même réalité : on ne peux pas résoudre les problèmes.

Parce qu’on est un gouvernement transitoire et qu’on ne peux pas engager le pays au delà de quelques mois.

J’ai vu très tôt le problème majeur que présente le Ministère de l’intérieur. Ce Ministère représente la force publique. Et ce Ministère fut corrompu pendant des années au moins autant que mon Ministère. Il a pratiqué la répression et la torture pendant des années. Et si il y a un ministère qui doit changer maintenant c’est bien celui là. Ce ministère a besoin de réformes profondes dans les pratiques de ses employés parce que chaque employé devra être exemplaire quelque soit le résultat des élections et quelque soit sa direction. J’en ai parlé au Min. Intérieur. Mais ce n’est pas simple.

M. Le Ministre de l’intérieur est de bonne volonté. Il est là dans le but de servir le pays. Et tous les membres du gouvernement le sont. Je peux en attester, du moins par le peux d’occasions ou j’ai eu a les côtoyer dans ce laps de temps au demeurant très court. Ce sont des relations humaines.

Quand je suis entré au gouvernement c’est pour ces relations humaines essentiellement. Tout est relations humaines. Je voulais connaitre ces gens personnellement. Accéder à ce réseau social, je disais. Pour bâtir la confiance. Et maintenant c’est fait. J’ai confiance. C’est comme ça que j’ai été endoctriné.

Vous me direz on ne peux pas avoir confiance en 4 mois. Ça dépend. J’ai confiance en ce gouvernement pour organiser des élections libres et c’est tout ce dont j’ai besoin.