Des centaines de morts et des milliers de blessés : la semaine qui s’achève a été sanglante en Égypte. Et la crise égyptienne s’invite une fois de plus dans le débat politique tunisien alors que le dialogue entre pouvoir et opposition semble dans l’impasse. Comment l’opposition tunisienne, qui avait en grande partie soutenu la destitution du président égyptien Mohamed Morsi, le 3 juillet, réagit-elle à cette nouvelle explosion de violence ?
Alors qu’il régnait, jeudi 15 août au soir, un certain malaise au Bardo, les différents adversaires politiques se sont livré bataille par communiqués interposés. Reportage et analyse.
C’est un soir comme les autres au Bardo. Les sit-inneurs de la première heure côtoient les participants « occasionnels ». Des familles et de simples curieux, plus ou moins sympathisants, flânent sur la place. Des adolescents trompent l’ennui en regardant passer les filles. À l’abri des tentes, les grévistes de la faim se reposent, allongés sur des matelas, pendant que des vendeurs ambulants habillés aux couleurs nationales proposent pop-corn, barbes à papa et drapeaux tunisiens à un dinar.
Ce jeudi 15 août a pourtant été décrété « journée de deuil » en hommage aux morts en Égypte par les députés retirés de l’Assemblée nationale constituante (ANC), à l’issue d’une réunion d’urgence organisée le jour-même. L’enjeu ? Répondre aux inévitables accusations des partisans de la « légitimité » gouvernementale, à qui la tournure des événements en Égypte donne une bonne occasion de réaffirmer leur refus de former un gouvernement de salut national et de dissoudre l’ANC.
Il faut dire que la journée du mercredi 14 août a été particulièrement sanglante en Égypte, où l’armée a évacué de force les sit-ins occupés depuis la destitution du président Mohamed Morsi par les partisans des Frères musulmans. Selon l’Agence France Presse (AFP), les violences, ce jour-là, ont fait près de 600 morts et plus de 3 000 blessés dans tout le pays.
Les partis de la Troïka rappellent leur attachement à la « légitimité »
Sans surprise, le parti Ennahdha, solidaire de ses « Frères » égyptiens et tourmenté à l’idée qu’un « scénario à l’égyptienne » ne lui fasse perdre le pouvoir en Tunisie, a immédiatement réagi par un communiqué dénonçant le « massacre commis par les autorités putschistes » [ar]. Le ministre de la Santé, Abdellatif Mekki, membre du bureau exécutif d’Ennahdha, a surenchéri dans la soirée, déclarant au micro de Shems FM que l’opposition tunisienne était « responsable moralement des événements survenus en Égypte ».
Au sein de la Troïka, le Congrès pour la République (CPR) en a lui aussi profité pour rappeler son attachement à la « légitimité » : «Nous […] demandons de faire pression sur le pouvoir usurpateur [en Égypte] afin de se retirer et laisser la place en vue de l’achèvement du processus démocratique. […] Ce qui se passe dans le pays frère, l’Égypte, démontre avec force la nécessité de tenir au processus démocratique en cours en Tunisie en tant qu’unique moyen de préserver la stabilité, la sécurité et l’unité nationale », peut-on lire dans un communiqué publié le 14 août.
« Journée de deuil » pour les députés sit-inneurs
Nous allons continuer notre sit-in malgré toutes les tentatives de nous décrédibiliser et de nous diviser.
Il est 20h30 ce jeudi 15 août au Bardo, et l’élu de Nidaa Tounès Khemaïs Ksila, mégaphone à la main, s’exprime au nom de tous les députés retirés de l’ANC. Réitérant sous les applaudissements les revendications du sit-in – démission du gouvernement et dissolution de la Constituante –, il poursuit : « Nous saluons le peuple égyptien, qui est sorti dans les rues par millions pour remettre la révolution sur le bon chemin. Et nous sommes tristes que les militaires aient dispersé les manifestations pacifiques. Nous bénissons les martyrs des deux côtés, civils et militaires. C’est une question de principe. Et nous sommes favorables à la relance du processus politique civil en Égypte. »
Une déclaration de principe réaffirmée le lendemain dans un communiqué par les députés : « Nous condamnons fermement la violence, quelle que soit sa provenance ».
