Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

Vous vous rappelez de ce fameux virus de la grippe aviaire, dit H5N1 ? Le monde a dépensé des milliards de dollars pour s’en protéger craignant sa mutation, le rendant particulièrement dangereux pour l’homme.

Personnellement, le virus H5N1 est actuellement le dernier de mes soucis. Par contre, il y a un autre virus qui me préoccupe bien plus : il s’agit du R⁵CD¹!

Ce virus n’arrête pas de muter à vue d’œil depuis plus 50 ans et d’une manière particulièrement rapide depuis le départ Ben Ali. Nous n’avons même plus besoin de microscopes pour le voir : il réapparait partout.

Avant de continuer, par souci de rigueur scientifique je vais m’attarder sur la définition d’un virus : « Un virus est une entité qui nécessite un hôte, dont il utilise les constituants pour se développer ». Le R⁵CD¹ ne s’est-il pas développé dans toutes les couches, interstices et entrailles de la société tunisienne, probablement jusqu’aux recoins de nos cervelles ? Il se retrouvait partout : administrations, entreprises, syndicats, universités, médias, police, … bref, partout !!

Les miracles n’étant pas courants de nos jours, ces résidus et cette base sont encore bien ancrés dans les veines de la Tunisie et de certains Tunisiens.

Là où ce virus est épatant c’est dans les formes de transmission qu’il utilise et les peaux nouvelles dans lesquelles il se mue depuis le 14 Janvier 2011. Il va même jusqu’à déterrer des souches anciennes, dites destouriennes, neo-destouriennes ou neo-bourguibistes, pour prendre le visage de sauveurs du chaos et des dangers qui nous guettent.

Là je parle en particulier de la variante R⁵CD¹ dite du BCD&Co., qui tend à se développer sur un terreau de régionalisme primaire et de la peur collective. Cette variante R⁵CD¹-B emploie les grands moyens : des journalistes, des agitateurs et des relais qui distillent les bons messages un peu partout pour faire contaminer l’espace tunisien.

Il existe néanmoins une autre variante du R⁵CD¹ largement répondue également, c’est pourquoi on l’appelle Aridha (dans le sens large du terme), qui s’est développée avec des modes de propagation éprouvés : régionalisme et tribalismes primaires, clientélisme local, populisme, etc. Cette variante R⁵CD¹-A est plus discrète et travaille plus au niveau local : elle veut faire un 2ème malheur !!

Revenons au R⁵CD¹-B : notre cher Beji Caid Essebsi, le porte drapeau et la face visible de l’iceberg R⁵CD¹ sait qu’il peut compter sur un tissu établi au fil des dernières décennies dans toutes les strates du pays. Ca va jusqu’aux agents de la police officielle et officieuse, avec ses bataillons d’indics et d’agents freelance, dans la rue, les médias, les entreprises, etc.

Je ne suis pas du genre à m’exciter autour de théories de complots, mais je suis réaliste sur le côté vicieux de la nature humaine, surtout sous l’emprise de R⁵CD¹, qui affecte toutes les capacités intellectuelles, politiques sociales et économiques de son hôte. Du coup, je ne peux pas m’empêcher d’avoir la conviction absolue qu’une bonne partie de l’agitation et du chaos que nous connaissons depuis l’élection de l’assemblée constituante est favorisée par les bataillons du R⁵CD¹ qui soufflent sur les braises ici et là : amplifier le chaos et la détresse pour poser les réminiscences du R⁵CD¹ en sauveurs du pays et apporteurs de l’ordre et de la vie paisible.

J’insiste là pour dire qu’ils n’ont qu’à souffler sur les braises. La connerie répondue parmi nous et la médiocrité de la classe politique et notre pseudo-élite fait le reste.

L’une de leurs braises favorites n’est autre que … le virus de Salaphylis (à ne pas confondre avec le Syphilis ou le Salfalis).

Salaphylis : vulgairement appelée vérole, il se manifeste par un chancre initial (un chancre est un fléau qui corrompt quelqu’un ou une société) et par des atteintes viscérales et nerveuses tardive (je dirais même attardantes).

En effet, le salaphylis est depuis des mois le meilleur cheval de Troie du virus R⁵CD¹-B. Ils utilisent cette deuxième pandémie comme un pistolet sur la tempe du pays et des tunisiens, ou comme le couteau sous la gorge si nous voulons faire le lien avec les moutons que nous redevenons dans ce piège. La pandémie de Salaphylis a aussi l’avantage de faire diversion et de détourner tout le monde des vrais sujets.

Là encore, tout le monde tombe dans le panneau et concentre tout autour du Salaphylis, alors que le principal danger est le retour des mutations du R⁵CD¹ et nos vrais préoccupations sont ailleurs : le sort économique et social des tunisiens, la réforme de la justice et de la police, etc.

Les éléments atteints de Salaphylis sont au plus plusieurs centaines de personnes. Ils sont individuellement connus des services de police et noyés d’indics-agitateurs (la paie de ces derniers ne viendrait plus du ministère de l’intérieur, mais des officines du nouveau RCD et d’une police Benaliste qui n’a jamais décroché).

Là je vois sourire certains qui trouvent dans tout ça que des débilités naïves, avec pour preuve la campagne des dernières semaines sur des Salaphylistes qui veulent poursuivre BCE pour torture alors qu’il était ministre d’intérieur.

Tiens ! Tiens ! Quelle coïncidence : BCE – comme tous les ministres de l’intérieur passés – a torturé tous les opposants par dizaines de milliers, qu’ils soient islamistes d’Ennahda, Salaphylistes, communistes, Trotskystes, nationalistes, etc.

Pourquoi c’est juste l’histoire de quelques dizaines de personnes qui revient sur la table ??? Un pur hasard ???

En marketing politique, c’est une technique simple, utilisée par Sarkozy, Bush, Ben Ali, BCE et bien d’autres : il faut forger l’image de celui qui est en confrontation directe avec une autre partie présentée comme le mal absolu, en jouant sur nos peurs primitives.

En d’autres termes, opposer les méchants (salaphylistes et autres islamistes) aux gentils et sauveurs du pays (BCE&Co.) qui sont capables d’user de la force s’il le faut : il nous faut une main forte comme celle de BCE, non ?!

En d’autres termes, c’est encore un loup, avec sa bande des loups & co. qui viendra nous sauver, nous les naïfs moutons … et ca marche.

Mais alors, existe-t-il un vaccin contre ces pandémies croisées de R⁵CD¹ et de Salaphylis qui nous tiennent en otage ???

Bien sûr qu’il y’en a un : se retrousser les manches – en particulier la pseudo-élite-politique-à-deux-mellimes – pour œuvrer pour le développement social et économique du pays, plutôt que de palabrer sur des non-sujets et passer son temps à aboyer sur la caravane de Salaphylistes, car les loups sont ailleurs et se préparent à nous remanger !