Si les deux manifestations opposées, celle du mouvement Ennahdha et celle du collectif Hrayer Tounes, ont pu provoquer des craintes de division de la société tunisienne chez certains politiques et médias, tel que le parti Ettakol qui a appelé ses sympathisants à boycotter les deux manifestations… force est de constater que de face à face ou de polarisation, il n’y eût point. La bataille de la fréquentation populaire, de la mise en avant véritable des droits de la femme et de la communication politique a penché en faveur du rassemblement au Bardo.
Ennahdha, participation faible pour une manifestation partisane
Ennahdha qui fête le Code du statut personnel (CSP) et indirectement le président Habib Bourguiba sur l’avenue du même nom… la nouvelle a provoqué de nombreuses remarques ironiques et fait grincer certaines dents.
La manifestation du 13 août, ayant débuté vers 15h, fut finalement modeste en termes de fréquentation : quelques centaines de participants, concentrés sur le tronçon du milieu de l’avenue entre l’hôtel Africa et le Théâtre municipal, devant le Studio 38, avec cinq tentes installées en plus de la scène. La majorité sont de fidèles partisanes d’Ennahdha, certaines militantes, auxquelles viennent s’additionner les badauds et curieux venus jeter un coup d’œil ; un nombre ne dépassant pas 1 200 selon les forces de l’ordre présentes sur place. Des observateurs ont également pu noter le recours aux compagnies de bus régionales. A l’exception de la vice-présidente de l’Assemblée nationale, Meherzia Laâbidi, aucune personnalité importante du mouvement n’était présente.
Sur place, aux côtés de drapeaux tunisiens et de quelques drapeaux noirs ainsi que de portraits de Morsi, les femmes voilées, pour la plupart, voire niqabées, entonnent des ‘Takbir’, « Allahou Akbar » et autres formules religieuses qui côtoient les slogans pro-légitimité et révolutionnaires mis à la sauce féministe : « Réveille-toi femme tunisienne, les putschistes jouent avec toi » et « Voilà la femme tunisienne » en pied de nez au sit-in du Bardo. Aux côtés du tract célébrant la femme, c’est le Manuel de la pensée, de la méthodologie et du projet d’Ennahdha qui circule également.
Interrogées, c’est Ennahdha que les participantes semblent surtout vouloir mettre en avant avec l’identité musulmane, avec une certaine impression qu’il s’agissait plus des femmes d’Ennahdha défendant Ennahdha… que d’Ennahdha défendant les femmes tout court. Serait-ce finalement un rassemblement purement idéologique ? Le mouvement Ennahdha avait pourtant publié un communiqué le jour-même, aux côtés d’autres formations politiques, dans lequel il exprimait son refus d’instrumentaliser et de politiser les fêtes nationales.
Ainsi, pour Fadhila, 65 ans, de Tunis :
« La journée de la femme n’avait pas vraiment d’importance auparavant. Mais maintenant ils [l’opposition] instrumentalisent ces manifestations et ces slogans. C’est nous contre eux maintenant. Et je suis contre ces tentatives de putsch. […] C’est la faute du gouvernement qui a fait trop de concessions à leur encontre. »
La mère de famille se dit pour l’application de la Charia : « l’Islam protège parfaitement la femme […]. La Sunna, c’est notre constitution. ».
Pourtant, certaines, telles que Chayma El Aoudi, lycéenne de 17 ans, précisent que « c’est à la majorité du peuple tunisien d’en décider démocratiquement ». Pour la jeune fille, le sit-in Errahil du Bardo, c’est « le RCD qui veut revenir. »
Fatma Khira, 47 ans, originaire du quartier d’Ibn Sina, se dit contre toute division de la population tunisienne et en profite pour répondre aux critiques :
« Lors du rassemblement d’Ennahdha, le 3 août, ce sont les habitants du quartier qui se sont cotisés, 10 DT par 10 DT, pour payer les bus et la nourriture, pas le parti qui n’a pas d’argent. »
Elle est finalement prise à partie par un badaud :
« J’ai vu de mes propres yeux des bus tout confort et des véhicules d’hôtels amenant de la nourriture. Vous devez être bien riches dans votre quartier !»
Pour Kehna Boudeli, chargée de presse de la manifestation et ancienne professeure de français, il n’y a pas à s’inquiéter. Toutes les parties qui ont travaillé au sein de l’Assemblée constituante ont parfaitement défendu les droits de la femme.
« Les partisans d’Ennahdha n’ont jamais été contre le Code du statut personnel, inspiré lui-même par notre propre religion, l’Islam, qui avant même la promulgation de ce code, avait déjà donné ses droits à la femme. […] Nous protégeons la liberté de la femme et ses acquis. La polygamie, par exemple, est un point exceptionnel et sans grande importance par rapport aux autres thèmes de la Charia tels que la charité et la pauvreté. Ce n’est pas du tout débattu par Ennahdha.»
Hrayer Tounes au Bardo, manifestation politisée mais fédératrice
Si les deux manifestations ont été toute deux hautement politisées, le rassemblement d’Ennahdha a été taxé d’échec, tandis que la manifestation du Bardo s’est vu elle qualifiée de réussite par les observateurs nationaux et internationaux.
La démonstration, débutée à Bab Saadoun à 18h pour ensuite atteindre en procession le Bardo, aura montré une diversité non seulement géographique mais aussi sociale dans les rangs de ses manifestantes et manifestants. A noter, tout d’abord, la participation importante d’hommes aux côtés des femmes et enfants défilant. Quant au total des participants, si les nombres de 100 000, voire plus, ont été avancés, la fréquentation a été sans nul doute très élevée, une véritable marée humaine selon beaucoup.