La douzaine d’élus présents ce soir-là, arborant visages graves et brassards noirs en signe de deuil, entame alors la Fatiha (première sourate du Coran) en hommage à « tous les martyrs, sans discrimination ». Un acte symbolique, comme en écho à la « prière de l’absent » prononcée la veille à la mémoire des victimes par le député d’Ennahdha Habib Ellouze, lors d’un rassemblement de protestation devant l’ambassade d’Égypte à Tunis.
Un certain embarras
Mais l’initiative ne semble pas soulever l’enthousiasme de la petite foule – plusieurs dizaines de personnes – du Bardo. Quelques-uns seulement prient avec les députés ; les autres observent un silence respectueux. Nul brassard noir parmi les participants au sit-in. Et si certains font part de leur désolation devant la flambée de violences en Égypte, la plupart ne sont pas pressés de s’exprimer sur le sujet, se contentant de constater la nécessité en termes de communication politique de la déclaration des députés. L’Égypte ne sera de toute façon pas au cœur des discussions entre sit-inneurs durant le reste de la soirée.
« Vous avez bien remarqué qu’il y avait une certaine gêne aujourd’hui… », regrette Imen Bouallegui, une jeune mère de famille présente tous les soirs au Bardo depuis l’assassinat de Mohamed Brahmi, le 25 juillet. « C’est parce qu’Ennahdha instrumentalise les événements en Égypte contre nous », explique-t-elle en faisant référence aux accusations d’Abdellatif Mekki.
Ce qui s’est passé là-bas est horrible. Il faut absolument condamner le massacre. Je suis contre la violence, contre toute forme de violence. Et je suis contre les dictatures, qu’il s’agisse d’une dictature des Frères musulmans ou d’une dictature de l’armée.
Imen Bouallegui s’interrompt régulièrement : « Travail ! Liberté ! Dignité nationale ! ». Une bande de jeunes hommes reprend en chœur le slogan. Mais c’est elle qui crie le plus fort. Imen Gouallegui, son fils d’un an et demi dans les bras, semble infatigable. Elle n’est membre d’aucun parti politique ni d’aucune association, mais aide dès qu’elle le peut à préparer les repas pour les sit-inneurs.
« Il faut qu’on reste unis. Il y a ici quelques extrémistes qui approuvent l’intervention de l’armée contre les Frères musulmans. Mais en fait, on essaie de se modérer entre nous », conclut-elle en souriant.
Tamarrod et le Front populaire pointent la « responsabilité historique » des Frères musulmans
À quelques pas de là, au stand de Tamarrod, le discours est moins spontané. Le mouvement, ouvertement inspiré du « Tamarrod » égyptien, qui a largement contribué à la chute du président Morsi, est conscient d’être une cible facile pour les « pro-légitimité ».
Mais, interrogé sur la position de Tamarrod quant aux derniers événements en Égypte, Assim Ghabri, l’un des fondateurs du mouvement, préfère parler d’Ennahdha. Le jeune homme de 23 ans, originaire de Sidi Bouzid, est intarissable sur les torts du parti islamiste, qu’il accuse d’être responsable de la mort de Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi, d’être derrière les « terroristes » du mont Chaâmbi et de dissimuler des camps d’entraînement djihadistes en Tunisie. Une façon de sous-entendre que, si violence il y a, elle est d’abord du côté des Frères musulmans.
Et Assim Ghabri le déclare ouvertement quand il aborde enfin la question égyptienne :
Les Frères musulmans ont confisqué les révolutions. Cette organisation a montré par le passé qu’elle était sanguinaire. Tout le monde connaît l’histoire des Frères musulmans, qui est aussi celle d’Ennahdha.
