leco-revue41

Chaque semaine, nous essayerons, dans cette chronique, de résumer l’actualité économique nationale, afin d’avoir une vue d’ensemble et de ne pas se noyer dans la masse gigantesque d’informations disponibles , et de pouvoir assurer ainsi le suivi des projets annoncés.

Lundi 1er

Commençons la semaine avec de bonnes nouvelles : le tourisme fait un léger mieux que 2012 jusqu’à maintenant, avec une croissance du nombre de touristes de 3,4 %, mais une croissance de seulement 0,2 % de recettes, expliquée sûrement par un bradage intensif des prix…

L’affaire « EssebsiGate » permet à l’ex-directeur de Voyageur Oil & Gas, M. Stevenson, de médiatiser la corruption dans l’industrie des hydrocarbures. Ainsi, il promet au pôle judiciaire plus de 50 000 dossiers de corruption dans le secteur. Appétissant !

La commission des affaires fiscales de l’UTICA préconise une baisse de la fiscalité pour la porter à 20 %. Un conseil très neutre a priori…

Face à l’explosion de la contrebande de tabac, la Régie nationale des tabacs et des allumettes (RNTA) projette de créer une société publique qui se chargera de la distribution de ses produits et de la restructuration du réseau de distribution . Cette restructuration prévoit une augmentation de la marge des vendeurs (+ 2 %) afin d’encourager la vente des produits légaux.

Tout le monde sait que la société civile est envahie de toutes parts par les financements illégaux et le détournement d’activités. Un exemple flagrant : un protagoniste de l’AngolaGate qui devient philanthrope dans son pays

Encore plus insolite, la pensée économique du Hezb Ettahrir. Au menu : libéralisme classique, retour à l’étalon-or dans les échanges internationaux, refus idéologique du système financier et de la justice sociale, remplacée par la charité étatique.

Mardi 2

Le ministère de l’Industrie a organisé, jeudi 27 juin, un « débat » sur la transition énergétique. Retour sur cette opération com’ qui a essayé, avec beaucoup d’amateurisme, de faire passer des décisions assez controversées, sous couvert de « transparence » et de « soutien de la société civile », et des slogans très « greenwashing »…

Un peu plus sérieuse, l’initiative Marsoum 41 , qui permet, à travers un portail internet, de récolter quelques informations administratives qui ont un effet immédiat sur la vie des citoyens. Un petit pas pour l’OpenGouv, déjà considéré comme un grand pas pour une administration d’une autre ère…

Un peu plus triste, Moammar Kadhefi est classé comme le 8ème homme le plus riche de l’histoire de l’humanité. On aurait bien aimé connaître le classement de notre bon vieux Ben Ali.

Plus terre à terre, un projet de nouveau barrage dans le gouvernorat du Kef a été lancé pour un investissement de plus de 146 MDT, afin de remplacer un autre barrage qui date de la première moitié du siècle dernier.

La CPG s’enfonce chaque jour un peu plus, avec des pertes estimées à plus de 2 500 MDT depuis 2011, et des stocks qui atteignent des niveaux extrêmement critiques. Un vrai gâchis…

Mais ce n’est pas seulement la CPG qui s’enfonce : c’est tout le pays qui part en ruine, puisqu’il vient de perdre 11 places dans le classement Failed States Index, passant derrière des pays comme le Vietnam, la Thaïlande et le Venezuela…

Mercredi 3

Les bouchers refusent la fixation des prix imposés par le ministère du Commerce, puisqu’ils considèrent que les prix fixés ne couvrent pas leurs charges et que le texte du décret lui-même peut pousser les bouchers à la fraude. Ils rappellent que la demande est en baisse, puisque le Tunisien, qui consommait 12 kg par an, n’en consomme plus que 7 kg aujourd’hui. Ils auront encore plus de mal avec la généralisation des marchés de vente directe, qui est une bonne chose pour les citoyens, mais qui peut nuire aux artisans. Tout le secret est dans le dosage. Ils seront encore plus énervés en sachant que les prix des viandes blanches ont été fixés à la baisse aussi, ce qui n’améliore pas leur situation.

Toujours dans les subventions et les prix fixés, le sucre de betterave sera subventionné par l’Etat à partir de 2014 pour encourager le développement de cette culture.

Mais le gouvernement a cette fâcheuse tendance à reprendre d’une main ce qu’il a donné de l’autre, puisque le prix de l’eau va augmenter, surtout pour les industriels, ce qui aura sûrement un impact négatif sur l’inflation…

Cette augmentation est due à la situation catastrophique de la SONEDE, dont les déficits s’élèvent à 80 MDT et les impayés à 215 MDT, sans parler de ces actes de sabotage dans les régions chaudes du pays et qui coûteraient, selon le PDG de la SONEDE, des dizaines de millions de dinars…

Oublions un peu cette misère. Les TIC enregistrent une croissance de 14%, les Chinois coopèrent avec nos banques pour leurs investissements africains et les IDE sont en croissance en Tunisie malgré leur recul au niveau mondial . Il y aura toujours ceux qui s’en sortent en période de crise…

Jeudi 4

L’enquête de la semaine : les réseaux illégaux de proxénétisme et leurs effets sur les prostituées, leurs méthodes, leur clientèle. De quoi faire réfléchir les conservateurs en tout genre quant à l’absurdité de leur volonté d’imposer leur vision de la société dans le monde d’aujourd’hui…

Le gouvernement organise un audit énergétique pour les espaces consommateurs d’eau afin d’éviter les coupures d’eau pendant l’été. Ils oublient sûrement qu’on est déjà en plein été…

Le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) a accordé un don de plus de 4 MDT pour soutenir un projet de développement écologique et de diversité biologique dans les régions protégées de Dghoumes et Jebel Bouhedma. Espérons que les projets financés soient réellement « propres »….

Le FMI se dit satisfait de l’avancement des réformes promises par la Tunisie envers l’institution. Il confirme aussi que la situation est désormais tributaire de la finalisation de la phase de transition politique et de l’état de santé de nos partenaires commerciaux. Les seigneurs sont satisfaits, et c’est l’essentiel, n’est-ce-pas… ?

Vendredi 5

D’après le directeur du secrétariat du Conseil national de lutte contre la désertification, Abdelkarim Issaoui, 75 % des terres tunisiennes sont menacées par la désertification, et le phénomène concerne aussi les zones fertiles du nord. La Tunisie paye aussi le prix du réchauffement climatique, qui est dû essentiellement aux pays développés, qui se positionnent encore comme donneurs de leçons…

L’audit des banques publiques sera supervisé par la Banque mondiale, qui a présenté aux responsables de la BCT et du ministère des Finances diverses expériences de recapitalisation et de privatisation de banques publiques. Donneurs de leçons encore…

A l’occasion de la venue de François Hollande, plus de 18 accords bilatéraux ont été signés pour un montant dépassant les 442 millions d’euros. La France soutient le gouvernement et le montre haut et fort. Mais tout cela ne remplacera pas la perte de 46 % des rentrées touristiques françaises

Le code fiscal tunisien n’a pas été abordé. Code fiscal qui devrait pourtant s’inspirer du modèle français…

Selon les statistiques de la BCT, deux mois de séance unique coûtent 1 point de croissance . Si on considère que le PIB tunisien est d’environ 75 milliards de dinars, cela donne 1,750 milliard de dinars de manque à gagner. Dieu nous le rendra sûrement…

Et bonne semaine !