Depuis le 14 janvier, il y a eu rupture totale entre le Ministère de l’Intérieur et une bonne partie des tunisiens. Les actions entreprises depuis pour que le citoyen refasse confiance à cet appareil de l’état se sont multipliées, subtilement parfois et avec beaucoup d’erreurs d’autres fois.

De mémoire, nous avons eu droit à une succession d’événements :

– Une marche pour exprimer leur soutien à la révolution

– Morale au plus bas et touché dans leur orgueil

– Une grève pour revendiquer une amélioration de leurs conditions de travail indécentes durant la période Ben Ali

– Une médiatisation de leurs actions sur le terrain via les informations de 20h

– Des statistiques en fil rouge sur le nombre de fouteurs de troubles arrêtés

– Appui ponctuel de Béji Caïd Sebssi dans une de ses interventions télévisée

– Des excuses officielles de la part du Ministère de l’Intérieur suite au passage à tabac de journalistes et photographes

– Divulgation après des mois d’attente des événements liés à l’aéroport à la date du 14 janvier par le biais de Samir Tarhouni, Lieutenant-colonel de la BAT, qui a insisté sur deux choses : patriotisme de ses collègues et responsabilité unique de la famille Trabelsi sur la détérioration du pays. Le tout médiatiquement bien orchestré.

– Décoration par le nouveau syndicat de police du moins discret colonel et directeur à la Sûreté présidentielle Sami Sik Salem, à qui on lui attribut d’avoir convoqué Ghannouchı à assumer son devoir envers la patrie le soir du 14 janvier et qui écopera de plusieurs jours ensuite d’arrêt avant d’être éloigné de la garde présidentielle et réintégrai dans son corps d’origine, la police. (voir vidéo 1)

– L’idée de changer les uniformes a été soulevée et devrait se concrétiser prochainement après la divulgation du nouveau look des voitures des différentes brigades.

– Etc ..

Bref, tout sera fait pour essayer de réhabiliter la police tunisienne et regagner la confiance des citoyens. Oui mais tout ça ne suffit pas pour deux principales raisons :

La première, Pas de réconciliation sans justice . Aucun responsable ou décisionnaire n’a été mis sous les verrous pour atténuer un tant soit peu la frustration et la haine accumulée durant des années et sentiments aggravés depuis le 17 décembre. Et Dieu sait combien ils sont nombreux à devoir répondre de leurs actes.

La seconde est liée à la manière avec laquelle continue d’opérer cet appareil pour réprimer les manifestations. Rien ne peut justifier la violence pour réprimer des manifestants, nonobstant le caractère « illégal » d’une marche de protestation ou la présence de casseurs, mais ça c’est une tout autre histoire. Les risques de bourdes augmentent et avec leur médiatisation à travers Facebook de ce qui était peu ou pas connu par les tunisiens ne l’ai plus désormais. Ces deux vidéos l’attestent.

Il est clair qu’on ne pourra pas juger tout le monde mais pour commencer à bâtir du nouveau il faut donner un premier signal fort en attendant les élections et le futur gouvernement qui sera, on l’espère, élu démocratiquement pour revoir de fond en comble les structures du Ministère de l’Intérieur et surtout ses prérogatives.

L’opération séduction débutée avec Ghanouchi/Farhat puis encadré par Beji Caid Sebssi n’aboutira certainement pas de cette façon. L’ardoise est assez pleine comme ça et il faudra plus que ça pour l’effacer.

Publié initialement sur le Blog Mramdhen 2.0

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