« Dans ce contexte, nous disons que ce qui se passe en Égypte n’est pas un coup d’État, mais plutôt le résultat de la volonté du peuple et du travail du mouvement Tamarrod égyptien », poursuit le jeune homme, assumant le lien de filiation entre « révoltés » tunisiens et « révoltés » égyptiens. « Morsi a refusé de négocier, comme le lui avait conseillé l’armée. Il a voulu être le président des Frères musulmans, et non pas le président de tous les Égyptiens. C’est ce qui a fait chuter son gouvernement. »
Mais le co-fondateur de Tamarrod reste prudent : « Je ne veux pas projeter la situation tunisienne sur la situation égyptienne, et inversement », insiste-t-il.
« En tout cas, nous nous félicitons de la deuxième révolution égyptienne obtenue par la volonté du peuple égyptien, et nous demandons la bénédiction de Dieu pour tous les martyrs, des deux côtés. Car nous ne voulons pas de sang », déclare-t-il pour finir.
Même discours du côté du Parti des travailleurs (PT), affilié au Front populaire. Najeh Zidi, professeur de mathématiques, arpente la place du Bardo et tente de vendre pour le compte du parti des exemplaires de l’hebdomadaire « Sawt el-Chaâb » (La voix du peuple). Tout comme Assim Gharbi de Tamarrod, il préfère ne pas s’attarder sur les commentaires de la situation en Égypte, pour se concentrer sur la critique du parti au pouvoir Ennahdha. Mais il estime tout de même que « les Frères musulmans ont une responsabilité historique ».
La bataille des mots
Si ce militant s’exprime « à titre personnel », son opinion est semblable à la ligne officielle du parti, ainsi qu’à celle du Front populaire. Le Parti des travailleurs, dans un communiqué daté du 14 août, fait en effet porter la responsabilité originelle de l’explosion de violences survenue en Égypte aux islamistes. Il condamne toutefois « avec force le massacre des manifestants et le viol de la liberté d’expression et de manifestation », ajoutant que « la poursuite des sit-ins des pro Morsi au Caire […] ne pourrait en aucun cas justifier cette barbarie ».
L’utilisation du mot « massacre » par le parti de Hamma Hammami n’est pas un hasard. C’est en effet un terme fort, qui rappelle le vocabulaire présent dans les communiqués des partis de la Troïka : « massacre » pour Ennahdha, « terrible massacre » pour le CPR. Quant au parti du président de l’ANC, Mustapha Ben Jaâfer, Ettakatol, il parle dans un avis urgent publié le 14 août [ar] d’« événements sanglants » et condamne « l’usage des balles par le pouvoir égyptien contre les manifestations pacifiques »
De son côté, l’opposition tunisienne veut donc éviter à tout prix d’avoir l’air de cautionner la violence et le sort réservé par l’armée égyptienne aux Frères musulmans. Car la bataille politique se joue aussi sur les terrain des mots et des symboles.
Ainsi, le 15 août, Nidaa Tounès « condamne fermement le recours à la violence » [ar], tandis que le parti Al Massar (la Voie démocratique et sociale), membre avec le parti de Béji Caïd Essebsi de l’Union pour la Tunisie, « condamne vivement l’escalade vers la violence » en Égypte dans un communiqué publié dans la soirée du 14 août [ar].
Quant au réseau Doustourna, qui soutient le sit-in du Bardo, il « condamne tous les actes de violence et les crimes contre les manifestants pacifiques qui étaient en sit-in et dénonce toutes les atteintes manifestes aux droits de l’Homme quels qu’en soient les auteurs » (communiqué du 14 août [ar]).
Enfin, la puissante Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), s’est elle fendue d’un communiqué le 15 août après réunion de son bureau exécutif élargi [ar], dans lequel elle « exprime son sentiment de tristesse à l’égard de ceux qui sont tombés le 14 août sur les places des sit-in en Égypte et dénonce la violence d’où qu’elle vienne », rejetant « la violence politique comme moyen de règlement des conflits ».
