Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

ghannouchi-game-over-feat

J’entends dire partout que la révolution a eu lieu, que nous devons être heureux maintenant et la célébrer. C’est bel et bon comme discours, c’est certain. C’est gentil et ça rassure.

Mais je voudrais bien que l’on me dise de quelle révolution parle-t-on au juste ? La révolution des jeunes qui sont morts toutes les nuits d’un mois ensanglanté afin que des vieillards accèdent au pouvoir ?

Est ce pour que l’État soit géré par des individus ayant fait leurs armes sous un tyran, et qui se sont tus durant toute leur vie d’homme sous la domination d’un autre tyran que nos jeunes sont morts ?

Est ce pour que notre pays soit administré ainsi qu’il l’a été par les deux tyrans successifs que notre jeunesse a versé son sang ?

Est ce pour voir l’impuissance de la justice, l’inégalité devant la loi et le retour de la censure que notre pays a saigné pendant un mois de son sang le plus pur et le plus brave ?

Et que l’on comprenne bien qu’il ne s’agit pas ici tant d’âge que de volonté et de désir.

Que font ceux là qui croient avoir le droit de nous gouverner sinon manquer de respect à un pays et à un peuple qui ont forcés l’admiration du monde entier ?

Déjà nous réentendons germer à nouveau partout les discours de la haine de soi quotidienne. Déjà nous réentendons chantonner partout la chansonnette bien connue selon laquelle nous ne méritons rien de mieux que le bâton et la chaine.

Mais comment cela pourrait-il être vrai ? Comment cela pourrait être acceptable ?

Ceux qui méritent le bâton et la chaine sont ceux là qui ne respectent pas notre peuple. Ce sont ceux là qui ne font rien d’autre qu’humilier le peuple et vendre notre pays sous prétexte de le sauver. Ce sont ceux là qui l’ont asservi pendant toutes ses années, par leur complicité en tant qu’homme d’État.

Aucun de ceux qui nous gouvernent ne devraient oublier qu’aujourd’hui il doit tout au peuple. Et c’est d’humilité dont il faudrait que les serviteurs du peuple et de l’État fassent preuve aujourd’hui, non de hauteur et de morgue.

L’heure de l’arrogance est passée. Il est temps qu’on se le dise là-haut dans les hautes sphères de la mauvaise gouvernance !

Pensez vous réellement, vieillards qui pensez détenir la vérité sur notre peuple, vous qui vous êtes trompés votre vie durant ; pensez vous nous connaître ? Pensez vous arriver à comprendre ce peuple libre, vous qui l’avez toujours observé de vos yeux de colonisés ?

Comment pouvez vous avoir l’outrecuidance de penser cela ? RÉVEILLEZ VOUS ! RÉVEILLEZ VOUS ET CESSEZ DE VOUS COMPORTER EN MAÎTRE !

L’heure des maîtres est passée en ce pays, notre peuple n’en veut plus, qu’il soit barbu, chauve, vieux ou gradé ! Nous ne voulons plus de maître, nous voulons être libre dans un État de droit.

Quoi que vous pensiez et quoi que vous croyiez faire avaler à certains, personne n’est dupe.

Cessez votre marché de dupes et commencez à respecter la volonté révolutionnaire, ceci est la demande minimale.

Ce gouvernement ne représente rien ni personne, sinon des intérêts extérieurs à la Tunisie et à son peuple, et il est temps que les véritables patriotes de notre pays se réveillent et exigent de la part des vieillards qui nous gouvernent le début du nettoyage de printemps que l’on a demandé !

Ce gouvernement n’avait qu’une seule charge à accomplir et il a échoué.

Sa démission semble être la seule sortie de crise valable. Qu’avant de démissionner le premier ministre ait au moins la décence de mettre en place un comité de salut public composé d’individus ayant réellement fait la révolution et incarnant les véritables idéaux révolutionnaires et qu’il sorte enfin de la scène politique de notre pays par la petite porte et sur la pointe des pieds, afin que l’on oublie sa désastreuse réapparition.

Et que le travail de reconstruction politique puisse enfin commencer pour de bon, que notre peuple commence enfin a sentir la justice travailler à autre chose qu’à s’occuper d’affaires qui ne concernent en rien l’État, et encore moins un État qui vit une révolution.

Que Justice soit faite, que la Liberté s’incarne et que le véritable Ordre qui ne peut être que celui de la loi juste et égale pour tous règne enfin dans notre pays.