Depuis mon dernier post sur Slim Riahi et l’UPL, une vidéo Lolesque , présentant le parti a été mise en ligne. Dans la foulée, on apprend que Slim Riahi, a acquis 5% de Carthage Cement. Bien évidemment, pas un mot sur les membres du bureau politique du parti, son orientation, son programme, ah si! il parait qu’ils ont 12 piliers… Un communiqué publié aujourd’hui annonce une conférence de presse lundi sur les sources de financements du parti. Mais si seulement le problème de ce parti n’était que ses sources de financement…

Hier, je suis tombée sur une vidéo amateur, tournée dans l’une des régions de l’intérieur du pays ; des gens faisant la queue devant un local de l’UPL pour avoir de quoi manger. De gros cartons remplis d’aliments et de pauvres gens, sous une chaleur étouffante, se battent pour avoir de quoi se nourrir et nourrir leurs familles. Sur le forum de Tunisia-sat, on parle également de chèques distribués aux gens (et refusés (?)) à Gasserine. Scandaleux ? Je ne vous le fais pas dire. Mais dans les bidonvilles en détresse et les régions en perdition, ceci s’appelle de l’humanitaire.

Soudain, au milieu du silence assourdissant des médias, un parti se rend compte du danger que constitue l’UPL, non pour la nouvelle Tunisie, mais pour lui-même et les électeurs potentiels qui pourraient lui échapper, puisqu’il joue sur le même terrain que lui! Vous l’aurez compris, il s’agit d’Ennahdha, dont les sympathisants appellent à faire attention et dénoncent sur leur site nahdhaonline, le danger que représente ce Slim Riahi. Normal, il leur pique leurs méthodes à succès ! (rappelez-vous les mariages collectifs à la Manouba, les fêtes de circoncision, les cours particuliers pour les élèves, les parfums “J’aRdore” dans les meetings…)

Le terrain de l’humanitaire est presque vierge en Tunisie malgré les mille et une associations créées depuis janviers 2011 (peu d’associations sont engagées sur le plan humanitaire et leur travail demeure soit insuffisant soit très peu visible). Et le gouvernement de transition, héritier d’une situation catastrophique et en manque de légitimité, n’arrange pas les choses en cumulant les erreurs et les bavures (ministère de la Justice et ministère de l’Intérieur essentiellement) et laissant le champ grand ouvert à toutes les dérives dans une période aussi complexe.

Quand on sait que le pays est assis sur une bombe atomique capable d’exploser à tout moment, quand on sait que le détonateur de la a révolution a d’abord été l’injustice sociale dans les régions marginalisées du pays, quand on sait que rien n’a changé dans la vie de ceux qui ont fait cette révolution, on ne peut ignorer que la bataille politique se jouera sur ce terrain.

Les gens ont besoin qu’on s’intéresse à eux, à leurs préoccupations, ils cherchent la justice sociale avant celle des tribunaux (très importante par ailleurs) et le faible taux d’inscription aux élections de l’assemblée constituante (à peine 55% après le prolongement des délais de 2 semaines) est bien la preuve que 8 mois après l’explosion, l’espoir d’une vie meilleure se perd au fil des jours.

Dans l’humanitaire, les motivations ne sont pas toujours louables, que dire alors quand il y a un parti politique et une course au pouvoir derrière. Il faut se rendre bien compte que tout ceci menace la reconstruction d’une nouvelle Tunisie libre et démocratique, car comme le dit Claude Fournier :

« Tout a un prix, même les gestes humanitaires »

M-à-j :

après avoir publié ce post, j’ai retrouvé une photo du parti Al Watan, fondé par l’ex-RCDiste Mohamed Jegham: Des cartons de bananes distribués contre une photo avec l’affiche du parti et… un vote le 23 octobre (?)

Une photo je publie avec l’excellent commentaire de @khalilbm : Tu es plutôt bananes ? casse-croutes ? conserves ? ou faux parfums dior ? RDV le 23 Octobre !

Publié initialement sur le blog Un oeil sur la planète

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