Tirer la « leçon » des violences en Égypte
Refus de la violence et faiblesse de l’armée tunisienne en comparaison avec l’armée égyptienne : l’éventualité d’un « scénario à l’égyptienne » ne semble pas encore menacer la Tunisie. Le secrétaire général de l’UGTT Houcine Abassi a d’ailleurs affirmé dans une interview à l’agence de presse Reuters : « Je ne suis pas le Sissi tunisien ». Et l’on a entendu à plusieurs reprises les responsables politiques et syndicaux de tous bords rappeler les différences fondamentales qui existent entre les situations tunisienne et égyptienne.
Mais cela n’empêche pas les adversaires politiques de tirer des « leçons » de la situation égyptienne pour faire valoir leurs revendications.
« Pour éviter le scénario égyptien, les antagonistes politiques en Tunisie sont appelés à renforcer le dialogue, rejeter le discours belliqueux et s’attacher à la légitimité et à la démocratie », a ainsi déclaré le président de la République Moncef Marzouki dès le mercredi 14 août, dans une intervention à l’occasion de l’ouverture de la Conférence annuelle des chefs de missions diplomatiques et consulaires.
Rached Ghannouchi, le chef du parti Ennahdha, est allé encore plus loin le lendemain matin, en déclarant lors d’une conférence de presse :
Les événements d’Égypte serviront de leçon à ceux qui rêvent de voir un Sissi en Tunisie.
À l’inverse, le Front populaire, dans un communiqué du 15 août [ar], appelle quant à lui Ennahdha « à retenir la leçon égyptienne et à accepter la dissolution de l’ANC et la démission du gouvernement », condamnant « les tentatives d’Ennahdha d’instrumentaliser les événements en Égypte pour terroriser le peuple tunisien ».
L’Egypte a subit le retour en force des membres de l’ancien régime, par ce que l’armée ne fait pas parti de l’état égyptien, elle est un état dans l’état.
L’opposition tunisienne est hors-jeu, et la faible mobilisation depuis un mois en est une preuve.
Ils font semblant de prier devant les tunisiens, ils nous prennent vraiment pour des imbéciles.
Toute la barbarie dans le monde arabe a été pratiquer par des laïcs, jamais les frères musulmans n’ont massacré comme ça. Et je défis quiconque de me trouver un frère musulman qui a fait pire que:
-Ben Ali
-Moubarak
-Bachar
-Kadhafi
et toute la clique laïcarde fasciste.
Quand bien même en Egypte il s’agirait d’un putsch militaire. Quand bien même ce putsch aurait été fomenté avec l’aide des peu reluisants EAU et Arabie Saoudite. Quand bien même ce putsch aurait reçu la bénédiction des anciens apparatchiks et hommes d’affaires égyptiens subitement reconvertis en vertueux opposants pro-démocrates.
Oui, même si ce scénario de complot bien orchestré était rigoureusement exact, soyons sérieux, faire passer les Frères musulmans pour d’innocents et naïfs politiciens œuvrant pour la démocratie et le bien de l’Humanité, c’est comment dire … un peu fort de café !
Qui peut encore être dupe ? Non, l’islamisme n’est pas compatible avec une quelconque idée de démocratie. Ni en Egypte ni en Tunisie ni ailleurs. Et ne le sera jamais.
Islamisme et démocratie sont juste antagonistes. Deux mondes parallèles qui ne se rejoindront jamais.
Et n’en déplaise à tous les VRP de l’islamisme (Ramadan &Cie), qui ont le temps et les moyens d’ergoter et de tromper leur petit monde à l’infini tout en restant bien planqués au chaud dans les démocraties occidentales, la farce a fait son temps. On l’a enfin comprit en Tunisie : rien de bon ne peut venir de cet islamisme d’importation. Ni démocratie, ni liberté, ni paix, ni justice.
C’est une question de temps. On ne se transforme pas après plus d’un demi-siècle de dictature et d’infantilisation politique en ténor de la démocratie sur un coup de baguette magique. Mais une troisième voie semble bel et bien se dessiner en Tunisie. Et elle augure des lendemains meilleurs.
