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Par Fairouz Boudali,

Les Tunisiens se déchirent et s’entretuent à Métlaoui. La situation est inquiétante. Même un couvre feu aussi rigide (16h) n’est pas venu à bout de cette folle situation. Sans oublier que nous sommes à la veille d’examens importants. Pendant ce temps, à quoi pensent les leaders de certains de nos partis politiques ? Au pouvoir et à la crainte d’en être écarté.

Lors d’un meeting de son parti le 6/juin, Mr Ghannouchi met toute l’huile qu’il peut sur le feu. Il avoue à un journaliste d’une chaîne étrangère ce qu’il répète autour de lui ; à savoir, le fait que la date des élections ne soit toujours pas fixée, est très mauvais signe que le renvoi constant de cette date n’est pas normal, et que cela signifie peut-être qu’il n’ y aura pas d’élections du tout ;autant d’affirmations infondées et délibéremment alarmistes.

En effet, jusqu’à maintenant il n’y a eu qu’un seul report de ces élections, et les multiplier relève de l’exagération calculée pour choquer. Il est également vrai que le gouvernement est le seul responsable du report de ces dates, mais s’il ne se prononce plus sur la date définitive de ces élections, ce n’est pas pour les annuler, mais c’est justement pour ne pas endosser cette responsabilité, tout en reconnaissant implicitement que la date définitive serait probablement le 16 octobre ; date qui du reste relève des compétences de l’ institution électorale indépendante et non de la haute institution de la transition démocratique. D’ailleurs pourquoi les représentants d’Ennahdha se sont-ils temporairement retirés de cette institution démocratique ? Est-ce à cause de la date non fixée des élections ? Ou est-ce à cause d’un désaccord concernant la charte citoyenne que les membres de cette institution sont en train d’étudier ? Spécialement l’article n° 3 qui dit que l’islam doit se soustraire à toute instrumentalisation idéologique et politique ?

Il y a quelques mois à peine, les militants de ce parti ne cessaient de répéter qu’ on ne devrait pas avoir un ministère du culte musulman, car la croyance risque d’ être déformée lorsqu’elle est contrôlées par le pouvoir. Ce qui est vrai. Mais alors maintenant, comment la croyance pourrait-elle être à la tête du pouvoir sans que cela porte atteinte à l’ un ou l’autre ?

Il y a quelques mois encore, les militants d’Ennahdha disaient qu’ils n’étaient pas intéressés par le pouvoir, et qu’ils n’ont pas l’intention de se présenter aux élections, les voila maintenant prêts à remuer ciel et terre pour l’avoir ce pouvoir. Voila qu’ils oublient déjà l’intérêt du pays et qu’ils n’hésitent pas à semer la discorde dès que leur intérêt personnel est en jeu.

Plus grave que tout cela encore, s’ils ont fait un virage à 360° en ce qui concerne l’indépendance de la croyance et de la politique d’une part, et leur candidature aux élections d’autre part, qu’est-ce qui nous garantit qu’ils ne feraient pas ce même virage en ce qui concerne les droits de la femme, par exemple, ou d’autres libertés individuelles, une fois qu’ils ont le pouvoir ?