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Deux opérations antiterroristes en une semaine ne sont pas sans répercussions politiques. Le coup de filet de samedi à dimanche à Borj Louzir a convaincu les plus sceptiques de la réalité d’une guerre aussi obscure qu’impitoyable.

Interrogé à propos de la paternité de ce que certains appellent déjà le premier succès de son gouvernement, Mehdi Jomâa répond que « tout le mérite en revient aux forces de sécurité ».

Humble et laconique, la formule anticipe l’inévitable crédit politique de l’opinion publique à une équipe perçue comme discrète et efficace en matière de lutte antiterroriste, d’autant que ses prédécesseurs ont souffert d’un procès d’intention en laxisme.

Pour Lotfi Ben Jeddou qui voit son maintien à l’Intérieur justifié a posteriori, il n’y a pourtant aucune rupture avec l’ère qui précède, celle de son mandat sous Larayedh, les efforts en matière de renseignement ne donnant leurs fruits qu’aujourd’hui.

Pour le turbulent Walid Zarrouk, rien n’aurait changé non plus, sauf que le syndicaliste des forces de l’ordre martèle sur les réseaux sociaux que l’appareil sécuritaire est toujours dominé par des éléments infiltrés pro Ennahdha qui tenteraient selon lui d’éliminer les gros poissons au lieu de les capturer vivants.

Au-delà de son caractère en l’occurrence complotiste et d’un devoir de réserve bafoué, la politisation d’une partie des syndicats des forces de l’ordre amène son lot de problématiques d’ordre éthique et logistique. En pleine intervention d’un commando de la BAT, des informations sensibles sont ébruitées en temps réel lorsqu’un agent est plus soucieux de sa propre starification que du dénouement d’opérations à risque.

L’arrestation d’Ahmed Melki, dit “le Somalien”, devrait lever une part d’opacité autour d’un volet qui attise toutes sortes de fantasmes, au gré des rafales d’armes automatiques devenues banales en milieu urbain.

Crédit photo Seif Soudani

L’extrême gauche et la tradition carnavalesque

Entre-temps, comme dépassée par les évènements, l’extrême gauche vaque à ses commémorations festives.

Jeudi 6 février, Place Chokri Belaïd à el Menzah, si l’émotion est intacte côté famille du martyr, la mobilisation est en deçà des espérances des organisateurs lors d’une conférence de presse qui à défaut de faire le point sur l’enquête se focalise sur l’internationalisation du dossier.

Si elle salue la volonté politique d’en découdre avec le terrorisme, Besma Khalfaoui admet que la loi du Talion « ne sert pas la cause de la vérité », une façon de critiquer l’approche éradicatrice du rentre-dedans.

Que cela soit intentionnel ou le fruit du hasard, en intervenant la veille du premier anniversaire de l’assassinat, le ministère de l’Intérieur a de facto coupé l’herbe sous les pieds de l’IRVA qui tablait sur un important élan populaire.

A Tunis, des passants regrettent que les commémorations tournent à une sorte de fête de l’Huma, Avenue Bourguiba. L’indécence est en revanche indiscutable lorsque le concert hommage final au Palais des sports d’el Menzah tourne au pugilat, des rixes ayant opposé plusieurs groupes de spectateurs et de militants samedi soir.

Aéroport Tunis-Carthage, le 7 février 2014

Marzouki, toujours en quête d’une légitimité internationale

Avec 6 chefs d’Etat et des dizaines de délégations étrangères conviées à la session extraordinaire de l’Assemblée constituante, la présidence de la République tenait vendredi « sa » célébration de la promulgation du Doustour.

Politiquement, le « move » n’est pas dénué de malice, en prenant à témoin de grandes puissances dont la France de François Hollande qui ne rechigne pas à se prêter au jeu en validant cette réussite de la transition. Un geste qui consacre aussi l’amitié personnelle des deux présidents.

La messe est cependant entachée par un incident diplomatique aux allures de jeu de rôle entre l’Iran et les Etats-Unis. A trop vouloir cultiver l’esprit Mandela des poignées de mains tous azimuts, Moncef Marzouki a-t-il commis une erreur en invitant Ali Larijani ?

Le gouvernement iranien ne pouvait qu’être tenté de perturber ce baptême en utilisant l’obsessionnel hors-sujet de l’antisionisme. Le pouvoir iranien, qui a fait avorter une révolution en 2009, œuvre depuis 2011 au maintien coûte que coûte du régime aux abois de Bachar al Assad.

Pour ces raisons et d’autres encore liées au religieux (hostilité à l’islam politique sunnite), l’Iran ne voit pas d’un bon œil les révolutions arabes. Ni la position officielle pro révolutions en 2011, ni la détente feinte avec les Etats-Unis en 2013 ne changent quelque chose à cette réalité.

Des destouriens sans-gêne

La semaine fut chargée en actualité destourienne, avec un autre « event » chahuté : un séminaire sur la réconciliation nationale, Palais des Congrès, qui enregistre le retrait d’Ahmed Mestiri en pleine démonstration d’insolence des nostalgiques destouriens.

Ces derniers ont en effet salué à la tribune « les acquis de la Tunisie de l’avant 14 janvier 2011 », et ce en présence de figures telles que Bechir Takkari qui peut parader, épargné par la justice.

L’Histoire retiendra par ailleurs que le 9 février 2014, Mohamed Ennaceur rejoint le parti de Caïd Essebsi dans lequel il est bombardé vice-président.

Enfin une « compétence indépendante » qui n’a pas peur d’afficher ses convictions politiques…