Cette troisième voie est celle des tunisiens et tunisiennes, de toutes catégories sociales, des villes comme des campagnes, qui ont comprit que l’islam politique vouait la Tunisie à l’enfer, et qu’ils n’en voulaient pas.
Cette troisième voie est celle des tunisiens et tunisiennes, de toutes catégories sociales, des villes comme des campagnes, qui ont comprit que l’opposition n’était pas non plus une blanche colombe rompue au jeu démocratique et qu’il faudra l’avoir à l’œil, et ne rien lâcher.
Cette troisième voie prend forme petit à petit. Elle est la voie du bon sens et de la raison.
La voie de ceux et celles qui veulent aller de l’avant. De ceux et celles qui savent qui ils sont et qui n’ont pas besoin que ceux venus d’ailleurs le leur expliquent.
La voie de ceux et celles qui ont comprit que démocratie, liberté, dignité et paix ne viendra pas d’un Homme d’un gouvernement d’un parti, mais d’eux-mêmes. Et qu’ils sauront se faire entendre et l’obtenir.
Avec tes “quand bien” il ya de quoi refaire un monde tu souhaiterai pas aussi remmettre benali et enfermer a nouveau tout les nahdaoui en prison et pis retour a la case depart ce qui se passe en Egypt ne prouve qu’une chose ce que les arabes ne savent pas se comporter civilement: une opposition qui fait son boulot au parlement en critiquant par des debats, et non en esperant un autre soulevement et pourquoi pas me pas remettre Ben Ali au pouvoir?
Mubarak va apparement se faire relacher :http://www.reuters.com/article/2013/08/19/us-egypt-protests-mubarak-lawyer-idUSBRE97I0BO20130819
Cerise sur le gateau !
@Monica
Bonjour,
Vous dites “Non, l’islamisme n’est pas compatible avec une quelconque idée de démocratie”. Pourrait-on inverser et dire “Non, la démocratie n’est pas compatible avec une quelconque idée de l’islamisme”? Si oui, et si, comme vous semblez le suggérer, islamisme équivaut à Islam, c’est que c’est là, dans cette incompatibilité mutuelle, que réside la crise qui prévaut en Tunisie, pays arabo-musulman (mais pas que), je vous le rappelle. Et la responsabilité de cette crise n’incombe pas aux seuls islamistes, mais aussi, et à parts égales, à ceux qui se disent laÏques et modernes et qui, apparemment, n’ont bien digéré ni laïcite, ni modernisme. Sans compter leur haine à peine voilée de l’Islam, haine mal cachée par le subterfuge de l’islamisme. Et c’est cette haine, qui est haine de soi, qui pousse certains de mes “amis”, ceux d’une certaine gauche à laquelle j’avais crue, comme le “camarade” Hamma et quelques autres, à chercher à pactiser, jusqu’à l’épuisement et le suicide, avec le diable.
@Tahar
Bonjour,
Ce que je dis c’est justement que l’islamisme, c’est à dire l’islam politique, n’est pas l’islam. Autant la religion musulmane, l’islam, se vit pleinement en démocratie, autant il n’y a pas de place pour la démocratie dans l’islam politique. Et les Salafistes sont en ce sens les plus honnêtes vu qu’ils le clament haut et fort.
On ne perd pas sa culture, son identité ou sa religion dans une vraies démocraties laÏcs. Bien au contaire, elle nous est garantie par les institutions. Et on gagne en liberté, en dignité humaine, en justice et en paix.
La Tunisie a sa propre culture, sa propre identité, et je trouve d’ailleurs que les accords de la commission des consensus, conclus jeudi, donnent en ce sens un signal très positif.
Le jeune homme Assim Ghabri (je ne suis pas sûr de l’orthographe de ce nom) qui déclare: “Morsi a refusé de négocier, comme le lui avait conseillé l’armée” reflète la manipulation médiatique en Tunisie qui au lieu d’informer répand l’ignorance, soit par le mensonge ou par une sélection des informations qu’elle porte à la connaissance du public. C’est l’héritage que Ben Ali nous a laissé.
