Les articles publiés dans cette rubrique ne reflètent pas nécessairement les opinions de Nawaat.

Depuis plusieurs mois, différentes actions de sensibilisation, de forcing, de communication sont menées sur le terrain et en ligne, par plusieurs groupes, collectifs et individus. Le groupe OpenGovTN ainsi que ses membres figurent comme tête de liste de ce chantier, avec comme opération clef : #7ell

D’autres comme Nawaat ou Al Bawsala proposent aussi des actions qui s’inscrivent dans la même logique.

Ces initiatives et actions sont à encourager, poursuivre et soutenir. Mais elles se heurtent à plusieurs difficultés et freins, de différents ordres : intellectuel, financier, communication, etc.

Ce que je soulève dans cet article, c’est un paramètre clef qui me semble avoir été insuffisamment investi et étudié : la face cachée de la transparence.
La transparence est dans ce cas un outil de gouvernance, loin d’être un objectif en soi, une finalité ou un but. Ce n’est pas une raison d’être. C’est un outil, comme tout autre outil, qui présente à la fois des facettes positives et négatives, qui sont induits par l’usage et la pratique.

A ce jour, entre les promesses faites par les dirigeants et députés, les engagements des internautes et autres collectifs et la pratique du gouvernement, je constate des écarts flagrants. Ceci s’explique à mon avis par la mobilisation de l’argument de la transparence comme un leurre. La transparence est utilisée comme une illusion ou un tour de passe-passe, pour donner l’impression d’être honnête, sans pour autant avoir l’intention de l’être. C’est cette espèce de bulle magique autour de la transparence qui donne l’illusion de l’honnêteté. (Et je ne parle même pas des défenseurs de l’opacité totale !)

En effet, le peu de données publiées à ce jour sont insuffisamment exploitées, et ceci nous amène directement vers un effet boomerang : trop d’info tue l’info. La députée Mbarak n’a pas hésité d’ailleurs à s’en servir comme argument pour critiquer ouvertement l’action du groupe OpenGovTN. Ce qu’elle relève c’est le déséquilibre total entre la pression pour obtenir des données et exiger un comportement de transparence d’un côté, et le stockage de données sans exploitation aucune, ou avec une exploitation minimale.

Ce déluge de données pourrait être exploité comme voie de sabotage, en accélérant la mise en ligne de données brutes, tous formats confondus, tous types confondus, pour noyer le poisson. Facile après de blâmer les défenseurs de la transparence quant à leur passivité et manque d’action, pour ne pas avoir honoré leur part du contrat.

D’autre part, les modalités d’exploitation actuelles, présentent un avantage certain mais toutefois limité : la lisibilité et la vulgarisation des conclusions restent, à mon avis, destinées à un public qui dispose des capacités d’interprétation. Nous sommes loin d’une accessibilité au quidam et au citoyen qui par fainéantise intellectuelle ou par manque de compétences aura du mal à ingurgiter et digérer les productions finales.

Pour pouvoir jouer pleinement son rôle d’arbitre et faire ses choix en connaissance de cause, le citoyen doit être accompagné, et je dirais même alphabétisé de nouveau, à ces modalités nouvelles de gouvernance. Un accompagnement plus pédagogique et plus précoce, notamment auprès des jeunes et plus jeunes est nécessaire. De même, une vulgarisation plus poussée, en s’appuyant sur des conclusions « chocs » en provenance des données publiées, peut constituer une voie complémentaire à explorer et investir. Les autres propositions peuvent être déduites, indirectement, depuis les critiques présentées ci-dessus