La grève de la faim des familles des martyrs et des blessés de la révolution continue « jusqu’à la mort »

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Passé le cinquième jour de jeûne, le Comité de suivi et de coordination de la grève de la faim des familles des Martyrs et des Blessés de la Révolution a tenu une conférence de presse, ce lundi 28 avril 2014, au local de la Coordination Nationale Indépendante de la justice transitionnelle, pour interpeler la société civile.

Pour rappel, le 12 avril dernier, la Cours d’Appel Militaire prononçait un verdict, fortement, « allégé », dans l’affaire des martyrs et blessés avec des jugements, contre les principales figures du système de l’ancien régime, à savoir Ali Seriati, Rafik Haj Kacem, et de hauts responsables du ministère de l’Intérieur. Depuis l’annonce de la sentence, les familles des martyrs et des blessés, ainsi que leurs avocats enchaînent les actions de protestation.

Prolongeant le slogan, scandé après le 11 janvier 2011, « de l’eau et du pain et Ben Ali point ! », les grévistes ont clamé  « de l’eau et du pain et l’impunité point ! » en signe de protestation, « jusqu’à la mort », contre les injustices subies par les familles des martyrs et des blessés. Celle-ci ne revendiquant pas de dédommagement matériel, mais insistent, depuis trois ans, pour que la vérité soit faite sur les violences du 14 Janvier 2011.

« Depuis deux ans, nous n’avons pas arrêté de protester contre l’attitude du tribunal militaire. Nous avons prévenu que ce tribunal ne sera pas équitable dans ses jugements, mais nos cris de protestation sont tombés, systématiquement, dans de sourdes oreilles », rappelle Ali Mekki, président de l’association « Lan Nansekom » (Nous ne vous oublierons pas), et l’un des grévistes de la faim.

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Les demandes des grévistes se résument dans les trois points suivants :

  • ouvrir une enquête sur le déroulement des procès afin d’identifier les responsabilités de chacun, dans ce que le comité appelle un « marché conclut entre les deux ministères de l’Intérieur et de la Défense ».
  • interdire les accusés dans l’affaire des martyrs et blessés de la révolution de quitter le pays, et cela par l’amendement du code des procédures militaires, afin de permettre d’arrêter l’exécution des jugements prononcés.
  • retirer tous les dossiers et affaires civiles y compris principalement celle des martyrs et blessés de la révolution du tribunal militaire.

Les grévistes ont précisé qu’aucun responsable de l’Etat n’a encore contacté le comité afin de négocier un compromis ou d’avoir des nouvelles de leur état de santé. La majorité étant des parents de martyrs et leur nombre est en train d’augmenter. Certains sont âgés et souffrent de maladies chroniques, ce qui met leur vie en danger.

Lors du point de presse, des parents des martyrs ont pris la parole pour exprimer leur sentiment d’injustice et de colère envers les jugements prononcés par la Cour d’appel militaire. Najet Jemli, mère du martyr Marouen Jemli, premier martyr à Thala, a ému la salle par ses pleurs étouffés en déclarant :

On a tué mon fils trois fois, la première fois, le 8 janvier 2011 par balles, la deuxième fois, quand ils ont épluché sa dépouille pour l’autopsie, et la troisième, le 12 avril, dans l’enceinte du tribunal militaire, quand ils ont libéré les coupables et nous ont traité de criminels.

Ali Mekki a lancé un appel, à travers la conférence de presse, aux forces vives de la Tunisie pour soutenir les familles des martyrs et des blessés dans leur grève de la faim. « La grève est ouverte à tous les tunisiens convaincus de la cause. Même une seule journée de jeûne serait suffisante pour les soutenir moralement », affirme l’activiste.

L’optimisme n’est pas de mise pour les membres du comité de suivi et de coordination de la grève de la faim, quant à la suite de l’affaire. Cependant, il n’est pas question pour eux de lâcher prise. Rappelons que plusieurs rassemblements ont eu lieu, les derniers jours, dans différentes régions pour soutenir leur cause et dénoncer l’impunité.

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