Le témoignage du jeune homme contraste avec une déclaration du ministre des affaires étrangères néerlandais Timmermans qui, espérant prévenir un bain de sang, a téléphoné au général Sissi pour lui demander de négocier avec les sit-inneurs. D’après le ministre, le général aurait catégoriquement refusé. D’ailleurs les condamnations plutôt gênées des chefs d’état et de gouvernements occidentaux connus pour leur aversion des islamistes, laissent entrevoir qu’ils savaient que c’était Sissi qui refusait le dialogue. Les médias tunisiens opposés à Ennahdha font leurs contorsions habituelles de désinformation. Ils se gênent par exemple pour rapporter que l’ancien ministre de la guerre israélien Ehud Barak a lancé deux jours avant l’attaque des sit-inneurs par Sissi un appel sur CNN aux gouvernements occidentaux leur demandant d’apporter leur soutien total à Sissi. Il a ajouté qu’Israël ne pouvait pas prendre une position trop franche pour ne pas gêner Sissi. Cet appel a dû être compris par Sissi comme un feu vert pour partir à l’attaque. Seulement les conséquences n’ont pas suivi ce qu’il escomptait. Seule l’Arabie Saoudite avec les Emirats et le Kuwait se sont retrouvés sur la position israélienne. Les déclarations tunisiennes du genre “nous condamnons fermement la violence, quelle que soit sa provenance” sont calquées sur celles des Etats-Unis après chaque agression israélienne contre les palestiniens ou un pays arabe.
L’opinion publique tunisienne reste encore fragile et mal informée, suite aux manipulations de ses médias. Peu de gens ont les moyens techniques, le temps et la capacité rationnelle de chercher et comparer les diverses informations. Les médias mafieux en profitent pour inciter à la sédition des gens traumatisés par des décennies d’une dictature féroce. On leur fait croire qu’insulter le gouvernement et les partis au pouvoir est une façon d’exorciser le retour de la dictature.
Les femmes et les hommes qui ont manifesté pendant plus de cinq semaines ont été présentés comme des “pro-Morsi”, essentiellement membres des Frères Musulmans. Or cette nomination est fausse, réductrice et mensongère : ce sont les médias d’Etat qui répètent ces contre-vérités et 80% des agences de presse occidentales reprennent ces qualificatifs. Or, les manifestants se sont unis sous la bannière des “anti-coup d’Etat” et il y a parmi eux des femmes et des hommes qui n’appartiennent pas aux Frères Musulmans et qui ne sont ni salafistes ni islamistes. Certains sont de jeunes bloggeurs, des laiques et des coptes.
L’Armée égyptienne n’a jamais quitté la scène politique. La préservation de ses intérêts politiques et financiers, de même que ses liens rapprochés avec l’Administration américaine, expliquent sa stratégie de répression. Elle est également certaine que les différentes Administrations occidentales, comme Israël, observent d’un bon œil leur répression massive. La timidité des condamnations occidentales, la nature de l’intervention du Président Barack Obama (s’en tenant à annuler un exercice militaire conjoint, confirmant son soutien financier et soutenant implicitement le Coup d’Etat), puis le matraquage médiatique sont autant de cartes blanches offertes pour terminer le travail de “nettoyage” au gré de l’état d’urgence à nouveau instauré. La répression est loin d’être terminée et la mort, la torture et les emprisonnements massifs participent de l’ avenir de l’Egypte.