Aux côtés des drapeaux tunisiens flottaient également les drapeaux du Front populaire, de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) ou de l’Union des diplômés chômeurs. Aux slogans féministes et aux « Vive Bourguiba », répondaient les appels à la dissolution du gouvernement et de l’ANC.
De nombreuses figures de la scène politique et de la société civile étaient également présentes, notamment membres du collectif Hrayer Tounes (Femmes libres de Tunisie), constitué de nombreuses associations : entre autres Besma Khalfaoui Belaid, Mbarka Brahmi, Ahlem Belhadj, présidente de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), Hamma Hammami, Anouar Brahmi, Iyed Dahmani, ainsi que des figures de l’UGTT et du comité national de la femme travailleuse relevant de l’UGTT, ayant coordonné l’événement .
Les hommes n’étaient pas en reste, brandissant pancartes et banderoles aux messages politiques, féministes ou même amusants ou émouvants tels que « Yes she can » ou «Je manifeste pour ma mère, elle l’aurait fait si elle vivait encore ». Les participantes, enroulées de drapeaux, portant le ‘safsari’ et autres habits traditionnels tunisiens ou en simple jean, tenaient à montrer leur attachement au code du statut personnel, aux droits des femmes et à leur vision d’une Tunisie moderne bien qu’attaché à ses traditions.
Linda, jeune lycéenne de 17 ans de Tunis, arborant le fameux safsari, croit « en une unité tunisienne et musulmane mais pas sans de véritables droits pour la femme tunisienne ».
Seyma Rommene, jeune chercheuse en géosciences, originaire de Nabeul, soutient que :
« le rassemblement au Bardo en l’honneur de la journée nationale de la femme est d’autant plus important qu’il permet de constituer une véritable assise sociale en faveur des droits de la femme, puisque la promulgation du Code du statut personnel ne venait pas d’un mouvement populaire. C’est maintenant que nous le construisons finalement. Si les droits de la femme sont soutenus par une révolution culturelle et un mouvement populaire, alors on écartera le danger.»
Pour Mounira Yaacoub, du Parti de lutte progressiste :
« Les femmes sont une force vive en Tunisie. Les droits de la femme ne sont pas une question purement féminine. Nous allons nous battre sur chaque mot, chaque ligne, chaque paragraphe dans la prochaine constitution. Il est hors de question que nous participions aux luttes sans participer aux décisions. […] Nous pensions qu’après la révolution, nous pourrions obtenir d’autres droits. Malheureusement, ce sont nos acquis mêmes qui sont attaqués. Mais nous n’abandonnerons pas.»
“Ennahdha, participation faible pour une manifestation partisane”. Il faut vraiment avoir du culot et prendre les lecteurs pour des imbéciles pour oser écrire un texte propagandiste d’un niveau aussi bas. Vous n’avez pas encore compris que l’ère Ben Ali, c’est du passé. La définition de partisan est: “personne qui est attachée, dévouée à qqn, à un parti.” Pourquoi n’utilisez-vous pas ce mot lorsqu’il s’agit de la participation du Front Populaire, de l’UGTT, de l’ATDF et d’autres organisations ou partis? Leurs partisans manqueraient-ils d’attachement et de dévouement pour ne pas mériter ce qualificatif? Pensez-vous que ceux qui vous lisent manquent d’esprit critique à tel point qu’ils se laissent embobiner si facilement? Vous faites comme ce polichinelle qui ne rate aucune occasion pour se lancer aux trousses de ceux qui ne hurlent pas avec les loups et ne croassent pas avec les corbeaux. Il joue le censeur sous divers pseudonymes, des fois masculins, d’autres fois féminins et s’imagine que son style et sa veulerie ne sont pas reconnaissables On peut tromper tout le monde pendant quelque temps mais on ne peut pas tromper tout le monde tout le temps. Ce polichinelle peut donc continuer à faire son cirque et du zèle pour plaire à ceux qui tirent les ficelles mais ça ne le mènera pas loin. Je ne suis pas le seul à l’avoir reconnu. Mais il peut continuer si cela l’amuse. De mon côté je ne réagis à aucun de ses pseudonymes ni à aucune de ses conneries.
@ Fathi
Vous m’épatez avec votre niveau intellectuel. Je vous explique, la phrase que vous avez souligné n’était pas pour reprocher le caractère partisan de la manifestation. C’était une façon de montrer la taille réelle d’ennahdha qui n’arrive pas, malgré ces appels à manifester, à rassembler autant que le camp d’en face. Les autres partis n’ont jamais caché leur soutien à la marche de Bab sa3doun.
Je trouve que vos interventions sont agréables pour ce qu’ils peuvent procurer aux lecteurs un instant de franche rigolade.
Je vous réitère mes invitations d’aller vous soigner parce que la paranoïa est une maladie. Vous voyez des journalistes de nawaat qui vous censurent et d’autres polichinelles qui changent de pseudonymes. Cela devient grave. Si vous vous sentez persécuté allez consulter. J’espère que vous ne croyez plus aux 3obbithas et rabbi yechfik.
Franchement d’un côté comme de l’autre c’est tellement instrumentalisé que ça en devient pathétique
Tout comme cette notion de journée de la femme tunisienne créée à la base pour être justement instrumentalisée