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Je préciserai immédiatement que je ne fais pas partie de ceux qui prennent un malin plaisir à traîner dans la boue les représentants du gouvernement actuel, encore moins lorsqu’il s’agit de ministères de souveraineté. Je me prévaux toutefois de mon droit de citoyen ordinaire (après la Révolution) évaluant le rendement du dit gouvernement.

Le 31 décembre 2012, un grand fait est passé presque inaperçu; il est pourtant de taille et influe sur notre image panarabe, tout en témoignant d’un échec aux conséquences négatives pour les quatre (sinon les huit) années à venir.

Il s’agit de l’élection du Directeur Général de l’ALESCO (l’Organisation Arabe pour l’Education, la Culture et les Sciences) dont le siège est à Tunis.

Le Directeur Général est élu par vote des pays membres (21 actuellement, la Syrie étant suspendue) de l’ALECSO pour un mandat de quatre ans, renouvelable une fois. L’actuel Directeur Général est le Tunisien Dr Mohamed El-Aziz Ben Achour dont le mandat s’étend du 1er février 2009 au 31 janvier 2013.

La première démarche logique aurait été de réélire l’actuel Directeur Général; il y avait parmi les pays membres un consensus sur cette candidature; d’abord en raison du prestige de la personnalité même, puis en raison de sa nationalité (la Direction Générale revenant dans la majorité des cas –à quelque exception près- au pays hôte comme c’est le cas avec la Ligue des Etats Arabes), et enfin parce qu’il est de coutume de diriger l’ALECSO pendant deux mandats. Mais les pays membres et notamment les pays du Conseil de Coopération du Golfe avaient clairement indiqué que si la Tunisie présentait un autre candidat, ils auraient présenté à leur tour leur candidat : le Koweitien Dr Abdullah Hamad Muhareb.

Notre gouvernement, et plus particulièrement le Ministère des Affaires Etrangères, a jugé utile de présenter un autre candidat tunisien pour substituer Dr Ben Achour, et a introduit en fait un excellent candidat : Dr Abdellatif Abid, actuel Ministre de l’Education. Fin arabisant, expert en terminologie et lexicologie auprès de l’UNESCO et de l’ALECSO même, académicien et excellent traducteur, Dr Abdellatif Abid avait tous les atouts pour prendre la place de son collègue tunisien. Il fallait bien évidemment que le Ministère des Affaires Etrangères fasse son travail : lobbying, visites aux capitales des pays arabes, négociations qui auraient garanti sans équivoque la majorité des votes au candidat tunisien.

Le Ministère des Affaires Etrangères n’a pas fait son travail convenablement.

Est-ce que le Ministre des Affaires Etrangères s’est assuré du soutien d’une majorité de pays arabes au candidat tunisien?

Est-ce qu’il a parcouru les capitales arabes pour s’assurer ce soutien?

Est-ce qu’il a planifié une stratégie de lobbying pour soutenir notre candidat?

Non seulement le Koweït soutenu par les pays de Golfe a présenté son candidat, mais même la Mauritanie a présenté un candidat aussi. Comment la Mauritanie peut-elle prétendre – et pourquoi- concurrencer la Tunisie chez elle ? Non seulement c’est un pays du Maghreb Arabe sensé soutenir le candidat tunisien, mais aussi nous avons des relations culturelles et scientifiques assez bonnes avec la Mauritanie. Plusieurs étudiants mauritaniens étudient dans les universités tunisiennes, et plusieurs académiciens tunisiens enseignent à l’Université de Nouakchott. Il y avait là plusieurs éléments qui auraient permis au MAE tunisien de négocier le vote mauritanien en faveur de la Tunisie. Mais il semble que notre MAE était occupé à autre chose… A son tour, l’Iraq a présenté un candidat, et c’était à la diplomatie tunisienne de travailler à négocier aussi avec lui afin que les voix ne se dispersent pas entre les trois candidats…

Le 31 décembre 2012, douze pays sur les 21 membres ont donné leurs voix au candidat koweitien. Et à partir du 1er février 2013, le Directeur Général de l’ALECSO dont le siège est à Tunis sera le koweitien Dr Abdullah Muhareb.

Nous pourrons dire à nos frères arabes que leur choix est cynique. Après la Révolution et le Printemps Arabe inspirés par la Tunisie, et vu que le siège de l’ALECSO se trouve à Tunis, c’est très certainement ingrat de leur part d’avoir imposé un candidat non-Tunisien. La Tunisie avait besoin d’un coup de main de ses frères arabes, ils lui ont donné une belle gifle…

Oui, mais le tort réel ne vient pas des pays arabes puisque chacun défend légitimement et démocratiquement ses intérêts. Le vrai tort est plutôt du côté d’un Ministère des Affaires Etrangères tunisien qui a fait preuve d’amateurisme, de nonchalance, et qui, en dormant et en ronflant, a failli dans sa mission extrême : défendre les intérêts de la Tunisie!!!