Rien de nouveau malheureusement. Les médias d’Etat mentent et répandent des informations manipulées. Vieilles stratégies. L’Armée et la Police affirment agir en légitime défense : ils ont tiré sur les manifestants à balles réelles et le nombre de morts est constamment sous-estimé. Des mosquées ont été brûlées avec, à l’intérieur, les corps des manifestants qui avaient été tués. Il s’agit de faire disparaitre les preuves. D’autres mosquées, comme celle d’al-Iman, ont été encerclées alors que des familles préparaient et pleuraient leurs morts. Pour pouvoir les enterrer, celles-ci devaient signer un document affirmant qu’il s’agissait d’un suicide ou alors post-dater le jour de la mort. Une nouvelle horreur… d’anciennes méthodes. On aurait par ailleurs découvert des caches d’armes, filmées et les images ont été distribuées partout à travers le monde : les stupides manifestants, mal préparés, après six semaines de manifestations et une semaine de menaces d’intervention militaire, n’auraient pas eu le temps de les utiliser. Évidemment. Les Églises brûlées rappellent les méthodes des prédécesseurs d’al-Sissi : diviser le peuple et présenter les “terroristes islamistes” comme opposés aux Coptes. Il s’agit de faire d’une pierre deux coups : justifier la répression et gagner la sympathie de l’Occident. Les anti-coup d’Etat seraient ainsi d’une stupidité accablante : non violents et disciplinés pendant des semaines, et même après le massacre du 8 juillet, puis les voilà agissant soudain dans le sens exact de ce que veulent les militaires, exactement au bon moment. De qui se moque-t-on et de qui se moquent ceux qui font mine de les croire…
La question centrale ici demeure celle de la liberté et de la démocratie pour le peuple égyptien et ce qui se passe en Égypte est une manipulation et une horreur. L’Armée maintient le pays sous son autorité de fer, sa corruption, les exécutions sommaires, les emprisonnements, les tortures et le mensonge d’Etat : elle est soutenue par l’Occident, les États-unis et Israël. C’est la seule vraie réalité et celles et ceux qui, parce qu’ils s’opposent ou haissent les islamistes, soutiennent aujourd’hui les militaires et la police, qui tuent et répriment, devront un jour rendre compte de leurs choix. Ils devront aussi nous livrer leurs analyses et leur programme politique “démocratique” à l’ombre des casernes, au cœur de la corruption, au sein de ce Moyen-Orient déstabilisé, divisé et perdu. Leur reponsabilité est immense au-delà du goût très amer que laisse aujourd’hui leur propos soutenant et justifiant la répression de civils non armés. Très étranges “libéraux”, tristes “progressistes”.
Quand bien même en Egypte il s’agirait d’un putsch militaire. Quand bien même ce putsch aurait été fomenté avec l’aide des peu reluisants EAU et Arabie Saoudite. Quand bien même ce putsch aurait reçu la bénédiction des anciens apparatchiks et hommes d’affaires égyptiens subitement reconvertis en vertueux opposants pro-démocrates.
Oui, même si ce scénario de complot bien orchestré était rigoureusement exact, soyons sérieux, faire passer les Frères musulmans égyptiens pour d’innocents et naïfs politiciens œuvrant pour la démocratie et le bien de l’Humanité, c’est comment dire … un peu fort de café !
Qui peut encore être dupe ? Non, l’islamisme n’est pas compatible avec une quelconque idée de démocratie. Ni en Egypte ni en Tunisie ni ailleurs. Et ne le sera jamais.
Islamisme et démocratie sont juste antagonistes. Deux mondes parallèles qui ne se rejoindront jamais.
Et n’en déplaise à tous les VRP de l’islamisme qui ont le temps et les moyens d’ergoter et de tromper leur petit monde à l’infini tout en restant bien planqués au chaud dans les démocraties occidentales, la farce a fait son temps. On l’a enfin comprit en Tunisie : rien de bon ne peut venir de cet islamisme d’importation. Ni démocratie, ni liberté, ni paix, ni justice.
C’est une question de temps. On ne se transforme pas après plus d’un demi-siècle de dictature et d’infantilisation politique en ténor de la démocratie sur un coup de baguette magique. Mais une troisième voie semble bel et bien se dessiner en Tunisie. Et elle augure des lendemains meilleurs.
Cette troisième voie est celle des tunisiens et tunisiennes, de toutes catégories sociales, des villes comme des campagnes, qui ont comprit que l’islam politique vouait la Tunisie à l’enfer, et qu’ils n’en voulaient pas.
Cette troisième voie est celle des tunisiens et tunisiennes, de toutes catégories sociales, des villes comme des campagnes, qui ont comprit que l’opposition n’était pas non plus une blanche colombe rompue au jeu démocratique et qu’il faudra l’avoir à l’œil, et ne rien lâcher.
Cette troisième voie prend forme petit à petit. Elle est la voie du bon sens et de la raison.
La voie de ceux et celles qui veulent aller de l’avant. De ceux et celles qui savent qui ils sont et qui n’ont pas besoin que ceux venus d’ailleurs le leur expliquent.
La voie de ceux et celles qui ont comprit que démocratie, liberté, dignité et paix ne viendra pas d’un Homme d’un gouvernement d’un parti, mais d’eux-mêmes. Et qu’ils sauront se faire entendre et l’obtenir.
Arrete de faire des copier/coller sans reflechir please . C’est ennuyant comme tout , matraquage debile on en a pas besoin
La fausse idéologie du progressisme et de l’humanisme qui ont mené à la soumission les peuples français, allemand et européen en général,vers la décadence, la lâcheté, le moi je, fait qu’aujourd’hui on a des exemples concrets pour faire face à ces barbares qui massacrent aux noms de ces idées universelles imaginaires.
Le déclin occidental et la montée en puissance des pays émergeants, signera la fin de ces idéologies défendu par une parti de l’opposition et du gouvernement.
Le ministre allemand des affaires étrangères vient en Tunisie, et comme par magie une parti de l’opposition ne revendique plus la dissolution de l’ANC. Drôle de pirouette, mais qui montre à quel point le complexe d’infériorité et la soumission à des idéaux étranger est encore forte malgré le déclin.
@Fathi
Les tunisiens n’ont pas besoin de
vous pour savoir si on les manipule ou
pas!
Sachez que le peuple tunisien en a
marre des gens comme vous.
Vous avez perdu une occasion de vous
taire.
Ce qui est sûre c’est qu’Ennahda doit
DEGAGER!!!!
@Fathi
heureusement que vous êtes là pour éclairer les gens qui n’ont pas les capacités rationnels. je pense que vous êtes gracieusement rétribué pour vos interventions mais merci quand même.
“nous condamnons fermement la violence, quelle que soit sa provenance” cela ne vous rappelle pas les positions d’ennahdha à chaque fois que les LPR ou salafistes sont impliqués dans des affaires de violence ?
@ FATHI
C’est malheuresement vrai ce que tu dit. Mais il y aura toujours les mauvais perdants et les ancien chouchoute de l’ancien pouvoir qui hijack certain mouvement comme Al tamarrod pour essayer des destabiliser et re-prendre le pouvoir.
instrumentalisation d’un assassinat politique
ceux qui organisent ces sit-in et qui représentent ensemble à peine 5% des votes exprimés, voire moins, à la dernière élection (la première élection libre et transparente de la Tunisie libérée) (hamma alhammami n’a eu lui avec son parti ouvrier communiste AUCUN DEPUTE, malgré le respect pour son militantisme ancien) instrumentalisent un assassinat politique pour destabiliser le pays… ils finissent par avoir les mêmes objectifs que le terroriste et ses commanditaires qui ont perpétré le meurtre…
@fayçal. Vous savez que plus un tambour est creux, plus il fait de bruit. En Tunisie c’est justement pour détourner l’attention de leurs têtes vides que ces énergumènes font tout ce tapage au grand plaisir des médias car c’est la chose la plus facile à rapporter. Ça ne demande pas beaucoup d’intelligence.
@choukrov,
Vous souhaitez qu’ennahda degage ? Et bien gagnez aux prochaines élections. Apprennez ce qu’est l’alternance démocratique. Les laicards donnent de belles leçons de démocratie et de tolérance mais il suffit qu’ils perdent une élection et ils se retrouvent avec l’écume aux lèvres. On l’a vu en Turquie, en Egypte et on voit qu’ils souhaitent créer les mêmes problèmes en Tunisie…
@ Sanzo
Tres bien dit